En Vélo dans les Iles d'Ecosse - 7ème édition des Voyages avec ma Fille - 1ère Partie.
Publié le 2 Octobre 2019
Jenny m'avait parlé de la Roumanie... Elle avait vu un super parcours à faire en Transylvanie. Belle campagne, châteaux, vieux villages, un peu un saut dans le temps, qui visiblement ne s'écoule pas à la même vitesse dans cette partie du monde que chez nous en France... Rien que du bonheur ! Mais, après quelques vérifs au niveau logistique d'approche, organisation du voyage sur place etc. la décision fut prise que "ce serait pour une prochaine fois", vu le temps dont elle disposait pour effectuer ce périple.
Sans trop d'hésitations, l'alternative est apparue naturellement. Jusqu'alors notre région de prédilection avait été le nord de l'Europe... Durant l'année on avait parlé d’Écosse, des îles de la côte atlantique, de Skye, de Mull, d'Iona, de Staffa 'la volcanique', d'Arran... Une attirance mutuelle pour ces régions difficiles mais magnifiques, battues par les vents et la pluie, eut rapidement raison d'une logistique d'approche toute aussi compliquée.
Restait à choisir le parcours en fonction de plusieurs critères : temps disponible (deux semaines); quelles îles ? Ferries et leur fréquence ? Sites à visiter; trains; hébergements... Un beau cassement de tête en perspective mais que l'on espérait largement compensé par ce que l'on allait découvrir.
La "Caledonian MacBrayne", compagnie des ferries desservant les îles, nous dicta rapidement le choix du parcours. Restait à nous rendre au point de départ, à Ardrossan, village côtier situé au travers ouest de Glasgow.
Jour 1 - 31 août 2019 - De Paris à Londres.
Pas de soucis pour nous rendre à la Gare du Nord, d'où nous partons vers Calais par le TGV de 9h46. Vieux TGV avec un compartiment bagages et vélos en bout de wagon. Tellement plus pratique et sympa que les trains plus récents.
Arrivée Calais en retard - normal -. Traversée de la ville vers le Terminal Ferries où trois gros navires chargeaient camions et voitures. On était les deux seuls cyclistes sur le nôtre. Bateau DFDS basique; mer d'huile, traversée sans histoires.
Arrivée à Douvres et sortie du port via un astucieux marquage au sol : il n'y avait qu'à suivre un gros trait rouge, peint sur le bitume, pour se retrouver en ville, près de la gare de Dover Priory.
Achat des billets pour Londres St Pancras. Excessivement chers quand achetés le jour du voyage ! (Prévoir de les acheter en avance : 'Advance tickets', pour bénéficier de tarifs bien plus bas). Pas de soucis pour mettre les vélos dans le train, mais sans marquage sur les wagons nous nous retrouvons dans le mauvais compartiment, sur une plateforme étroite et de plus en plus bondée au fur et à mesure que nous approchons de Londres (gros match de foot ce soir)...
Hôtel situé à mi-chemin entre les gares de St Pancras et Euston. Super pratique mais ratio qualité/prix inacceptable. Chambre en 'souplex' (sous-sol...) avec minuscule salle d'eau/sanitaires en contrebas... !
Mais on était à pied d’œuvre pour le départ du lendemain et les vélos à l'abri dans la bagagerie.
Dîner dans un pub sympa à côté et marche digestive vers la gare de Euston où nous retirons les billets pour le train 'Virgin', Londres-Glasgow, de demain matin.
"Il est interdit de boire de l'alcool dans ce passage souterrain si vous avez été prévenu de ne pas le faire par un policier en uniforme..." (Photo Jenny)
Jour 2 - 1er septembre 2019 - De Londres à Ardrossan, via Glasgow.
Après une nuit, au calme, dans notre sous-sol, on file chez "Prêt à Manger", une chaîne de restauration rapide, pour y prendre le petit déjeuner que l'hôtel ne servait pas (!)... et acheter les sandwiches pour le repas de midi.
Brève attente dans la salle des pas perdus de la gare et notre quai s'affiche. Le wagon à vélos est en tête de train : petite alcôve située derrière la cabine du chauffeur. Débâtage obligatoire, car l'espace est sensé tenir 4 vélos.. Installation en voiture B, juste à côté, pour plus de cinq heures de voyage sans histoires.
A Glasgow, achat des billets pour Ardrossan. Par chance, très peu d'attente avant de charger les vélos dans le dernier wagon du train régional Scotrail et de repartir pour l'étape du jour.
Un peu de stress tout de même lorsqu'on entend l'annonce, peu avant l'arrivée aux premières gares du parcours, qu'en raison de la longueur insuffisante des quais, les passagers sont priés de remonter le train pour en descendre... Avec nos vélos chargés et des couloirs très étroits, l'exercice s'annonçait compliqué...
Avant de tout démonter et transporter vers un autre wagon, je vérifie la situation avec le contrôleur qui, peu de temps avant notre arrivée à Ardrossan 'South Beach', nous rassure, le quai et le train étant de longueur identique à cette gare...
En 10 minutes nous étions au B&B que Jenny avait réservé. Accueillis par Madame 100 000 volts.
Installation dans une chambre super propre et calme et descente en 'ville' pour une courte visite.
Front de mer cafard +++. Plage immense de sable gris, barrières métalliques rouillées par l'eau de mer, promenade bordée d'une étendue gazonnée et fleurie, maisons relativement 'coquettes'. Personne en vue, même pas un seul camping car face aux flots... C'est dire ! Passage rapide au port pour achats billets de ferry et retour vers le restaurant que notre hôtesse nous avait recommandé. Excellent dîner avant le retour vers le B&B sous un crachin bien mouillant.
Y paraît que demain ça se gâte...
Les cartes qui suivent donneront un aperçu du parcours entrepris dans les îles : d'abord Arran, puis Mull, Iona, Staffa et finalement retour vers Oban, Glasgow et la France. Voyage magnifique qu'une météo difficile n'a pas réussi à gâcher. Contrastes infinis de lumières, de couleurs, d'impressions. L’Écosse, comme toutes ces contrées septentrionales ne se visite pas, elle se vit au plus près de sa nature et de son peuple. Seul le vélo offre une telle liberté.
Jour 3 - 2 septembre 2019 - D'Ardrossan à Blackwaterfoot, (île d'Arran). Ferry.
Ici, avant de continuer, je dois raconter une courte histoire. En 1938, ma mère est partie en Angleterre apprendre l'Anglais. Elle était 'au-pair' dans une famille écossaise établie près de Londres. En août 1939, sa famille d'accueil l'emmena passer des vacances en Écosse, sur l'île d'Arran en particulier. Ils étaient descendus dans un petit établissement de Kildonan, sur la côte sud de l'île.
Le 29 août, ma mère écrivait à ses parents : "...l'hôtel est très propre et pittoresque car il n'y a pas l’électricité, ni l'eau courante dans les chambres mais il y a la TSF (radio), et une salle de bains avec eau chaude et eau froide... Juste en face de notre île, il y a un petit îlot avec dessus un phare, lequel éclaire ma chambre le soir..."
Le samedi 2 septembre 1939, veille de la déclaration de la Seconde Guerre Mondiale, elle reprenait le ferry de Brodick vers Ardrossan....
Le 2 septembre 2019, 80 ans après, jour pour jour, son fils et sa petite fille embarquaient eux, à Ardrossan, destination Brodick, un des ports de l'île d'Arran. Coïncidence, destin, signe ? C'était troublant... Fin de l'aparté.
Notre hôtesse 100 000V nous sert un petit déjeuner 'full Scottish', seul moyen de pouvoir affronter les éléments météo qui ne sont pas optimistes.. En route pour le ferry de 9h45, sous une pluie fine. Embarquement immédiat. Traversée peu chahutée mais une brume tenace nous masque l'île...réservant la surprise pour l'arrivée !
L'arrivée.... à peine sortis du bateau ce sera une première côte interminable pour monter sur les hauteurs de l'île. Up and down, pluie, vent, rafales toute la journée.. Bas côtés de route pourries.. Bref arrêt à Whiting Bay pour un coup de tampon à la minuscule poste. Achats du "midi" à la Coop de Lamlash et continuation sur des routes tortueuses, bordées de fuchsias, de crocosmias, de prèles. Au sud de l'île, descente vers Kildonan où ma mère s'était arrêtée il y a 80 ans..Arrêt à l'unique hôtel du village pour nous réchauffer avec un thé. Était-ce ici, dans cet établissement, était-ce ailleurs ? L'esprit du lieu suffit...et Pladda, l'ile au phare, est bien juste en face. Pas étonnant que sa chambre était éclairée la nuit.. Juste derrière, dans la brume, on devine l'îlôt pointu de Ailsa Craig.
Rude remontée dans le temps qui sera suivi d'une toute aussi rude remontée de la côte menant à la route principale, car bien évidemment, l'hôtel de Kildonan est au ras des flots.
Continuation le long de la côte, en plein vent et bien trempés, sur des routes très vallonnées, surplombant une mer grise et agitée. Heureux d'arriver à notre magnifique B&B de Blackwaterfoot. Pas question de ressortir pour dîner. Ce sera table d'hôte sur place, précédé d'un whisky en souvenir de cette journée si particulière.
Ma mère et sa famille d'accueil, sur le pont du ferry du 2 septembre 1939, en route d'Arran vers Ardrossan
Jour 4 - le 3 septembre 2019 - De Blackwaterfoot à West Tarbert, via Lochranza. Ferry.
Seuls au B&B on a toute la salle du petit déjeuner pour nous. Et quelle salle... et quel petit déjeuner !
Mise en route juste après 9h00 en direction de Machrie Standing Stones, un important site néolithique dont les menhirs et cercles de pierres remontent à environ 2 000 ans avant notre ère. Un long chemin y mène à travers la lande bien trempée, parcourue par une multitude de moutons tondus.
Herbes, fougères, roseaux, bruyères, cours d'eau, sorbiers, aubépines... Site surréaliste s'étalant sur une lande baignée de brumes et coiffée de stratus bas. La pluie nous laisse tranquilles le temps de la visite...ou presque..
Après une longue déambulation parmi les pierres, retour au parking où nous avions laissé les vélos.
La route fait le tour de l'île au ras de l'eau, longeant une côte sauvage constituée de plages de rochers et de galets, couvertes d'algues de toutes sortes arrachées aux fonds par une mer sans cesse agitée. Des "cygnes de mer" fouillent les eaux en quête de nourriture.. De l'autre côté, ce sont des falaises, des collines herbeuses recouvertes de fougères, de bruyères, domaine des 'moutons d'escalade' et des cascades. Quelques villages s'étalent en longueur.. Beaucoup d'averses et de crachin.
Profitant d'une accalmie on parvient à ouvrir les sacoches le temps d'en sortir le pique-nique. On est déjà près de Catacol, dernier village avant Lochranza, d'où nous quitterons l'île, par ferry, en direction de Claonaig, notre 'port' de débarquement sur la presqu'île de Kintyre.
Les quelques kilomètres nous séparant de Lochranza nous permettent de prendre le ferry de 14h30... Heureusement ! Car de Claonaig, (un embarcadère et trois maisons perdues au milieu de nulle part), le chemin jusqu'à notre B&B est difficile, long, venteux, physique et très passant dans les derniers kilomètres... La pluie n'arrange rien.
La chambre du B&B est minuscule et ressemble rapidement à une blanchisserie napolitaine, des habits pendus partout à sécher. Qu'importe, les radiateurs fonctionnent, la douche est chaude et le repas pris au restaurant de cet unique établissement à des km à la ronde nous fait rapidement relativiser les misères de la journée.
Jour 5 - 4 septembre 2019 - De West Tarbert à Oban
La journée commence bien ! Il pleut... Mais ça, ce n'est pas le plus grave.. Je demande à la Patronne, en plein préparatifs 'petit-déjeuner' de me remettre la clé du cadenas du hangar où sont rangés les vélos. S'ensuivent quinze minutes de stress, de courses à travers le B&B, de transpiration à grosses gouttes, de coups de fil à son employée... pour finalement trouver la clé, devant son nez, dans le tiroir de la caisse... Le temps passait et nous avions une dizaine de kilomètres à faire sur une route désagréable, sous une pluie battante.
Le petit déjeuner est donc expédié à toute vitesse, les vélos chargés, et en route pour le 'port' de Kennacraig, d'où part le ferry du mercredi, pour Oban, via Port Askaig sur l'île d'Islay...
A l'arrivée au 'port' on nous annonce que, la faute au mauvais temps, le ferry avait été annulé...
Dépités, on se livre à une rapide évaluation de la situation et on opte pour la seule solution possible : un taxi que le préposé des ferries nous commande sans problème (après nous avoir remboursé la totalité des passages que j'avais achetés à Ardrossan).
A 10h30, une camionnette taxi embarque vélos, sacoches et cyclistes et en une heure et demi nous sommes déposés au terminal ferries d'Oban. Pour la même raison qu'à Kennacraig, les bateaux vers Mull sont consignés à quai dans l'attente d'une décision à 15h00.
Les voyages ça creuse, d'autant plus que le petit déjeuner était passé à la trappe. Ce sera donc un magnifique sandwich aux fruits de mer, dégusté debout près du célèbre 'Cabanon vert' sur le quai.
Un dessert et un thé bien chaud au café jouxtant la salle d'attente du ferry. A 15h00 la sentence tombe. Toutes les traversées de l'après-midi sont annulées. Prochains départs demain, "weather permitting".
Jenny nous trouve rapidement un B&B et annule celui prévu initialement sur Mull. Après avoir déposé les vélos et réajusté le programme on file en ville. Lumière extraordinaire, coucher de soleil non moins, beaucoup de photos..
Abandonnant l'idée de nous offrir un repas 'de la mer' tant les files d'attente étaient longues dans les trois ou quatre restaurants spécialisés, on termine devant un Agneau Tikka Masala au Taj Mahal, établissement indien sympathique et de bon rapport qualité/prix.
Encore une journée pleine de surprises !
Jour 6 - 5 septembre 2019 - Oban - Calgary, île de Mull (Ferry)
Avant de descendre, Jenny vérifie l'appli de la Caledonian MacBrayne, la compagnie de ferries. Le notre est bien prévu à 9h50. Ouf !
Petit déjeuner relax car on était maintenant sûrs d'y aller. Chargement et mise en route après avoir détaché les vélos du banc de jardin, auprès duquel ils avaient passé la nuit. Nuages bas, pas de vent, mais pas encore de pluie... Achat des billets et attente dans la zone réservée aux vélos. On n'y était pas depuis dix minutes que les cieux se sont ouverts, nous gratifiant d'une énorme averse. Embarquement sans problèmes : on est 4 vélos; les deux autres...des campeurs...
Traversée très calme, belles lumières.
Débarquement à Craignure sur l'île de Mull. Quelques maisons le long de la route, un bureau de la compagnie des ferries, un magasin Spar, deux pompes à essence...un B&B...un café, et c'est fini. Passé le panneau prévenant de la présence possible de loutres sur la route, on se retrouve soudain au calme, sur une super chaussée à deux voies longeant la côte tantôt au ras de l'eau, tantôt en léger surplomb, à découvert ou en forêt. Très peu de voitures.
Premier village : Salen, un joli petit bourg que l'on atteint sous le soleil. Bref arrêt à l'hôtel Glenforsa où l'on aurait dû passer la nuit.. On en profite pour y prendre un déjeuner rapide. L'endroit est magnifique, construit entièrement en rondins, style maison de trappeurs. En prime, une piste d'atterrissage en herbe de 780m longe la mer, un peu en contrebas de l'hôtel ! Un biplan y est garé. Autour, des sapins. Brin de causette avec le patron aviateur, responsable du bureau de piste et du terrain.
Remise en route sous un ciel qui s'est bien dégagé. Notre périple continue le long de la côte, puis bifurque vers Dervaig sur la rive droite de la rivière Aros, se poursuivant sur l'étroite route du Glen. Bord de mer et nature époustouflante. Rivière à truites, cascades, moutons, vaches Highland à poils longs et grandes cornes...
Sapins, sorbiers, noisetiers, saules, rhododendrons sauvages, fuchsias, bouleaux... herbes sauvages et roseaux. Multitude de fleurs, de touffes de bruyère.. c'est magnifique, et on est seuls sur la route qui monte et qui descend à travers la lande !
Arrivée à Dervaig et son église financée par la Nasa. Pour nous ce sera route ouest vers Calgary. Fin de parcours un peu plus physique, et ce jusqu'à notre B&B, une ancienne école, située au milieu des bois et hors de portée de toute forme d'onde téléphonique. A ce niveau, la route est à peine plus large que les voitures qui l'empruntent..
Jenny avait réservé le dîner dans l'unique établissement du coin, situé à deux kilomètres du B&B. Décision est prise d'y aller à pied pour ne pas avoir à affronter la dernière côte de nouveau.
Très bon repas et marche digestive de retour, la lampe frontale clignotant à l'arrière de ma casquette pendant que Jenny éclairait la route devant nous. Heureusement, pas de voitures, les gens sensés étant tous couchés.
L'odeur des feux de cheminée, brûlant du charbon, ne laissait aucun doute : même si la journée avait été 'belle', l'été était derrière nous...
Jour 7 - 6 septembre 2019 - Calgary - Salen via le Loch Tuath et le Loch na Keal
On quitte 'The Old School House' vers 9h00 pour une étape qui ne paraissait pas trop difficile sur papier mais qui s'est avérée bien physique, bien venteuse et bien mouillée, malgré quelques belles apparitions du soleil.
Quittant la baie de Calgary la route étroite commence rapidement à monter, et ce, jusqu'à 178m d'altitude, offrant une vue magnifique sur le Loch Tuath et les îles d'Ulva et de Gometra. Beaucoup de vent sur la lande, mais quels paysages !
Comme hier ce sont toutes sortes d'arbres et de cascades qui bordent notre chemin. Le ciel est en changement continuel nous gratifiant de lumières magnifiques.
Arrêt près de Torloisk House, une propriété plantée de grands arbres et entourée de murs recouverts d'une épaisse couche de mousse verte.
Deuxième côte, à 108m celle-ci; plusieurs montées à 10-15% et descentes à 20 ! Gestion difficile des habits de pluie pour ne pas subir trop de sauna ni de refroidissements dans les descentes...
Notre boucle de la journée nous ramène au B&B de Glenforsa, près de Salen, car il ne faut pas compter trouver quoi que ce soit sur la lande, ni le long des Lochs.
Après cette rude journée ponctuée de tant de belles découvertes, tant de côtes et d'une météo à faire bien rosir les joues, un petit coup de Whisky et un bon repas ont raison des cyclistes...
Extinction des feux à 21h30 !
Jour 8 - 7 septembre 2019 - Glenforsa (Salen) - Bunessan (via Loch na Keal et Loch Scridain).
Ciel magnifique, clair et bleu, pas de vent. Soleil en prime. On reprend la route d'hier en sens inverse jusqu'au Loch na Keal et de là on en longe la rive sud, au ras de l'eau. Paysage splendide de mer, de rochers, d'algues.
En face, sur la rive opposée : la route que nous avions parcourue hier sous la pluie. Avec une météo si belle, difficile d'imaginer qu'elle ait pu être si mauvaise hier !
Sur le bord de l'étroite route, garés sur une petite étendue herbeuse que les moutons avaient bien tondue, plusieurs personnes observent la mer, un 'îlot du Loch'. Ils nous expliquent que des phoques s'y sont installés.
En effet, à la jumelle, on distingue bien les corps en fuseau, levant la tête de temps à autre. Pas de doute, ce ne sont pas des troncs d'arbres échoués là...
Sur un îlot voisin c'est un aigle de mer qui joue avec ses petits ! Il parait que ce sont des oiseaux difficiles à observer.
On continue sur une très belle route en contrebas du Aoineadh Mor, une très haute falaise herbeuse surplombant la route et que nous devons contourner.
Après le virage, montée longue et régulière jusqu'à atteindre une 'vallée d'altitude', immense couloir désert, où seules les herbes courtes et la bruyère semblent pouvoir survivre. Le point culminant est à 141m. De là, magnifique vue sur le Loch Scridain, s'étalant devant nous et vers lequel la route nous mène dans une descente interminable, juste récompense pour ce que l'on venait de subir à la montée.
La météo est si belle que l'on s'arrête en bout du Loch Scridain pour un pique-nique estival.
Encore quelques côtes le long du littoral sud du Loch. Très belles vues sur le Ben More, point culminant de Mull, à 966m. La circulation est un peu plus dense du fait des voitures et des bus de touristes allant et venant à/de Fionnphort, 'port' d'accès à Iona, où nous nous rendrons demain.
L'étape ce soir sera Bunessan, minuscule village de quelques maisons, un Spar, un bar-hôtel, un bureau de poste... le tout disposé en fer à cheval sur les rives d'un bras du Loch na Lathaich.
Fidèle à la tradition, notre B&B est en haut de la dernière côte, perdu au milieu de la lande, bien au calme.
Roger et Helen, nos hôtes nous reçoivent dans leur maison/ferme, avec gâteau et thé, dans le salon chauffé par se soleil.
Non contents des kilomètres parcourus depuis le matin on redescend vers le pub-hôtel pour dîner. Pour Jenny ce sera un énième 'fish and chips', pour moi une fricassée de coquilles St Jacques au boudin noir....Original (mais excellent) !
Super journée de pédalage, paysages époustouflants, belle météo...pourvu que ça dure !
Jour 9 - 8 septembre 2019 - Bunessan - Iona (Ferry)
Ciel gris et sec au lever. Petit déjeuner pris, les ânes de métal bâtés, bye-bye Helen et en route pour Fionnphort et le ferry pour Iona. Un bout de piste cyclable à deux kilomètres du port, coupée par de nombreux portillons, devient vite pénible. L'intention était bonne mais ceux qui ont conçu le projet n'ont certainement jamais circulé à vélo.
La bruine se met en route. Une bruine bretonne des mauvais jours. Achat des billets de ferry dans une petite guitoune et attente. A l'embarquement, on est 2 vélos, 0 voiture et une dizaine de passagers pour une traversée d'une petite dizaine de minutes.
A l'arrivée le crachin redouble. L'île est petite et le B&B trouvé sans problème. Très belle maison, hôtes très sympa, belle décoration mais murs des chambres en carton, dommage !
Dès l'installation terminée on enfile les habits de pluie et c'est direction le "centre" et l'abbaye.
Restauration massive permise grâce à l'implication intense et généreuse du 8ème duc d'Argyll et de son épouse. Très beau gisants à leur mémoire, situés près du chœur. Le cloître et l'église (en activité) sont magnifiques. Quelques pierres très anciennes. Un petit musée fort intéressant retrace l'histoire des lieux et contient de nombreuses et splendides pierres tombales, certaines remontant à plus de 10 siècles...
Le Livre de Kells, actuellement visible au Trinity College de Dublin, aurait été produit ici, puis transporté à Kells en Irlande pour échapper aux raids Vikings !
La brume accentue l'impression de mystère entourant les lieux.
Après une belle et longue visite nous prenons congé de Saint Columba.
Passage rapide au petit magasin pour un pique-nique qui aura lieu dans la chambre tant la météo s'est détériorée.
Cartes postales, écritures diverses en attendant le "complimentary glass of wine" que Richard, notre hôte, nous sert à 18h00.
Dîner au restaurant d'à côté et retour sous un crachin bien installé.
Réseaux portables inexistants.. La seule communication envisageable est avec le Ciel.
Demain c'est la visite de Staffa. Saint Columba aura-t-il entendu nos prières pour une accalmie ?
Au centre du cloître, une statue en bronze de Jacques Lipchitz, (1891-1973), portant l'inscription suivante:
"Jacob Lipchitz, Juif fidèle à la Foi de ses Ancêtres, a fait cette Vierge pour la Bonne Entente des Hommes sur la Terre, afin que l'Esprit règne".
La statue représente la Vierge, supportée par un nuage étoilé descendant sur Terre, elle-même représentée par des animaux, des oiseaux et des êtres humains, et porté par l'Esprit Saint, une Colombe.
Les passionnantes visites des îles de Staffa et d'Iona, ainsi que la fin de ce périple "Écosse 2019" continuent ci-après dans la partie 2 de cet article !