En vélo au Danemark - 5ème édition des Voyages avec ma Fille.
Publié le 4 Octobre 2017
Septembre, pas forcément le meilleur moment de l'année pour partir vers des îles du Septentrion. Mais la pluie et le vent ne font pas peur à ma fille. Sans mauvais jeu de mots, on pourrait même dire qu'elle s'y sent 'comme un poisson dans l'eau'.
Cette fois ce sera le Danemark, ou tout du moins un chapelet d'îles situées à l'est de la péninsule du Jutland... Als, Fyn, Tasinge, Sio, Langeland, Lolland, Falster, Bogo, Mon et Sjaelland... îles reliées entre elles par ferries ou par digues.. offrant au cyclo une magnifique variété de paysages, de rencontres, d'expériences... le musée Viking de Roskilde étant l'objectif final..
Mais s'éloigner un peu de la 'Mère Patrie' pour explorer des horizons nouveaux en vélo requiert recherches, organisation et beaucoup de patience.
'Recherches' et 'organisation' pour planifier un parcours intéressant, des étapes raisonnables, des hébergements abordables et originaux...
'Patience' car "l'approche", au-delà de sa préparation, se déroule rarement de la manière qui avait été prévue à l'origine...
Ce voyage, a, une fois encore, confirmé ce point.
Aller : le trajet initial était simple et les billets de train organisés et achetés dès l'ouverture de la vente (pour assurer les places vélo dans les wagons...).
L'itinéraire serait Paris - Strasbourg en TGV; Strasbourg - Offenburg (Allemagne) en vélo. Nuitée à Offenburg. Le lendemain, Offenbourg - Flensburg (frontière danoise) en quatre trains (Offenburg - Karlsruhe; Karlsruhe - Mainz; Mainz - Hamburg Hbf; Hamburg Hbf - Flensburg). J'avais prévu des correspondances suffisamment longues pour éviter les tensions de changement de quai entre les trains.
Retour : le retour s'annonçait plus simple encore, car partant de Flensburg le matin, on devait arriver à Paris vers minuit. (Flensburg - Hamburg Hbf; Hamburg Hbf - Karlsruhe; Karlsruhe - Offenburg; Offenburg - Strasbourg; Strasbourg - Paris.... Seulement 5 trains, sans stress..
La réalité fut tout autre...
Quelques jours avant le départ, Deutsche Bahn -les Chemins de fer allemands- envoient une circulaire, avisant les clients ayant acheté leurs billets en ligne, que la voie entre Offenburg et Karlsruhe était coupée suite à l'effondrement d'un tunnel en construction... "Please contact customer service..."
Essais multiples, tous infructueux... Résultat : réagir en trouvant une autre façon de nous rendre à Karlsruhe, qui devenait par la force des choses, le point de départ de notre voyage "Allemand".
Il n'y avait pas cinquante solutions : le nouveau trajet vers Karlsruhe, au départ de Strasbourg, devenait : Strasbourg - Lauterbourg; Lauterbourg - Wörth am Rhein; Wörth - Karlsruhe... Idem pour le retour.. Nuitée Offenburg annulée et nouvelle résa à Karlsruhe pour cette première nuit.. Coûts supplémentaires à se faire rembourser par DB.....
Le départ de Paris-Est se fait sans problèmes, en milieu d'après midi. Un employé SNCF suspicieux appose malgré tout un coup de tampon dans nos carnets en le masquant à moitié... Qu'avait-il à cacher ? Résultat, on a un beau "Gare de l'Est" avec la moitié de la ligne du dessous..
Surprise, on est 4 vélos dans la bétaillère.. un peu serrés mais selon le contrôleur, on peut en mettre 6 !! La conversation s'engage avec les deux cyclistes allemands qui rentraient d'Irlande. On ne voit pas les deux heures passer..
A Strasbourg, on découvre, contrairement à ce que j'ai pu écrire lors d'autres passages, qu'il y a bien un ascenseur pour vélos (chargés), situé tout en bout de quai. J'en profite pour faire un Méa Culpa suite aux commentaires désobligeants que j'avais faits à l'encontre de la compagnie nationale, concernant cette gare... Dommage que cet ascenseur ne soit pas très bien indiqué.
Le trajet vers Lauterbourg est sans problèmes. On passe une série de villes en '-heim' ou en '-sheim'. A 20h30 il fait nuit sur les quais en graviers herbeux de la gare de triage et on ne se bouscule pas au bout de la France. Manquait plus que les 'tumbleweeds' des Westerns américains..
La seule compagnie est une voix monotone débitant de temps à autre des infos SNCF, et le clignotement glauque des panneaux affichant les trains à l'arrivée et au départ.
La connexion arrive pour Wörth, petit train DB parfaitement équipé pour le transport de vélos.
A Wörth, très peu de temps pour effectuer le changement mais tout se passe bien et le dernier trajet vers Karlsruhe se fait en quelques minutes, en compagnie d'une famille allemande rentrant avec enfants et vélos de Bretagne où ils avaient passé leurs vacances. Bien évidemment la conversation s'engage et le temps file très vite.
A l'arrivée, habitant à côté, ils nous conduisent directement à l'hôtel. Sympa !
Installation à l'hôtel, vélos sécurisés dans la buanderie, extinction rapide des feux après cette première journée de 4 trains, riche en rencontres mais affichant seulement 6 km au compteur..
5 septembre : Karlsruhe - Flensburg...une très longue journée de train.
Après un petit déjeuner sérieux on met en route vers la gare en passant par le jardin zoologique où les éléphants étaient eux aussi au casse-croûte du matin.
Le train de Mainz est déjà en gare et on enfourne les vélos dans le wagon parfaitement équipé pour..
On arrive à Mainz bien à temps pour un transfert sur le même quai.
Le wagon à vélos est indiqué en tête de train. A l'arrivée de celui-ci, ne l'y trouvant pas, un jeune qui l'attendait comme nous est informé par le contrôleur que c'est en queue que ça se passe et que l'on devra charger les vélos dans un wagon passagers standard réservé à cet effet.
Course folle tout le long du train.. Sacoches littéralement jetées sur la plateforme, reprises et stockées par la contrôleuse ; les vélos sont chargés à toute vitesse et c'est le départ.
Les montures sont ensuite reprises et positionnées dans l'allée centrale en ordre de gare de descente... Pagaille max. mais finalement tout rentre dans l'ordre et on s'installe enfin à nos places !
Gare après gare on faisait avancer les vélos dans l'allée centrale. Les nôtres seront les derniers à descendre, à Hambourg Hbf.
Le très long trajet passe successivement par Koblenz, Bonn, Köln, Solingen, Wuppertal, Hagen, Dortmund, Münster, Osnabrûck, Bremen, Hamburg Harburg pour terminer finalement à Hamburg Hbf...
A Münster un problème technique immobilise le train pendant 15/20 minutes. Notre 'tampon' confortable pour le changement à Hamburg fondait d'un seul coup...
A Brême on recule nos vélos -les derniers- jusqu'à la plateforme arrière et on aligne les sacs, prêts à sauter sur le quai dès l'arrêt du train à Hamburg. On a seulement sept minutes pour décharger, rebâter, courir à l'ascenseur, attendre notre tour, monter et redescendre sur un autre quai et sauter dans le dernier train. Bon exercice de cardio après une journée passée assis à regarder défiler les paysages et les gares qui bordent le Rhin, mais un peu stressant quand-même..
Installés dans le train pour Flensburg on se félicite de l'exploit...pour déchanter 20 km plus loin à cause d'un énergumène sur les voies, qui bloque le train pendant 40 minutes.
Je disais à Jenny que not' repas de bière/saucisse à Flensburg semblait compromis..et que ça se terminerait probablement chez le Turc du coin. Ça n'a pas loupé, c'était le seul ouvert !
Le kebab vite expédié on parcourt les derniers kilomètres dans la ville endormie, cherchant notre chemin à chaque intersection.
Notre hôte nous avait donné la marche à suivre pour récupérer les clés. Seul hic, une famille de Norvégiens était arrivée avant nous et s'était trompé de chambres.. Un coup de fil au logeur nous octroie les appartements que la famille aurait dû occuper.
A 22h30, après la journée que venions de vivre, pas question de faire des histoires, d'autant plus qu'en fin de compte, on gagnait au change, nos chambres étant plus spacieuses et mieux équipées que celle que Jenny avait réservées.
6 septembre : Flensburg - Strand Huset (à l'est de Sonderborg)
A 9h00 on met en route direction la Grosse Strasse pour un petit déjeuner chez Migge's Danish Bakery, le meilleur boulanger-pâtissier de la ville. Deux cafés accompagnés de deux "sucrances" et les cyclistes étaient requinqués, fins prêts à affronter la météo qui ne s'annonçait pas particulièrement clémente...
La sortie de Flensburg se fait en longeant le Flensburger fjord vers le nord/nord-est.
D'abord en ville, le long du port historique où plusieurs vieux voiliers semblent amarrés à demeure, puis à travers une zone d'activités maritimes, pour enfin déboucher sur des chemins bordés par des grands hêtres, longeant les plages qui s'étendent jusqu'à la frontière du Danemark, à quelques kilomètres du centre ville. Durant ce court trajet on aura l'occasion de goûter aux premières des nombreuses averses qui nous attendaient.
La frontière avec le Danemark est assez déroutante : un simple petit pont en bois, enjambant un étroit chenal menant à une mini marina à l'arrière.
Un vieux poteau peint en jaune et en noir, se dressant au milieu des arbres sur le bord du chemin, un petit cabanon de chaque côté du pont, et c'est tout. On s'attendait au panneau bleu à étoiles.. Il paraît que la position de la frontière a été décidée par les populations locales... Le panneau officiel, on le verra le dernier jour, sur la route principale..
La piste longe la côte. Graves-ciment bien compacté, mais gras tout de même à cause de la pluie, tantôt à découvert, tantôt en sous bois. Hêtres partout. C'est très beau !
La pluie nous accompagne 'on and off' tout le long de la route. A Kollund on s'abrite au Yacht Club. Un bout de route côtière un peu plus passante et c'est Egernsund
Passé le pont, la véloroute nous mène à travers la campagne. A côté de Skodbol, passage le long d'une ferme où des centaines d'oies attendaient patiemment de passer à la casserole..
Peu avant Dybbol, la piste N° 8, que nous suivrons pendant de nombreux kilomètres, passe devant un ancien transformateur électrique qu'une association locale a restauré en abri pour cyclistes de passage.
Heureuse idée dont nous avons profité. Sommairement 'meublé' d'une banquette et d'une chaise, le petit abri exigu est équipé d'une tablette sur laquelle un livre d'or permet de consigner quelques mots. Un petit bouquet de dahlias égayait le local blanchi à la chaux. Un pèle-mêle de photos expliquait les travaux entrepris.
Dybbol. Un beau moulin coiffe une colline où l'armée danoise, les yeux plus gros que le ventre, a pris une sévère raclée par les Allemands, en 1864... Histoire de revendications territoriales qui ont mal tourné.
Sonderborg est en bas de la côte, s'étalant de part et d'autre de l'Alssund. Maisons colorées, petit port. Voiliers, Château... On ne traîne pas, car notre B & B est encore à une dizaine de kilomètres et le logeur nous y attend pour nous remettre les clés.
Ici, comme dans plusieurs autres Chambres d'hôte que nous avons fréquentées, les propriétaires n'habitent pas la maison. Ils remettent les clés, donnent les consignes, se font payer et disparaissent, faisant entièrement confiance à leurs locataires. On n'y est pas habitués mais on s'y fait rapidement. Seul hic, le petit déjeuner est 'do it yourself'...ce qui nous oblige à prévoir ou alternativement, à le prendre dans une boulangerie.
Les derniers kilomètres se font sur une piste magnifique, longeant la côte parmi les grands hêtres. La maison est complètement perdue au fond des bois, mais en même temps offre une vue panoramique sur la mer toute proche. A la belle saison l'endroit doit être magique.
Seul désavantage de notre B & B : il faudra repartir en ville pour dîner, cette fois en empruntant la belle piste cyclable en site propre, qui longe la route de Sonderborg à Horuphav, située à quelques centaines de mètres de la maison.
Déjà l'odeur des feux de cheminée se répand dans les rues des villages traversés.. L'été est fini dans ce coin du monde.
Le snack de midi était loin. Les cyclistes avaient faim. Pour Jenny, plus raisonnable, ce sera du poisson. Pour moi, une solide portion du plat préféré du Roi Frédéric, sorte de goulache légèrement relevée, servie avec frites et pommes vapeur.
Un demi à € 7 (les alcools sont très chers au Danemark) aidera à la digestion de cette spécialité maison.
Le repas fini, on reprend la route par une nuit noire, sans étoiles ni lune, pour retrouver notre B&B au fond des bois, contents et satisfaits de la journée, même si la météo nous avait parfois compliqué l'avancement.
7 septembre : Strand Huset - Faaborg
Belle météo ce matin. Ciel de traîne mais le soleil est là. Quelle différence !
Après avoir dormi comme des loirs, on rassemble ce qui était épars dans la maison : affaires diverses, chaussures, sacoches, habits de pluie, linge qui sèche etc...
Compte tenu de l'expérience d'hier, je passe un bon moment à régler les freins Magura de Jenny, les patins étant positionnés trop près de la jante. Avec la pluie et le sable ça faisait toile émeri gros grain. Mauvais pour les jantes et les patins tout neufs !
A dix heures l'affaire est terminée et on met en route.
Arrêt dans une supérette à l'entrée de Horuphav pour prendre le petit déjeuner qui commençait à nous manquer. Une table de pique-nique dans la section jardinerie nous fera l'affaire. En plus, il faisait beau, que demander de plus ?
Remise en route à travers une campagne magnifique sur petites routes, sans autre circulation qu'un occasionnel tracteur agricole. Beaux villages avec tout de même de nombreuses maisons à vendre... Eglises blanches, bouleaux, champs vallonnés.. La route est souvent bordée de hautes haies formant une voûte verte. Du côté du village d'Asserballe, on ramasse des pommes d'août tombées sur le bord de la route.
L'itinéraire de la piste N° 8 nous conduit progressivement vers Fynshav, où l'on attend le ferry de 14h00 qui nous mènera vers l'île de Fyn. Bonne discussion avec un jeune Allemand, étudiant ingénieur à Aix la Chapelle, cycliste comme nous mais moins chargé...
Passage à Horne où un arrêt s'impose pour visiter la très surprenante église luthérienne avec son dôme en zinc, sa musique, son chœur, son bateau suspendu et son labyrinthe... Étonnant de simplicité.
Derniers coups de pédale vers Faaborg pendant lesquels on n'échappe pas à l'unique averse de la journée. Après un rapide tour en ville on se dirige vers notre B&B au moulin de Grubbe Molle, situé à environ 3 km du centre.
Si Grubbe Molle est un lieu étonnant, ses propriétaires le sont davantage encore.... La propriété est tenue par un vieux couple d'agriculteurs qui ont loué leur terre pour se consacrer entièrement au moulin à vent qu'ils ont restauré et à la remise en état du moulin à eau attenant à la ferme. L'énergie et la passion de Niels Erik Jerverlund sont magnifiques. L'homme, malgré son âge avancé, est bouillonnant de projets qu'il nous explique, dans un Anglais parfois difficile à saisir, et qu'il compte mener à bien.
Les chambres d'hôte sont d'un autre temps mais le lieu est chaleureux et accueillant.
Les Danois dînant de bonne heure, nous débâtons les vélos et refilons en ville à temps pour admirer un coucher de soleil qui explose les couleurs des maisons du port.
La carte du restaurant Heimdal nous convient. La décoration intérieure, l'accueil et la nourriture sont superbes. Le repas fini on se décide de faire un rapide tour des vieilles rues avant de rentrer au moulin.
Le soleil traîne sur les parties hautes des vieilles maisons du centre, juste assez pour nous permettre d'en apprécier la beauté. Ruelles étroites, venelles, roses trémières, maisons pastel...faudra que l'on revienne demain...
Surprise, on rencontre le veilleur de nuit faisant sa ronde, homme jovial, prêt à nous raconter plein de choses sur sa ville. Malheureusement il faut y aller...
Le retour au moulin se fait sous les dernières lueurs du jour, un jour magnifique à tous points de vue...que l'averse de la soirée n'a pas réussi à gâcher ...
8 septembre : Faaborg - Thuro
Réveillé très tôt par la pluie qui goûtait du toit sur une tôle... Véritable supplice chinois car c'était intermittent.. Rendormi, mais en morse avec plus de points que de tirets.. Au lever, ciel sur la cime des arbres et crachin breton..
Magnifique petit déjeuner servi par l'épouse de notre vieux "meunier" dans la salle à manger familiale remplie de photos et de souvenirs accumulés durant leur longue vie commune.
Niels Erik, le patron 100 000 volts, nous propose une visite du moulin, mais il fallait faire vite car il devait partir aux obsèques d'un ami à 10h00. Le vieil homme, passionné par son moulin, nous en explique les rudiments à 100 km/h puis me demande de l'aider à le mettre en route en libérant le frein qui bloquait la rotation des ailes.
Lentement la machine se met en route puis prend de la vitesse. Les énormes ailes tournent, face au vent entraînant la multitude d'axes et de pignons dans un fracas assourdissant.
Notre hôte nous montre tous les étages, nous expliquant, tous les trois à quatre pattes, tout en haut du moulin, comment fonctionne la petite hélice qui positionne la tourelle et les ailes face au vent. Démultiplications impressionnantes... Cent tours de la petite hélice ne déplacent la tourelle que de quelques centimètres..
On aurait passé des heures à écouter, à apprendre, mais tout comme lui, on devait mettre en route.
Les ailes bloquées, le moulin fermé, Niels Erik trouve quand même le temps de nous faire découvrir sa ferme aux 24 paons. Étables, machines, outillage, jardins, hangars. Tout y passe !
Les ânes sont bâtés et on met en route vers Faaborg sous une pluie froide et pénétrante qui ne nous lâchera pas de la journée.
La visite que l'on avait planifiée hier soir se réduit à un passage à l'Office du Tourisme et dans deux ou trois ruelles, histoire de retrouver la sortie de la ville. Dix kilomètres sur le bord d'une route passante, (la 44), aspergés à chaque passage de voiture, chahutés par le vent qui nous vient de la droite. On s'abrite sous un saule en croyant que ça allait s'améliorer, mais au bout d'un certain temps on reprend la route, dépités.
A l'intersection avec la route de Nab, on se retrouve sur une petite voie plus calme, menant vers le village et sa plage... A Dybskrog, arrêt à la sortie du hameau pour un repas réduit à sa plus simple expression : un reste de pain, des fruits secs et des barres de céréales.. On pensait trouver mieux en route...
La route passe sur une petite digue bordée de roseaux et de petits arbres, enfermant le fjord à l'arrière et continue à travers la campagne sous une pluie ininterrompue. Le vent du sud lève des vagues sur la mer toute proche.
La confiance règne partout. Cueillez vos fleurs et déposez l'argent dans une petite boite en plastique...
La route jusqu'à Svendborg longe la côte. C'est d'abord Rantzausminde (à vos souhaits..) puis le port de Svendborg et ses entrepôts. La véloroute continue sur un chemin étroit à ras de l'eau, qui mène à la digue reliant Thuro à Fyn. Fin de parcours bien mouillée...
On trouve notre B&B après avoir dû téléphoner à la logeuse. La maison se trouvait au fond d'une allée et ne se voyait pas de la rue. La tenancière nous conseille de dîner sans tarder, car les cuisines de l'unique pub du village ferment de bonne heure.
Cela nous convient parfaitement car le repas de midi avait été très frugal. Le petit bistro est un repaire de buveurs de bière. Ça parle fort mais comme on ne comprend rien à la langue de Vikings cela ne nous dérange pas..
Un égaré alcoolisé étudie la machine à sous et y laisse une coquette somme sans pour autant réussir à aligner les '7', les 'étoiles' ou même les 'cerises'. Rien n'en sort !
Pourtant, entre deux bières, il lui parlait à la machine et semblait maîtriser l'affaire..
Le morceau de bœuf 'pur cuir' avalé, on passe au Spar acheter un petit dessert et reconstituer la cantine.
La journée avait été rude mais les cyclistes en avaient vu d'autres !
9 septembre : Thuro - Nakskov
Départ de la B&B après le petit déjeuner préparé par notre logeuse (qui n'habitait pas la maison..). Direction Grasten, à 5 km, pour prendre le ferry pour Valdemars Slot, une 'traversée' de 10 minutes. Ciel relativement clair au départ du B&B mais qui s'assombrit et se perce une dizaine de minutes avant l'embarquement... Le restant de la journée sera essentiellement pluvieux. Encore de nombreuses maisons à vendre...
L'embarquement sur le petit vapeur "Helge" est folklorique. Les vélos sont attachés à une main-courante à l'aide de deux sandows plutôt faiblards. C'est que ça doit suffire..
Un groupe d'hommes et de femmes occupe l'avant du bateau, canettes de bière à la main.. Un accordéoniste, coiffé de la casquette du capitaine, anime la fine équipe. On chante. Les bouteilles de schnaps, les bières et autres alcools sont stockées dans une valise à roulettes et dans des cageots. Un 'maître des cérémonies' est même équipé d'une large ceinture porte-bouteilles et porte-verres... Tout le monde était déjà très gai.
Débarquement au Château de Valdemar. La joyeuse équipe emporte valise et casiers, nous proposant même, à Jenny et à moi, un p'tit gorgeon, histoire de nous réchauffer...
Les habits de pluie deviennent un "must". Ce n'est qu'en fin d'après-midi que l'on pourra s'en passer...
A la sortie du domaine du Château on découvre un arbre remarquable. Le chêne 'Ambrosius', au fût de 7m30 de circonférence aurait été planté là en 1600 ! L'arbre est magnifique, ses courtes branches massives. On ramasse quelques feuilles et un gland ou deux : ce n'est pas tous les jours que l'on côtoie un "être" si vénérable qui a survécu à la folie de l'homme depuis quatre siècles !
La véloroute nous mène à travers de magnifiques forêts de hêtres puis en campagne bien détrempée. On aborde la digue reliant l'île de Tasinge à la petite Sio sous un beau déluge. La piste en bitume, très récemment refaite, fume encore.. Un pont très haut assure la liaison Sio Rudkobing, ville "d'entrée" sur l’île de Langeland. Comme son nom l'indique, c'est une très longue et étroite bande de terre (orientée nord-est/sud-ouest) essentiellement agricole et touristique.
L'île n'est pas très large. Malgré tout on est heureux que la piste quitte l'axe principal qui la traverse pour rejoindre le port de Spodsbjerg, Pour nous ce seront de petites routes agricoles sans circulation, loin du bruit de la "9".
Le ferry est à quai...départ dans 6 minutes ! Les préposés nous rassurent : ils nous attendront, le temps d'acheter les billets.
On apprécie la chaleur de la cabine/cafétéria ! Enfin un coin au sec ! On peut déballer nos sandwiches. Il est tout de même pas loin de 14h30 !
La traversée ne dure que 45 minutes. C'est bien, mais pas assez long pour sécher nos habits de pluie...
Heureusement, de l'autre côté, à Tars, la pluie cesse progressivement. Les derniers kilomètres vers le camping de Nakskov se font sur chemins de cendrée bien trempée. Les vélos souffrent, les cyclistes aussi car ça 'colle' aux roues.
Le superbe Nakskov Fjord Camping, bien indiqué, est vite rejoint. Jenny y a loué un petit bungalow en bois, sympa et bien agencé. On en profite pour nettoyer sacoches et vélos et leur mettre un coup de graisse.. Je pense qu'ils ont apprécié l'attention !
Dîner au restaurant d'à côté, face à la mer. Quel bonheur de pouvoir manger assis, au sec, au chaud !
Dure journée, mais quels souvenirs... et le coucher du soleil n'en était pas un des moindres !
10 septembre : Nakskov - Nykobing Falster - BEAU TEMPS !!!!
Bien que levés de bon heure pour "réceptionner" notre petit déjeuner au bureau du camping, on n'arrive pas à mettre en route... Il est pas loin de 11h00 du matin quand Jenny sort du Netto avec les achats du pique-nique !
Entre temps je m'étais fait confirmer par des clients que j'avais bien localisé la route que l'on devait prendre pour sortir de la ville.
Toujours le même problème de signalétique des véloroutes en ville.... Il suffit de louper un panneau à un carrefour et c'est la galère !
A Halsted le marquage de la véloroute est ambigu et bien évidemment on fait le mauvais choix. Résultat, 5 km sur le bord de la "9" bien passante avant de trouver une petite route plus calme nous permettant de rattraper la piste.
Devant le Musée Reventlow à Pederstrup une famille de cygnes occupe la chaussée et ne semble pas vouloir bouger.. Voitures, mobylettes pétaradantes et cyclistes s'arrêtent donc, le temps que les majestueux oiseaux daignent gagner le bas côté.
Les kilomètres défilement lentement. Belles routes de campagne bordées de chaumières et d'alisiers, très beaux arbres à baies rouges très souvent rencontrés durant notre voyage.
Une fois encore on découvre la confiance des Danois. Cette fois ce sont des courges qui sont offertes à la vente. Payez avec votre téléphone ou en glissant la somme dans la tirelire en plastique !
Situation tant de fois vécue ! La véloroute nous fait traverser tous les villages de la campagne, histoire de bien aérer les poumons du cycliste.
Résultat : pour aller d'un point à un autre, distants, à vol d'oiseau, de quelques kilomètres seulement, on a vite fait d'en faire le double !
Mais cette fois-ci le détour via Birket et Ravnsby en valait la peine.
Sur la route de Ravnsby on aperçoit, à droite sur une hauteur surplombant la mer, une série de pierres hautes et étroites, qui semblaient plantées là, en cercle, à la façon 'Stonehenge'.
Malgré l'heure qui avançait et la distance restant à couvrir jusqu'à l'étape du soir, on décide d'aller voir le 'monument' de plus près.
Le site s'appelle 'Dodekalitten' (Du Grec "12 pierres").
Je laisse la brochure parler de ce lieu magique !
"Dans l'île de Lolland, sur une belle colline surplombant la mer s'érige un 'monument chantant' qui procurera aux visiteurs un sentiment de grandeur, du temps passé, du présent et de l'avenir.
Le Dodécalith se compose de 12 menhirs chantants, mesurant chacun 7 à 8 mètres de haut. Les 2 derniers mètres de la partie supérieure sont sculptés en forme de têtes et se font face vers le centre d'un cercle d'une trentaine de mètres de diamètre. Dissimulé sous des bancs de pierre, un système émettra une musique électro acoustique vers l'intérieur du cercle, à intervalles irréguliers, tous les jours, toute l'année.
Le Dodécalith montre que notre passé ainsi que celui des Lollers -peuple arrivé il y a fort longtemps et qui a donné son nom à l'île de Lolland- sont ceux d'une communauté démocratique, dont la forme originelle était le dialogue, où vivre ensemble s'exprimait par le chant et où la conscience du passé se déclinait sous forme de respect des ancêtres.. "
Le monument est particulièrement impressionnant, même s'il n'est pas encore terminé. La musique sort de nulle part et reste à l'intérieur du cercle. Au loin c'est une mer bleue ; au-dessus un ciel azur parsemé de beaux cumulus d'été ; champs de chaumes ondulant jusqu'à la côte ; tumulus ici et là.. Lieu envoûtant, d'où ne repart pas comme on y est venu.
On se perd un peu en quittant ce lieu très particulier mais très vite on se retrouve sur la petite route qui mène à Maribo, ville traversée à toute vitesse car ne présentant pas d'intérêt particulier. L'excitation de la découverte inattendue de Dodekalitten nous a fait perdre la notion du temps et c'est à 15h00, au soleil, derrière l'abri du bus à Keldernaes que l'on s'arrête pour enfin manger un bout !
La deuxième surprise de la journée sera le château et le domaine de Krenkerup, situés au sud-est de Sakskobing. L'énorme château de couleur ocre-jaune apparaît au bout d'une longue route bordant une magnifique forêt de hêtres, cadré par les arbres d'une allée rectiligne.
A droite, des prés remplis de moutons vaquant à leurs occupations de mouton... à gauche, d'autres prés où une harde de cervidés semble couler des jours heureux.
Malgré le beau temps, les 20 derniers kilomètres sont difficiles. C'est la première fois que Jenny dépasse 80km dans la journée et elle fatigait..
On atteint Nykobing Falster vers 20h00. L'excellent logeur de notre B&B nous conseille de dîner avant d'arriver chez lui, les restaurants de Falster ayant les mêmes horaires qu'ailleurs. Nous nous arrêtons donc au premier trouvé le long du port. C'est un 'Indien' qui s'avérera excellent.
Après avoir garé les vélos dans la cour de l'établissement on se commande un festival de plats délicieux. La 'cerise sur le gâteau' sera le kulfi servi au dessert.
Les trois derniers kilomètres vers le B&B se font sans problèmes sur des pistes cyclables éclairées par des petits LEDs incrustés dans la bordure de la bande de roulement, et alimentés par de minuscules panneaux solaires individuels, taille carte de visite ! La classe !
Notre sympathique hôte nous attend. Les vélos sont remisés dans son garage. Le B&B est accueillant et très bien équipé.
Malgré le beau temps et les deux très belles surprises la journée a été très dure pour Jenny, le compteur affichant 86 km à l'arrivée. L'extinction des feux ne se fait pas attendre !
11 septembre : Nykobing Falster - Mon.
Mise en route vers 9h30, direction centre ville pour achats pique-nique et cash. A peine démarrés on est obligés d'enfiler les habits de pluie... On perd la véloroute N° 8 à un carrefour. La poisse de sortie de ville continue. Je décide alors de retourner vers le pont à l'entrée et de reprendre la route à partir de là. Pas de chance, la 8 devient 9 mais comme elle sort de la ville dans la même direction on décide de la suivre... On verra rapidement si c'est la bonne.
Banlieue résidentielle, grand carrefour...erreur de trajet garantie.. On se retrouve sur la route 55, filant plein sud. Après quelques kilomètres, avec l'aide de la bibliothécaire de Vaggerlose qui nous imprime même des cartes, on reprend la bonne direction vers Idestrup puis Ulslev.
La piste file ensuite le long de la côte est de l'île de Falster, pendant au moins 15 kms. Magnifique promenade sur chemins bien compactés et petites routes forestières, en sous-bois de hêtres, chênes et sapins. Arbres majestueux. Maisons isolées, toits, et même murs, de chaume. Plages de sable tout le long et mer bien grise.
Au coin nord-est de l'île, la piste vire plein ouest, et colle à la côte ensoleillée jusqu'à Stubbekobing, petit port où l'on prend le ferry pour Bogo et Mon. A 13h00 le soleil avait vaincu les épaisses couches de nuages et réussi une percée qui était bien agréable !
Au ferry je rencontre un vétéran danois de Paris-Brest-Paris. Il avait trois courses à son actif, toutes en moins de 90h... Chapeau ! Bonne discussion.
De son côté, Jenny se fait aborder par un Américain parfaitement désagréable qui lui gâche la courte traversée, l'entreprenant sur des sujets personnels comme si cela faisait 20 ans qu'ils se connaissaient ! Arrivés à Bogo on s'arrange pour 'semer' le bonhomme qui malgré tout revient à la charge, prétextant ne pas connaitre la direction de Mon, un comble !.... Je lui fais comprendre que sa compagnie ne nous intéressait pas et finalement il disparaît.
A 15h45 , à l'abri d'une nouvelle averse et du vent qui avait forci, on s'installe sous l'auvent du club de voile local pour le pique-nique de midi qui avait encore bien glissé...
Le repas pris, on 'attaque' la petite digue bordée d'alisiers, direction Mon, pour une directe sur Stege pour éviter des kilomètres interminables le long de la côte sud. On avisera de l'opportunité de faire cette partie de l'île demain, en fonction du temps et de la météo.
Faux plats montants interminables et fort vent de sud (qui nous arrangeait bien), sous un ciel cette fois bien dégagé. On suit la 287 vers Stege et on repasse l'Américain entrain d'entreprendre deux autres pôvres cyclistes. On file droit devant sans tourner la tête... Pas question de l'avoir à la remorque...
Bref arrêt à Damsholte pour admirer l'église et son cimetière. C'est bien différent des alignements de marbre et de granit de nos cimetières français. Ici, disséminés sur une pelouse superbement entretenue, chaque sépulture est délimitée par une petite haie. Ici, les lettres R.I.P (Rest in Peace), prennent toute leur valeur, tant tout est paisible.
Le B&B étant perdu au milieu de la campagne, on fait les courses du dîner au supermarché à l'entrée de Stege. Les derniers kilomètres vers Borre semblent interminables mais sont l'occasion de se remémorer les images de cette superbe journée de pédalage.
Le coucher du soleil est magnifique mais, par expérience, n'augure en rien de la météo du lendemain, comme nous avions pu le constater à plusieurs reprises...
Une fois encore, la journée de pédalage a été longue et épuisante. Hier 86 km, aujourd'hui 80...
Mais très vite les kilomètres s'oublient, laissant place aux souvenirs des belles découvertes du parcours : les forêts, les plages, les oiseaux, les fleurs, les chaumières, les petits sentiers et les grands chemins, souvent bordés de pommiers, de pruniers, de figuiers, de pêchers... d'alisiers.. sans oublier l'odeur des premiers feux de cheminée ni les couleurs du ciel et des champs...
Tous les sens sont en éveil ! Quel incroyable pays !
12 septembre : Mon - Praesto, via les falaises de craie (Mons Klint)
Départ sous un ciel bien gris et menaçant. On ne tarde pas à enfiler les habits de scaphandrier. Direction les falaises sur une route qui n'arrête pas de monter...
Quelques photos à l'église luthérienne de Magleby et continuation sur une route sinueuse qui rentre en sous bois pour les cyclistes et piétons, à 3km des falaises.
1er exercice de cardio. On est obligé de pousser les vélos tellement la côte est raide. De l'autre côté ça descend à 15%, c'est dire !
On arrive au Visitor Center sous une pluie battante. Pas d'abri pour attacher les vélos. Ils seront enchaînés à une grosse barrière de parking. Bref passage au Centre, le temps d'acheter quelques cartes postales montrant les lieux sous des cieux plus cléments puis, résignés que l'on ne changera pas la météo, qui était franchement pourrie, on s’embarque sur les chemins en sous bois pour admirer les sites. Les accès en sont facilités par les passerelles en bois mais tout est bien trempé et glissant.
Très belles perspectives des falaises de calcaire qui plongent vers de minuscules plages de galets roulés à chaque nouvelle vague. Quelques arbres s'accrochent désespérément aux arêtes supérieures espérant peut-être pouvoir éviter la chute inéluctable vers l'océan.
On ne pouvait pas avoir fait tout ce chemin pour rechigner en haut des 494 marches descendant vers la plage...même si on a dû les remonter après une très courte visite..
Ce n'est qu'en bas que l'on prend la pleine mesure de la beauté des lieux.
Au retour on croise un arbre qui nous fait un numéro d'équilibriste..
Pas étonnant que la route ne cessait de monter depuis Bogo,... Le haut de la falaise est à 128m d'altitude.
Le temps tourne. On décide d'une route directe sur l'église de Keldby pour avoir le temps d'admirer ses fresques murales du 16ème siècle. Le trajet sera long et difficile, up and down sur des routes perdues dans la campagne. Une fois ou deux des promeneurs nous remettront sur le bon chemin nous évitant des kilomètres inutiles.
Peintures époustouflantes de scènes bibliques. On y serait resté des heures mais Praesto était encore loin..
Après un rapide pique-nique pris sur le muret du parking de l'église on remet en route direction Stege et Kalvehave, située sur l'île de Sjaelland, de l'autre côté du pont enjambant le Ulvsund.
Parcours pénible à cause de la circulation et du vent. La traversée du pont demande de bien tenir le vélo car les poids lourds occasionnent de gros déplacements d'air qui s'ajoutent aux rafales d'Eole..
On atteint Praesto vers 20h00 après que la véloroute nous ait baladés à travers une multitude de villages et lieux-dits. En ligne droite, on aurait fait le trajet en 90 minutes... Sur la N° 9 il nous a fallu le double..
La fin de journée avait encore une fois été belle. On aurait malgré tout apprécié quelques rayons de soleil le matin.. Qu'à cela ne tienne, malgré l'adversité, on avait une fois de plus eu notre lot de merveilles, cette fois sur la belle île de Mon.
Ce soir dîner "à la maison" après des courses au 'Super Brugsen' de Praesto !
Extinction des feux à 22h00, bien éreintés par l'effort, le vent et d'avoir dû jongler avec les habits de pluie une bonne partie de la journée..
13 septembre : Praesto - Hojerup (Stevns Klint - les Falaises de Stevns).
Au départ, notre hôtesse nous avait prévenus que la journée serait celle de la première vraie tempête de fin d'été, début d'automne... Ça commençait bien !
On quitte Praesto déguisés en hommes grenouilles (manquaient seulement les palmes et le tuba..), car la pluie est arrivée très vite.
Cette journée de pédalage, hormis celle de l'an dernier sur la route de Clifden au Connemara, fut la pire que j'ai jamais vécue.
Elle sera pour Jenny et moi l'occasion de lancer notre "Echelle personnelle de vent et de pluie des Voyages avec ma Fille". La référence 'vent' est celui que nous avions connu à Port Magee, (voir article Irlande - Ring of Kerry) et la référence 'pluie' est celle qui nous a lessivés sur la route de Clifden (voir article Irlande - Connemara).
Trombes d'eau, bourrasques de vent, re-trombes d'eau, dix minutes de soleil, pluie, pluie et encore du vent... Le tout laissant Jenny parfaitement imperturbable...
La tempête prenant des proportions inquiétantes on se réfugie dans un garage à voitures à Faxe Ladeplads, espérant que ça se calme un peu, ce qui ne sera pas le cas...
Profitant malgré tout d'une "accalmie", on remet en route, bien ventés, jusqu'à Rodvig où le 'Café de la Marina', seul établissement ouvert en ville, apparaît comme un phare dans la tempête..
Ce sera pizza et saucisse frites dégustées au sec et au chaud : au diable le cholestérol !
On préfère garder les provisions du pique nique pour ce soir car pas question de ressortir du B&B une fois que l'on y sera arrivé. On a suffisamment pris l'air aujourd'hui.
Après une ultime bagarre avec les éléments, la tête dans le guidon pour protéger les lunettes, l'horizon deux mètres devant la roue avant, on arrive au B&B par le sentier côtier partant du coin de la vieille église, n'ayant pas vu de panneau indicateur dans le village.
C'est un gros corps de ferme carré, avec cour intérieure, perdu au bout d'un chemin menant à la route. Arrivé du mauvais côté, c'est à travers la pelouse et par le jardin que l'on accède à l'entrée. L'accueil est très chaleureux. Rapidement, les vélos sont à l'abri, rangés dans un garage, et les habits mis à sécher dans la chaufferie...
On découvre enfin nos 'appartements'. Vaste pièce de vie à la décoration délirante...poutres, tableaux, tentures, porcelaines, beaux meubles.. vieux outils aux murs etc... belles chambres nickel... et cerise sur le gâteau : un gros poêle en fonte que le patron vient d'allumer pour nous. Le bonheur !!
Ce même patron, la soixantaine, barbe de trois jours, les cheveux en bataille, à qui, sans le connaître, on aurait donné dix euros pour acheter une brosse à habits, tant son vieux pull était plein de poils de chien et de sciure, m'avoue sans que je me souvienne bien du contexte, qu'il est prof de médecine nucléaire à l'université...
Sur ce, il disparaît et revient avec un énorme panier de bois pour que nous puissions profiter du poêle toute la soirée.. Maintenant, je comprends mieux la sciure..
Encore une fois, ne jamais se fier aux apparences !!
S'ensuit une très intéressante conversation sur un tas de sujets, sur la France, sur notre balade danoise, sur les voyages de nos hôtes etc...
Sa femme Margaret est aux petits soins pour nous et le vieil occupant de l'appartement d'à côté vient lui aussi nous voir pour s'assurer qu'il ne nous manquait rien... Tant d'attentions après une journée particulièrement difficile nous font chaud au cœur, le poêle chauffant le reste..
En peu de temps on avait 'envahi' la grande table : papiers, notes, cartes à une extrémité et le dîner à l'autre, côté poêle..
Dehors, la tempête faisait rage, mais maintenant, bien au chaud, on pouvait bien lui faire des pieds de nez.
Demain sera un autre jour et d'ici là tempête sera calmée... du moins, on espère !
14 septembre : Hojerup - Roskilde
Par miracle on parvient à rallumer le feu éteint dans la nuit. Quelques bouts de journal au fond du panier, quelques copeaux et les deux dernières bûches et c'est reparti pour une belle flambée durant le petit déjeuner magnifique que Margaret nous amène en plusieurs A/R, sous la pluie..
Les habits ont bien séché dans la chaufferie. Ils ne le resteront pas bien longtemps car il pleut déjà et le vent a tourné, venant maintenant de l'ouest.
On met en route par le chemin qui nous avait amenés ici hier, vers l'église dont le chœur, depuis l'effondrement de la falaise en 1928, fait partie des éboulis en contrebas.
Un énorme support en béton soutient maintenant l'édifice.
Par chance, lors de notre courte visite, un groupe de scientifiques ouvre la porte donnant sur la mer, là où se trouvait le chœur, afin de descendre examiner des particularités de la falaise. Cela nous procure la lumière qui manquait pour photographier certains détails de l'église.
On quitte les lieux juste avant l'arrivée d'un groupe d'ados en sortie scolaire qui ne semblaient pas ravis d'avoir à quitter l'autocar chauffé pour rechercher des informations sur la vieille bâtisse..sous la pluie.
La météo est aussi 'avenante' qu'hier mais le vent a considérablement faibli. La progression vers Koge semble interminable, et encore, nous n'avons pas suivi tous les détours de la véloroute N° 9...
Jenny avait faim, et même doublement, car ses batteries internes avaient été fort sollicitées depuis le départ. Pour éviter la panne on s'arrête donc dans un petit snack non loin de Koge. Peu de clients aujourd'hui, mais à considérer le nombre de tables et de chaises éparpillées sous les grands arbres et sur la pelouse en face, l'endroit doit être populaire.
Une fois encore, on ne fera pas très attention au cholestérol. La chaudière réclamait et on avait encore pas mal de kilomètres à parcourir !
La patronne nous parle de ses voyages à Paris et de sa passion pour une marque de sacs de l'angle des Champs et de l'Ave. Georges V.. Elle file derrière et nous exhibe le dernier des six qu'elle a achetés... Bernard Arnault n'a pas de bile à se faire..
Passage par le beau centre ville de Koge, histoire d'obtenir un coup de tampon à l'Office du Tourisme et de s'assurer de la meilleure route vers Roskilde.
En sortie de ville on avise une pancarte vers l'étape. Pendant quelques kms on parcourt une banlieue interminable de super marchés, concessions automobiles, magasins de meubles, snacks en tout genre... puis les vélos sont priés de quitter cette artère et de suivre une piste spécifique.
Ma petite sonnette-boussole nous indique que nous sommes dans la bonne direction 'générale' mais à un carrefour de plusieurs pistes ça se complique faute de signalisation claire. Une fois encore, les promeneurs nous sont bien utiles. A Solrod on retrouve la route N° 6 bordée d'une piste cyclable de qualité moyenne, les grands arbres des bas côtés ayant soulevé le bitume du 'tape-cul' sur plusieurs kilomètres.
Un orage devant, un derrière...et nous au milieu. Fallait se presser !
On passe l'aéroport de Roskilde où un DC3 est en phase de décollage. Le bruit des moteurs est magique. La pente de montée presqu'à plat..
Par chance, notre B&B est au sud de la ville. Aucun souci pour le trouver. De plus il n'est pas très loin du centre que l'on atteint en 15-20 minutes à pieds.
On y restera deux nuits car demain c'est Musée Viking et Cathédrale. Pourvu qu'il fasse beau !
15 septembre : Roskilde all day ! Météo magnifique !!
Journée de découverte de la ville et de ses trésors.
Après un petit déj. pris au café d'à côté, notre B&B n'assurant que le premier 'B', on met en route vers le Vikingeskibs Museet, le musée des Vikings.
Les mots manquent pour décrire cet endroit tant c'est époustouflant à tous points de vue : accueil, organisation, qualité des objets exposés, information, explications données, accès aux différents ateliers du chantier naval, promenade en mer sur un drakkar etc.. Tout était parfait !
Je laisse une toute petite sélection de photos parler à ma place du musée et ce qui s'y passe et recommande sans réserve la visite de ce lieu magique à tous les passionnés de bateaux, d'exploration des mers, d'histoire.. et, pour ceux que cela intéresse, de l'apport des technologies 'dernier cri' des XXè et XXIè siècles sur les techniques et savoir-faire de l'artisanat maritime ancien.
La deuxième partie de la visite nous a menés dans le chantier naval du musée où des spécialistes dans les nombreux domaines de la construction de bateaux anciens re-créent ces derniers, à l'identique, en utilisant matériaux, outils et savoir-faire de l'époque.
C'est ainsi qu'à l'extérieur, un colosse maniant la hache et d'autres outils débite et façonne des grumes de chêne, spécialement choisis en fonction de leur destination. Peu à peu les troncs de 90cm de diamètre et plus sont fendus selon une technique dite de 'bois merrain', qui préserve la continuité de la fibre en assurant une élasticité et résistance maximum des planches ainsi façonnées.
Quand le tronc est complètement débité aux épaisseurs souhaitées, il ressemble à un fromage de Brie coupé, du centre au bord, en tranches très fines. Ici, le mot 'fast' est inconnu car le travail se fait entièrement à la main.
Ailleurs, un compagnon spécialisé dans la confection de cordages de tous types et diamètres, passe sa journée à 'filer' des cordes à partir de matériaux naturels qu'il aura choisis, approvisionnés et préparés lui même.
La forge produit -un par un- les rivets et clous qui seront utilisés dans l'assemblage des bateaux.
Un tisserand tisse les voiles... Un sculpteur sur bois reproduit les figures bas-relief de proue et de poupe..
Le savoir-faire est 'une science' en constante évolution, basé sur des informations continuellement enrichies au fur et à mesure de nouvelles découvertes. Ainsi, la Tapisserie de Bayeux, pour ne citer qu'elle, donne, pour ceux qui savent ce qu'ils recherchent, de précieux renseignements dans de nombreux domaines.
L'accumulation lente et patiente de nouveaux indices, l'expérience acquise dans la manipulation des outils, l'aide apportée par des techniques ultra modernes, d'une précision inouïe, telles que la 'dendochronologie', font avancer à grands bonds la compréhension de cette époque passionnante.
C'est ainsi que l'on a pu découvrir que l'arbre utilisé dans un des drakkars du musée provenait de forêts proches de Dublin, en Irlande, et qu'il avait été abattu en mai-juin 1042 !!!
Notre dernière expérience au musée, un peu 'la cerise sur le gâteau', fut de nous embarquer sur un drakkar, de ramer vers le large et de revenir à la voile. Courte mais superbe balade en mer en rien comparable aux exploits de nos ancêtres qui eux semblent avoir découvert le nouveau monde pas mal de siècles avant Christophe Colomb...
Malgré tout, en 2007, une expédition à bord du Havhingsten fra Glendalough, copie de l'original construit en 1040 en forêt de Glendalough, a mené une courageuse équipe de 65 Danois (dont 20 femmes), de Roskilde vers Dublin. La traversée dans des conditions très spartiates a duré 44 jours.
Après une telle visite, difficile de quitter les lieux... Une belle averse nous retient dans le musée, comme pour nous dire : "ne partez pas tout de suite...", mais la cathédrale nous attendait aussi. On n'a pas tous les jours l'occasion de visiter le lieu de sépulture de 38 rois du Danemark, qui plus est, point de passage d'une des routes vers Compostelle.. !
L'édifice construit en briques est immense. A l'intérieur, l'austérité de la nef contraste avec la richesse des nombreuses chapelles situées tout le long des bas-côtés.
Hormis le retable qui est magnifique, la 'décoration' de la nef se limite à peu d'éléments : orgue, chaire, pendule, porte du Roi..
Chaque chapelle à sa décoration propre, certaines plus élaborées que d'autres. Celles de Christian IV et de Christian I (connue sous le nom de Chapelle des Mages) sont de véritables musées.
Notre très riche journée de visites se termine par la découverte dans le pavage du parvis de la coquille... Un coup de tampon à la cathédrale, de cette étape du Camino, attestera de notre passage.
Ainsi se conclut ce magnifique voyage au pays des îles et des Vikings, des alisiers et des forêts de hêtres, des moulins à vent, des Lollers de Dodekalitten, des falaises de craie blanche, des belles lumières du soir ...mais aussi de la pluie et du vent que les coups de gueule de papa laisseront totalement indifférents..
16 septembre : Roskilde - Flensburg/Kupfermühle
Première étape du retour vers la France. Le premier train est retardé de 10 minutes... Ça commence bien... déclenchement du stress : "va-t-on-avoir-la-correspondance ?"
Coup de chance, le deuxième train nous attend à Kolding. Des jeunes nous aident à monter les vélos dans un wagon déjà bien plein. On fera le voyage debout, tenant les montures le mieux possible pour éviter les dégâts..
On fait la causette avec un couple très sympa. Elle est originaire de Flensburg et donne un tas de tuyaux à Jenny. Malheureusement, le B&B du soir sera trop excentré pour en profiter.
Après une traversée de la ville sans histoires, longeant les quais où un festival de bateaux anciens battait son plein, on arrive à Kupfermühle vers 13h30..
Pas de chance, le check-in commençait à 16h00, et le bonhomme à la réception n'avait pas envie de faire d'efforts... Avec deux heures et demi à perdre, on décide d'aller au Danemark une dernière fois. Le Pique-nique sera pris à cheval sur la frontière, mais la météo s'étant considérablement rafraîchie, on finit l'attente dans le seul café ouvert, devant un thé particulièrement bienvenu.
La fin de l'après midi se passe à écrire les cartes que l'on avait achetées au Danemark mais que l'on postait en Allemagne, car il était hors de question de payer € 3,35 pour un timbre de carte postale, alors que le même envoi coûte € 0.90 en Allemagne.
Le dîner est pris de bonne heure dans le petit bar/restaurant allemand du village. Le lieu est sympathique et tenu par un vieux couple qui doit avoir perdu la notion des prix pratiqués ailleurs en 2017, car pour 2 plats bien garnis, 3 bières et un dessert, l’addition s'élève tout de même à € 16,90 ! Le schnaps est facturé € 1,70...
Les vélos sont attachés dans la cour du B&B, qui depuis notre arrivée, s'est remplie de grosses berlines. Par prudence on recouvre les selles de sacs en plastique car ce n'est jamais agréable de se geler les fesses sur une selle mouillée dès 6h00 du matin...
17 septembre : Flensburg......
Mise en route vers 6h30, direction gare DB de Flensburg pour attraper le train de 08h15.
La météo est douce et calme et le trajet le long de la côte, du chantier naval et du port se passe sans soucis. Le dimanche matin, à une heure pareille, il y a peu de monde dans les rues, hormis quelques soiffards titubant la bouteille à la main, devant les bars des quais ouverts toute la nuit.
Arrêt dans une boulangerie pour un café/'sucrance' et pour achat de sandwiches.. la journée va être longue, c'est donc préférable de prévoir, on ne sait jamais..
La traversée de la ville est aisée et on atteint la gare en avance pour le train qui ne saurait tarder..
Mauvaise surprise ! La première..
Notre train ne va pas jusqu'à Hamburg Hbf, comme inscrit sur le billet. Il s'arrête en route, obligeant à un changement qui nous fait louper la correspondance pour Karlsruhe, à Hamburg... Ça nous fiche tout le programme parterre.
Le Customer service de la gare d'Hamburg commence par me dire que l'on ne devrait pas prendre tant de trains, les uns après les autres vu le risque !! Je crois rêver !
Finalement, après pas mal de discussions, il trouve une solution, mais à cause des vélos, nous ne pourrons partir qu'à 19h46... Il était 11h00..
Le nouveau plan doit nous faire arriver à 04h01 lundi matin à Karlsruhe, puis en prenant trois 'TER' à la queue leu leu, à environ 07h00 à Strasbourg..
La deuxième mauvaise nouvelle c'est que nos billets de TGV pour Paris sont perdus étant ni échangeables, ni remboursables et seulement valables sur le train prévu à l'origine, le dimanche soir..
S'ensuit une très longue journée d'attente à Hamburg où un orage monumental vient d'éclater, excluant toute idée de 'balade' en ville pour tuer le temps.
Alors, on passera 2h dans un café à faire durer un sandwich, 2h dans la salle des pas perdus de la gare et le reste à changer de place de temps à autre pour ne pas prendre racine. En tout, pas loin de 7h debout, à compter les passagers et les trains..
Pas de bancs, pas de lounge (celui de la DB a été privatisé et les SDF comme nous ne sont pas les bienvenus).
Longue attente ponctuée d'achats de saucisses puis, plus tard de frites et d'achats divers pour faire passer le temps..
A 19h00, le quai est annoncé. On y descend histoire de changer une fois encore de place et de se renseigner sur l'emplacement du wagon à vélos. Le plan du train positionne ce dernier en queue. Un troisième cycliste attend là, comme nous. Brin de causette.
A 19h40 et quelques, le train arrive en gare. Le wagon dédié aux vélos n'est pas là... Après renseignements pris par notre collègue allemand, il d'avère que les wagons ont été intervertis et que le notre est en tête, nous obligeant à une course folle sur le quai, zigzaguant entre les passagers et les valises..
Craignant de ne pas y arriver on se résout à embarquer les 3 vélos et les sacoches dans le wagon précédant le nôtre, 'tassant' tout le matériel sur la petite plateforme.
Ayant ensuite repéré que l'espace vélos était bien à l'extrémité de la première voiture, on transporte les vélos un par un, par dessus la tête des passagers, jusqu'à l'écurie.. Jenny s'occupe des sacs.
Grosse montée d'adrénaline pas nécessaire. La DB nous a lâchés deux fois depuis ce matin. Trop c'est trop ! Et moi qui les encensais.. Finalement, comme disait ma grand-mère : "y'en a pas un pour rattraper l'autre"...
Après une nuit passée à nous tortiller sur les sièges on arrive à Karlsruhe à l'heure prévue.
Le train suivant, pour Wörth, est en fait un tram omnibus partant du parvis de la gare à 04h33. La marche est haute mais on réussit à tout enfourner sans avoir à démonter les sacoches.
Après un nombre incalculable d'arrêts on arrive à Wörth à 05h14 pour le train suivant, à 05h28, cette fois-ci, direction Lauterbourg... La France !!
Un dernier changement et c'est Strasbourg, avec en prévision une nouvelle prise de têtes avec nos billets TGV..
Mais ici, contrairement à ce que l'on avait vécu hier, nous avons droit à une très bonne surprise !
Grace à la compréhension et à la proactivité de l'employée de la SNCF, et à l'accord de son chef, on nous permet d'utiliser nos billets d'hier sans supplément ! En effet, ils considèrent que nous sommes dans un cas de "rupture de correspondance".
Ouf ! Plus de € 150 économisés.. Un grand merci à eux !!
Après un dernier cafouillage à l'embarquement du TGV on se retrouve de nouveau à 4 vélos dans la bétaillère. Mais cette fois-ci ça nous passe au dessus !
A 11h15, le 18 septembre au matin, le train est à quai Gare de l'Est et les deux cyclistes contents et satisfaits du merveilleux périple qu'ils viennent de faire au pays des Vikings !