Publié le 22 Novembre 2013
Irlande en Vélo - The Ring of Kerry avec ma fille - Mise en route
Le 13 & 14 septembre 2013
"Papa, je voudrais faire The Ring of Kerry avec toi, en vélo".... C'est comme cela que tout a commencé au début du printemps de cette année. Nos racines irlandaises, son voyage de l'an dernier à Cashel et son attirance particulière pour ce pays magnifique avaient semé la graine. Y'avait plus qu'à ...
Pour Jenny, le préparatifs cyclopédiques seront très succints: ce sera un coup de vélo le long du Canal de l'Ourcq, histoire de faire connaissance avec l'âne de métal qui allait être sa monture pendant la semaine de voyage. Accessoirement, tester la réaction des mollets. Quelques achats essentiels compte tenu du climat potentiel, plus un équipement de base pour le voyage (sacoches ARR et de Guidon) et nous voilà "fins prêts".
Côté organisation on s'était partagé la tâche. Ma fille s'occupait des étapes (itinéraire, distance journalière, B&B...) et moi je m'occupais de la logistique (résas train de Paris Montparnasse à Morlaix, Ferry Roscoff-Cork, train Cork Kilarney... et retour).
Pour les repas, on verrait sur place, en fonction de la météo.
J'ai toujours aimé préparer mes voyages en vélo, étudier les cartes, regarder des photos des endroits traversés, imaginer, rêver... Je trouve cette phase très passionnante. C'est déjà le voyage !
Je ne savais pas que c'était héréditaire ... Quelques semaines avant le départ, ma fille m'adresse un dossier avec cartes et photos, confirmations de chambres d'hôtes avec garages à vélos, sites touristiques méritant la visite ou le détour, etc.... de la belle ouvrage ! Ca augurait bien.
De mon côté les résas de TGV, de Ferry et des Chemins de Fer Irlandais qui devaient nous amener à Kilarney, ville de départ du Ring of Kerry, étaient faites.
13 septembre au matin: gris, maussade, bruine.
Jenny arrive à la maison avec ses deux sacoches ARR et sa sacoche de guidon, déjà habillée pour l'exercice, prête à partir. Après avoir bâté les mulets et expliqué le trajet jusqu'à la gare, on se met en route vers Montparnasse vers 9h30, pour un train à 11h et quelques.. A "Arts et Métiers" la bruine se transforme en pluie franche et froide. On passe St Michel, St Sulpice, on remonte la rue de Rennes et c'est enfin Montparnasse... doublement "Bienvenüe" quand on considère la météo. Pour Jenny c'était le baptême du feu. C'était son premier coup de vélo dans Paris... Impressionnant, mais on s'y fait vite !
Comme d'hab. j'entre dans la gare par le mini escalator sur la gauche, rue du Cdt René Mouchotte. (J'apprendrai au retour qu'il est possible d'entrer "à niveau" en empruntant les accès taxis...).
Comme d'hab. je me bagarre avec les deux poteaux en inox au pied de l'escalator: espace de passage 10cm plus étroit que mes sacoches arrière...
Ca passe !... le vélo commence à monter sur l'escalier mécanique mais cette fois-ci il se met à glisser en arrière cause pneus mouillés n'adhérant pas sur les marches en métal... En deux secondes je suis sur le dos, le vélo retourné sur moi ! Un homme se précipite pour m'aider à tout remettre debout... L'escalator nous vomit en vrac dans la salle des pas perdus. Un peu désordre... j'avais pas l'air malin ! Le pire c'est que Jenny -très inquiète- devait s'imaginer le voyage 'Over'...
Inspection rapide de la monture et du cavalier: tout est OK. Pas de casse, hormis mon mât à drapeaux qui avait perdu 20cm dans la chute et le porte bagages ARR légèrement décentré.
Toute la première partie des quais est bouclée par la police. Colis suspect dans un TGV. Attente indéterminée.. heureusement qu'on avait de la marge.. Ca continue de bien commencer ! J'en profite pour passer au guichet d'infos pour un premier coup de tampon dans le carnet.
Après une courte attente, quai 4 annoncé: on fonce, d'autant plus qu'on est en tête de train, juste derrière la loco. Débâtage habituel, Jenny s'occupe des bagages, moi des vélos.
Vaut mieux les mettre dans le sens de la descente, c'est plus simple pous sortir...
En route ! Morlaix, c'est loin: 4h10 de train car au-delà du Mans on caracole sur voies classiques.
La consolation c'est que plus on avance vers l'ouest, plus la météo s'arrange. 15h30 : on y est enfin. Le ciel est clair.
Longue descente vers le centre ville. Passage à l'OT pour un coup de tampon. Ils nous recommandent la Voie Verte plutôt que la Corniche. Alors va pour la voie verte ! Sauf que.... pour rattraper la voie verte il fallait remonter sur le plateau, au même niveau que la gare, à la hauteur du viaduc... La mise en jambes est sérieuse ! Elle occasionne un arrêt à mi pente pour souffler et remettre du pétrole dans les mollets de la cycliste.
Toujours prévoir pour la fringale..
La sortie de Morlaix est fantaisiste, mal balisée, entraînant des kilomètres supplémentaires, dont on se serait bien passés.
Le début de notre route serpente à travers des zones commerciales et pavillonnaires. Heureusement, des passants nous remettent sur la bonne voie. On passe Penzé. C'est marée basse. La rivière est trés envasée. Beaucoup d'oiseaux. Un peu plus loin des berges surplombées de pins: véritables estampes japonaises. Le vert vif des 'feuillages', le roux de l'écorce et des pommes de pin, le gris de la roche, de la vase... C'est splendide.
Un rayon de soleil aurait peut-être tout gâché...
Saint Pol de Léon, nouvelle fringale de Jenny. Cette fois-ci le traîtement est "Heavy Duty": un kouign-amann, l'EPO breton. .. et elle repart comme une fusée pour les derniers petits kilomètres qui nous séparaient de Roscoff.
C'est le pays de l'oignon, de l'artichaut, de la culture maraîchère, mais aussi des bananiers et des hortensias. Le climat ici est doux... aujourd'hui, pas assez pour tomber la veste mais trop pour la garder...
La Vierge Marie dans un Pentagramme ?
Manquerait plus que l'étoile soit rouge...
A 19h10 on est au port. Enregistrement très rapide et longue attente avant d'embarquer. Trois autres cyclistes attendent dans la file: deux Irlandais de Cork et un Breton du Faouet. Brin de causette obligatoire et finalement c'est notre tour.
Le "Pont Aven", la bouche grande ouverte pour avaler camions, voitures et menu fretin...
Là, on est vraiment en route !
Les vélos sont attachés au bout du pont à voitures. Super cabine et diner au restaurant 'chicos'. Le repas est excellent ! On l'a bien mérité !
Cabine pour 4.. les deux couchettes supérieures sont repliées...
Les côtes, le vent et la pluie ont eu raison des cyclistes fourbus. 1ere journée déjà pleine d'aventures !
Nuit en morse avec plus de points que de tirets...Assez mal dormi. Les cabines sont confortables et fonctionnelles mais les lits sont basiques et durs.. Pas de bruit hormis un léger vrombissement des moteurs du Ferry.. On file à 20 noeuds.. On est réveillés par une petite musique celtique... bien agréable. Le ciel est chargé mais il ne pleut pas ...
Il est à peine 7h00. Faut se lever et surtout ne pas louper le petit déj. On ne pédale pas bien le ventre vide !
Il est encore tôt.
Encore trois heures de navigation avant d'arriver à Cork. Devant le navire, le ciel s'est dégagé. On aperçoit la terre. Derrière, le ciel est noir et le sillage moutonneux. C'est très beau !
Jenny sur l'hélipont.. pas bien grande face à l'immensité de l'océan...
On fait le tour des différents ponts. Tout est nickel !
Il fait froid et le vent souffle. On se met à l'abri, derrière un grand hublot d'observation, à l'avant et soudain, on aperçoit à tribord, des dauphins faisant des bonds, accompagnant le bateau. La danse dure 2 ou 3 minutes et c'est fini ! Quel cadeau de bienvenue !
Retour à la cabine, derniers préparatifs pour l'arrivée, dans une heure. La côte devient claire: champs, falaises, maisons isolées, éoliennes.... le tout sous un grand soleil.
On débarque et on file vers la sortie du port. Je garde un oeil sur les Irlandais, loin devant nous. A la hauteur du pub "Shamrock", on quitte la nationale, virant à droite pour prendre une petite route 'forestière'. Elle nous mène à la 610 qui longe la côte, permettant de rejoindre la "scenic route" un peu plus loin.
Au bout de la baie on rejoint la route 610
A Monktown on s'arrête un instant pour remonter les rétros à droite. A gauche ils ne servaient pas à grand chose. Une petite dame nous demande si on a besoin d'aide. On profite de son offre pour remplir les gourdes dans sa salle de bains. L'accueil est chaleureux !
Accrochées à un mur, les marguerites profitent du soleil !
La route suit la côte. Elle est bordée de maisons peintes de toutes les couleurs. Les jardins sont remplis de fuschias, de roses et d'arbres tropicaux. Splendide !
Bel alignement de 'row houses'
On rejoint les deux Irlandais un peu plus loin. Ils nous guident vers la "scenic route" qui emprunte une vieille voie de chemin de fer.
Belle propriété le long de la scenic route
Soucieux de nous mener à bon port, ils nous accompagnent jusqu'à la gare. Photo obligatoire ! Au niveau gentillesse, notre périple commencait très bien !
Les deux amis
On se quitte. Pour eux c'est la fin du voyage, pour nous le début de notre aventure irlandaise.
On imprime les billets et on se fait expliquer le fonctionnement du retour car je n'avais pas réussi à valider la résa des vélos sur le dernier tronçon. (Il n'y a que très peu de places 'vélo' dans les trains 'régionaux'. Il est impératif de s'y prendre très à l'avance si on veut éviter les déconvenues...).
Jenny a faim ! Ce sera sandwiches et coca que l'on déguste assis parterre au bout de la station de taxis, dans le parking de la gare. Il fait un temps radieux !
Grand beau !
Quelques échanges avec les chauffeurs, curieux de voir les deux extra-terrestres pique-niquer dans un lieu pareil !
Pas besoin de table de pique nique
Le linge donnait un peu de gaité à la grisaille des maisons
14h20. Les vélos sont chargés tout montés dans un wagon de frêt super spacieux et les cyclistes installés à leurs places. Il n'y a que 20 minutes jusqu'à Mallow où l'on doit changer de train pour Killarney. Il est déjà à quai quand on arrive. Cette fois-ci pas de chance, il faut tout démonter car, si les cyclistes voyagent assis, les vélos eux, voyagent debout, côte à côte, les roues ARR coincées dans des gouttières étroites que les dérailleurs et garde-boue arrière n'aiment pas du tout...
Jenny charge les sacs, moi les vélos. Notre compartiment est juste à côté de la cabine du chauffeur de la Micheline. Brin de causette. Il nous rassure. On aura tout le temps nécessaire à Killarney pour "débarquer". J'espère seulement qu'on n'aura pas à emprunter de passerelle pour sortir de la gare...
Une heure plus tard, après un coup de klaxon à chaque passage à niveau, le train arrive en cul de sac en gare de Killarney. La sortie en ville est du même côté que le quai. En trois minutes tout est chargé et les ânes prêts à reprendre la route vers le B&B que Jenny a reservé.
Hôtel sympa. Bref arrêt pour déposer les sacs et on repart à l'OT pour faire la résa de bateau pour la visite des Skellig islands. Ce sera mardi, si météo OK. Pas de tampon à l'OT. C'est la comptabilité qui l'a et c'est fermé le WE... Tant pis ! (On se rendra rapidement compte que l'Irlande n'a pas, comme la France ou les pays du continent, une "culture tampon". Faire tamponner nos carnets s'est rapidement avéré être aussi difficile que d'affronter le vent ou les côtes de ce merveilleux pays....).
La résa de bateau étant faite on file à Ross Castle, 3 km du centre ville. On aborde le château et le lac par une jolie route de forêt. Le lieu est magique.
Ross Castle
Le château est bâti sur un promontoire qui surplombe le lac. Malheureusement il est fermé quand on arrive. Le paysage, les oiseaux, les lumières, les montagnes à contre-jour et le curieux "parking à bateaux", valent à eux seuls la visite. Le soleil est encore haut. Les couleurs sont douces et belles.
Les bords du lac
Curieux 'garage à bateaux'.. on glisse entre les deux rangées pour trouver sa place...
Au fond, le château..
Sur le sol irlandais.... Une cycliste heureuse !
Retour au B&B; Douche !! On gare les vélos dans la lingerie. A 19h30 c'est l'appel de la Guinness et du 'fish and chips' dans le pub en face de l'hôtel. Les sandwiches de midi sont loin !