Publié le 21 Juin 2018
La coupe du monde de football ayant contrarié nos plans initiaux, on avait décidé, mon compagnon de périple et moi, de faire une nouvelle virée cycliste à travers 'la Belle France'. L'idée était que je descende retrouver Rémi à Toulouse et que l'on partirait de là.
Partant de Vannes le mardi matin, je n'avais que six jours pour faire la route. J'avais donc décidé, pour éviter des étapes interminables, de prendre le train de Vannes à Nantes et de procéder de la même façon de Bordeaux à Toulouse, le restant se faisant à vélo bien entendu.
En effet, à quoi bon s'abrutir à faire 130 km par jour, la tête dans le guidon, sans rien voir ni apprécier des paysages traversés ?
Pour moi, le 'cyclo-tourisme' c'est avant tout du tourisme effectué à l'aide d'un véhicule ni trop rapide, ni trop lent, permettant au voyageur de se laisser envahir par tout ce que ses sens 'collectent' le long du parcours. C'est comme ça que je vois les choses.
Levé de très bonne heure pour finir de préparer Rock'n'Roll qui piaffait dans le garage, et fermer la maison, je mets en route à 7h15 vers la gare, sous un ciel bleu agrémenté d'un petit vent frais.
A question habituelle, réponse habituelle... Pas question, pour l'employé de gare, de me faire traverser l'unique voie pour accéder au quai N° 2 : "Interdit.... Règlement .. Faudra prendre l'ascenseur ou l'escalier..! .".
Je débâte donc l'âne de métal et fais plusieurs A/R pour tout transporter sur le quai N°2 via les escaliers, car là encore, les têtes pensantes de la compagnie nationale, ceux qui dessinent les ascenseurs, n'ont certainement jamais eu à les emprunter avec autre chose que leur imprévoyance ..
Une fois sur le quai, j'ai le droit à une autre amabilité...
"Non Monsieur, je ne sais pas à quel bout du train se trouve le wagon à vélos... les sigles sont sur les vitres"... Merci pour le Service !
Le TER venant de Quimper est pratiquement vide. Je ne prends pas la peine d'accrocher le vélo aux endroits prévus à cet effet. De toutes façons les crochets sont positionnés trop bas par rapport à la longueur de ma monture... A chaque fois c'est pareil et j'en ai assez d'endommager le garde-boue ARR.
La sortie de la gare de Nantes est plus sereine que l'embarquement à Vannes : des plans inclinés permettent de passer des quais à la rue !
Là une très longue rangée de camions de CRS, les occupants tous déguisés en 'Dark Vador' attendent les instructions... Centrale Thermique ? Notre Dame des Landes ?
Je ne connaîtrai pas la raison de leur présence mais serai heureux de passer le pont et de les laisser derrière. Passage à travers l’île de Nantes et direction les banlieues sud /Trentemoult.
Chantiers navals, entrepôts, friches industrielles, camions et grosse circulation pendant quelques kilomètres avant de m'échapper vers le sud-ouest (La Galimondaine, Bouaye, St Mars de Coutais, Lac de Grand Lieu etc..). Premières vignes..
A Bouaye, une erreur de parcours vélo m’emmène dans une cour de ferme. Le passage n'existe pas malgré le tracé viamichelin..
Une brave dame me remet vite en bon chemin. "La carte est fausse" qu'elle me dit.. Continuation vers Machecoul St Même. Plusieurs routes entrent dans Machecoul par le nord. Autant en sortent par le sud. C'est la recette idéale pour se perdre, ce qui ne manqua pas d'arriver. Heureusement qu'une postière vidait les boites aux lettres devant l'église. Elle me remet sur la bonne route après une course effrénée derrière son vélo électrique. J'ai du sérieusement appuyer pour la suivre...
En route, à Bois de Céné : une grenadine à € 1,2. Le menu du jour du bistrot est à € 12,00, tout compris !
Je suis sur une autre planète. A Paris, c'est le prix de deux bières...
"L'Espérance" c'est qu'il y ait bientôt un virage pour casser la monotonie des routes trop droites...
Vendée ! Longue dégoulinante sans effort jusqu'à Sallertaine. A la mairie : coup de tampon dans le Carnet de voyage et discussion avec une employée sympa qui s'adonne au vélo au long cours. La route Sallertaine - Le Perrier est très reposante, les paysages commencent à être bien différents.
La fin de trajet Le Perrier - St Jean de Monts se fait sur une belle piste en site propre. Heureusement, car il y a beaucoup de circulation... et on n'est que fin mai...
Arrivée par le "haut" de St Jean de Monts. Descente rapide vers le littoral, histoire de repérer le point de contact avec la Vélodyssée, pour demain (A la Grande Roue)..
La remontée se fait par l'Avenue de la Mer, bruyant boyau commercial piétonnier défiguré par les magasins et 'bouffoirs' pour touristes. Triste !
Le Vélo est rangé dans le garage du B&B et le cycliste, un peu raide des premiers 90 km du voyage, savoure un repos de fesses bien mérité...
Ce premier jour, la chaleur et de vieilles douleurs articulaires, probablement réveillées par une remise en route un peu brutale, ont quelque peu accaparé l'esprit du voyageur, ne laissant pas beaucoup de place à la contemplation. Demain ça ira mieux, no doubt !
Jour 2. La Vélodyssée. Saint Jean de Monts - Saint Vincent sur Jard
Levé de bonne heure pour profiter de la fraîcheur du matin. En effet, la météo s'annonce semblable à hier, c'est à dire chaude... Devant le B&B, rencontre d'une cycliste parcourant la même route, mais dans le cadre d'une collecte de fonds pour une association caritative rennaise.
Son vélo électrique est en bambou. Les tubes sont reliés entre eux par des manchons en résine. Fourche, attaches de roues en métal. Equipement Shimano haut de gamme. Machine splendide. La causette me retarde un peu mais qu'importe, encore un échange enrichissant !
Descente vers la plage par l'Avenue de la forêt, bordée de pins. Le soleil en dégage déjà la bonne odeur. A la grande roue, cap au sud !
Pistes extra, tantôt sur la dune, tantôt en sous bois, en sites propres ou partagés. Les villes traversées commencent à se réveiller à l'été mais de nombreux volets restent encore clos.
La côte vendéenne appartient aux O'Hara. Pas ceux de "Lucky Luke", mais ceux qui fabriquent les mobile-homes. En effet, le littoral semble n'être qu'une succession non-stop de terrains de camping et de villages de vacances multi-étoilés. C'est vrai que les plages sont immenses.
Après Brem sur mer la piste passe dans les marais d'Olonne, serpentant entre les plans d'eau impeccablement entretenus, domaines de prédilection des canards, des hérons et de tout ce qui vole dans les milieux aquatiques.. Une épaisse végétation borde le chemin.
Des personnes mal intentionnées, ayant cassé des panneaux de direction de la Vélodyssée à plusieurs carrefours dans le marais compliquent la vie du cycliste, qui s'embarque -à plusieurs reprises- sur des mauvais chemins. Résultat : quelques kilomètres de plus au compteur, une perte inutile de temps et une grosse poussée de haine envers les imbéciles !
Les Sables d'Olonne sont atteintes en début d'après-midi. Les appartements du front de mer sont majoritairement bouclés. Les peintres s'affairent. Quelques adeptes du soleil rôtissent dans une chaleur d'enfer...C'est triste une ville qui ne vit que deux mois par an....
Pas une once d'ombre... Rapide déjeuner sur un banc au bout du remblai et remise en route pour Saint Vincent sur Jard.
Talmont Saint Hilaire.... nouvelle expérience de traversée de marais eux aussi impeccablement entretenus. (Les ilôts sont tondus...). Marais très différents de ceux d'Olonne car très "dégagés"... Mais le ciel commence à se faire menaçant. Il fait très lourd et l'orage monte. Pas question de se faire prendre à découvert.
Les derniers kilomètres sont rapidement avalés. Le B&B de Saint Vincent sur Jard est atteint avec soulagement, car les 92 kilomètres plus la très grosse chaleur commençaient à rendre la fin de parcours pénible.
Super dîner au petit resto en "ville" et retour au B&B. Pas besoin de berceuse !
Jour 3. La Vélodyssée. Saint Vincent sur Jard - Châtelaillon.
A peine sur la route devant le B&B je me rends compte que mon pneu avant est à plat.. Ça commence bien ! Le très sympathique patron me donne un coup de main et en 35 minutes l'affaire est réglée et le cycliste reparti. Merci patron pour l'aide précieuse !
A la Faute sur mer, croyant être à l'Aiguillon sur mer, je m'offre quelques kilomètres supplémentaires sous le cagnard de midi avant de trouver la route directe vers Saint Michel en l'Herm.
De là, la route vers Pont du Brault passe dans un paysage de polders, de canaux, de moutons et de ciel immense. Des pêcheurs font le plein de mulets avec leurs grands carrelets carrés plongés dans les eaux limoneuses et remontés, inlassablement.
Ce sera ensuite le halage de la Sèvre Niortaise jusqu'à Marans où la trajectoire bifurque plein sud jusqu'à La Rochelle, via Dompierre sur mer, en longeant la Canal de Marans.
A Pont du Brault, j'avais pensé couper court, direct vers La Rochelle, sur la D9. J'ai rapidement déchanté au vu de la circulation qui empruntait cette route. Tant pis, ce sera plus long, mais au moins, en site propre (en grande partie).
Alors que le chemin de halage le long de la Sèvre Niortaise est de qualité acceptable pour un VTC même bien chargé, celui bordant le canal de Marans est pourri. Pour le rendre plus désagréable encore, il est en ligne droite sur des kilomètres et la plupart du temps à découvert (sans ombre), mettant le vélo et le cycliste à rude épreuve sous le soleil de plomb.
Court arrêt à La Rochelle, qui aurait mérité plus de temps, mais j'avais encore 18 km à faire pour atteindre Châtelaillon... Quittant le centre-ville, la Vélodyssée repart via les ports de plaisance avant de filer en direction du sud-est vers Aytré, Angoulins et Châtelaillon, sur des pistes côtières souvent abîmées, poussiéreuses et pas très bien indiquées.
Jour 4. La Vélodyssée. Châtelaillon - Royan.
Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas... Autant le soleil avait brillé hier, autant il est absent du ciel gris et menaçant ce matin.
A peine Rock'n'Roll bâté dans la cour du B&B, il se met à pleuvoir d'un crachin bien gras; pas une pluie franche et nette dont on peut prévoir plus ou moins la durée, mais plutôt le genre minimaliste et teigneux qui pénètre patiemment les habits du cycliste jusqu'à lui atteindre le squelette.. à moins d'enfiler le scaphandre/sauna.
Départ par le front de mer, aussi triste que Blackpool, sans les manèges, un jour de grosse pluie.
La vélo-route quitte rapidement le littoral et rentre dans les terres. Confusion de panneaux avant Saint Laurent de la Prée. Une bifurcation mène vers l'île d'Aix. L'autre direction (la bonne) n'est pas très bien indiquée. La dynamique employée de Mairie m'indique le chemin le plus court pour rejoindre la Vélodyssée....qui en fin de compte passait juste au bout du parking..
L'idée était d'éviter la grande boucle au-delà de Rochefort et de gagner Soubise (rive gauche de la Charente) pour filer directement vers Marennes sur la D3, en empruntant le bac/passeur.
Pas de chance, il ne fonctionne pas aujourd'hui, m'obligeant à suivre le fleuve vaseux, bordé de roseaux et de prés salés jusqu'à pouvoir trouver un accès au viaduc de la Charente. (Pas évident..)
Sans vouloir passer pour un éternel râleur, mais dans le seul souci de sécurité, je pense que les crânes d’œuf des Ponts et Chaussées auraient pu prévoir autre-chose qu'une bande étroite sur le bord de la route, séparée de celle-ci par des pointillés blancs, pour la circulation des vélos sur le viaduc... C'est vrai qu'il y avait un panneau invitant les cyclistes à la prudence !.. Moins coûteux que les très larges trottoirs -en site propre- des ponts danois...
Le viaduc passé, ce sera un 'back-track' rive gauche jusqu'à Soubise. Quelques kilomètres sans intérêt mais qui me feront gagner beaucoup de temps. Très appréciable vu la météo du jour, car la pluie n'avait pas cessé depuis le matin.
La seule vie dans Soubise semble se concentrer autour de l'Intermarché, le restant paraissant assez sinistré.
La D3 passe successivement par Moëze, puis Brouage, un bourg de quelques maisons dominé par une très belle citadelle fortifiée. Dommage que c'était l'heure du déjeuner et que tout était fermé, en particulier un petit musée du vélo. Quelques touristes déambulaient dans la rue principale en K-Way, se rabattant sur les 'Galeries' et autres 'Ateliers de créateurs', seuls ouverts.
A Marennes, la Gendarmerie me remet sur la route de la Tremblade, où à 15h, je déjeune de ma salade dans un abri bus, au sec, avec banc fourni..
L'employée de l'Office du Tourisme d'Arvert me trace la route la plus courte pour rejoindre Saint Palais sur Mer, puis Royan. Passant par Saint Augustin j'évitais de faire tout le tour de la presqu'île d'Avert et réduisais l'étape d'une bonne dizaine de kilomètres. A peine sorti du bourg, la pluie redouble.
Saint Palais, ville morte : quelques fous en shorts, sandales, cirés et parapluies passent sans conviction d'une vitrine à l'autre en essayant de tuer le temps, jusqu'à l'heure de l'apéro..
Le chemin côtier est 'up and down' jusqu'à Royan où subitement la pluie s'arrête laissant même une petite place au soleil dans le ciel qui bleuit.
Arrivée à l'hôtel à côté de la gare à 19h00. Journée pas très gaie, compliquée par une météo désolante.
Un super dîner à "La Criée", petit restaurant en contrebas du remblai, situé près de la grande roue sur le port, réconcilie le cycliste avec la grisaille de la journée.
Promenade digestive de retour à l'hôtel sous un ciel maintenant parfaitement dégagé.
Il était temps !
Demain c'est le Médoc...
Jour 5. Un bout de Vélodyssée puis "Estuaire de la Gironde". Royan - Lamarque.
Le trajet de l'hôtel vers le ferry reliant Royan au Verdon sur Mer se fait sans difficultés. J'avais prévu large et suis arrivé bien en avance pour le ferry de 9h40. Il était encore loin des côtes quand j'ai garé Rock'n'Roll dans la file des deux-roues.
Au signal, tout le monde embarque et une fois mon âne de métal attaché, c'est direction le pont pour profiter du voyage au soleil et au vent. La traversée de l'immense estuaire dure 35 minutes environ.
De l'autre côté, la piste cyclable de la Vélodyssée démarre à peine sorti du port. C'est d'abord un long et agréable passage en sous-bois sur une belle piste en bitume, longeant une vieille ligne de chemin de fer. Petits pins, bouleaux, bruyère etc. Le tout, accompagné par les parfums d'églantiers, de sureaux et de chèvrefeuilles dégageait déjà la bonne senteur de la végétation réchauffée au soleil du matin.
Bref arrêt à Soulac. Là, je quitte la Véloroute officielle pour continuer côté estuaire.
Inconcevable en effet de parcourir le Médoc sans passer par Saint Estèphe, Pauillac, Saint Julien, Margaux, Cantenac....et tant d'autres lieux seuls connus des cavistes..
Une statue de la 'Liberté éclairant le Monde' (reproduction à l'échelle de l'originale, coulée dans les moules de Bartholdi), orne une placette du front de mer de Soulac. Elle fut érigée en l'honneur de Gilbert du Motier, Marquis de La Fayette qui quitta Bordeaux au printemps 1777 pour rejoindre les forces de libération de la jeune république américaine. Soulac aurait été sa dernière vision de la Patrie avant sa traversée vers l'Amérique et vers le destin que l'on lui connaît.
Bref passage à l'Office du Tourisme et mise en route plein est avec un premier arrêt à l'aérodrome de Soulac sur Mer (LFDK), histoire de leur donner le bonjour de celui de Vannes (LFRV).
Après un brin de causette, c'est direction Talais, Saint-Vivien de Médoc, Jau-Dignac et Loirac et au-delà, sur une route peu fréquentée qui ne s'éloigne jamais trop de l'estuaire. Route plate, monotone, sans ombre, bordée de polders herbeux. Pour les vignes il faudra encore attendre un peu.
Chaleur étouffante + grosse humidité = orage, servi en guise de dessert peu après le moules-frites pris dans un petit bistrot de Saint Vivien.
Ces orages à répétition (très violents) causeront malheureusement d'énormes dégâts dans les vignobles de la région...
En ce qui me concerne, la seule conséquence de cette météo désagréable fut d'être rincé à plusieurs reprises à l'eau claire durant l'après-midi...et de nombreuses autres fois durant le voyage.
Contrastes saisissants entre les maisons des villages traversés et les propriétés vinicoles de prestige.
D'un côté, modestes maisons basses en tuffeau usé par le temps, peu ou pas entretenues, dont beaucoup ornées de panneaux "à vendre".. et de l'autre, superbes châteaux aux noms prestigieux, bordant les vignes impeccablement entretenues où pas une rose ne se permettrait de faner au bout d'un rang.
Tout le classement de 1855 est présent à l'appel.
Prépondérance de l'activité vinicole, forte mécanisation, saisonnalité des tâches, absence d'autres pôles d'activité... plus la force gravitationnelle de Bordeaux ont eu raison de ces vieux villages du Médoc qui suivent le même chemin que ceux de la Champagne.
Je passe St Estèphe... puis Pauillac. L'entrée en ville en bord d'estuaire est une zone industrielle qui s'étale sur des kilomètres, faisant face à la centrale nucléaire du Blayais, de l'autre côté...
Les derniers kilomètres vers Lamarque, où j'avais prévu de m'arrêter, se font sans gros problèmes, la pluie ayant enfin cessé de tomber. J'étais heureux des découvertes de la journée, de pouvoir maintenant mieux situer ce que je lisais depuis des années sur les étiquettes de "Bordeaux". Mais à 15 km/h on attrape très vite une 'indigestion de vignes'. Assez rapidement la magie du nom n'opère plus, car rien ne ressemble plus à une vigne qu'une autre vigne.
L'arrivée au B&B fut donc bienvenue !
Le petit resto d'à côté étant complet, mon hôtesse me propose de dîner dans une guinguette en bordure de Gironde, au port de Lamarque. J'aurais mieux fait de piocher dans mes sacoches.... Repas quelconque et cher. Rien à voir avec l'excellence d'hier soir à Royan. On ne gagne pas à tous les coups !
Jour 6. Lamarque - Bordeaux - Toulouse.
Après le petit déjeuner magnifique à la chambre d'hôte, mise en route sur la D2 vers le sud. Passage à Margaux où un Kebab fait tâche sur la petite place en face la pharmacie... Malheureusement, la médiocrité et la laideur gagnent chaque jour un peu plus de terrain..
Les routes reliant les villages des grands crus classés restent un peu monotones mais les vignobles sont impeccables. Nouveau contraste !
Un clin d’œil malgré tout : la route du cimetière... et une contribution à la culture, celle-là, sur une propriété privée, ouf !
Heureusement que quelques très belles propriétés parsèment le paysage, les rues principales des villages étant plutôt désolantes..
Passé Margaux, c'est Cantenac, puis Macau (Gironde, faut préciser), où l'on peut partir à gauche pour se rapprocher tout près de l'estuaire.
Petite route tranquille où une guinguette exhalait des parfums de cuisson autrement plus intéressants que ceux d'hier soir..
L'orage de la veille avait laissé pas mal de traces. Branches, feuilles et divers objets jonchaient la route. Les pelouses du beau château s'étaient transformées en étang..
Fin de parcours vers Bordeaux sur la bande d'arrêt d'urgence de routes assez passantes. L'entrée en ville se fait par les zones commerciales habituelles : succession hétéroclite de grandes surfaces, concessions automobiles, pneus discount, moquettes et papiers peints, magasins d'usine, hôtels d'entrée de gamme, chaines de fast-food... sans oublier la ribambelle de boutiques de tout et de rien...
Après cette approche qui défigure tant de villes de France, l'arrivée sur le quai est une belle surprise ! La Garonne fait un immense arc de cercle qui s'étend sur une distance considérable. Belles façades, nombreux restaurants, parcs, beaucoup d'espace, fontaines... et comme c'est dimanche, beaucoup de monde à profiter du soleil en déambulant ou en pique-niquant le long du fleuve. C'est très vivant et bien agréable.
Au loin, deux 'HLM flottants' sont accostés au quai, leurs occupants descendus se dégourdir les jambes en ville.
Un petit resto tout près de la Gare Saint-Jean me sert un excellent repas pour 16 euros tout compris (entrée, plat, dessert, vin, café...).
Longue attente pour mon Intercités vers Toulouse. Pas de chance, le quai n'est pas 'dédié' au train, ce qui aurait permis une mise en place sans bousculades. Au lieu de cela, le quai n'est annoncé que quelques minutes avant l'entrée du train en gare, obligeant le cycliste à jouer des coudes dans la descente et la montée des escaliers d'accès.
Le wagon à vélos est OK. Rock'n'Roll est le seul passager. Les deux heures et quelques de trajet se passent sur un strapontin à côté d'une tante et de sa nièce, qui avaient réservé des sièges n'existant pas....la faute au logiciel qu'on leur a dit... Décidément, tout est réellement possible à la SNCF !
Arrivée à Toulouse avec 10 minutes de retard.. A peine sorti du train les hauts-parleurs de la gare annoncent un colis abandonné...et qu'il faut évacuer le hall 2 immédiatement..
En ce qui me concerne, c'est rebelote avec les escaliers.. Une descente pour rejoindre le couloir passant sous les voies et deux niveaux pour atteindre le parvis à l'extérieur. Pas de panique, si on veut que j'aille plus vite, il faudra venir m'aider.. Pas de chance, la maréchaussée est occupée ailleurs.
A l'extérieur, tout est bouclé. Malgré les coups de sifflet la circulation est à l'arrêt à cause des travaux devant la gare. C'est la pagaille la plus complète.
Après plusieurs coups de fil, Rémi me retrouve enfin à la gare routière. Passées les retrouvailles, embrassades et autres civilités on embarque Rock'n'Roll sur le rack à vélos de son fourgon et c'est direction Flourens où je passerai une super soirée en compagnie de sa famille..
Extinction des feux à minuit passé.. Ma première partie du périple se termine. Demain c'est le 'vrai' départ et ça risque d'être rude !
Jour 7. Toulouse - Moissac. Mise en route 'officielle' du périple 2018 !
Déposés de bonne heure dans le parking d'un McDo en bordure de Toulouse, on prépare les ânes au long voyage qui les attend. La Météo n'est pas réjouissante : ciel gris et bas, pluie attendue..
Normalement la traversée de Toulouse ne présente pas de difficultés particulières. Il suffit de suivre le canal vers le nord-ouest et l'ouest, à partir de la gare. C'est ce que l'on aurait dû faire... La famille de Rémi nous avait donné des raccourcis pour éviter le centre-ville et c'est là que les choses se sont gâtées.. En vérité les raccourcis c'est comme les queues aux tiroirs- caisses des super-marchés : c'est rarement la plus courte qui va le plus vite !
Après quelques kilomètres à errer dans les grandes avenues de la ville on retrouve enfin le cours d'eau que l'on aurait dû suivre dès le départ..
On se reperd une fois encore à 'l'Embouchure', là où le canal file vers le nord vers Moissac, longeant l'autoroute pendant quelques kilomètres. A notre décharge, la signalétique n'était pas très claire.
Des employés d'Eiffage nous remettent en route via le Stade toulousain où l'on rejoint le halage en passant dans un tunnel au bout du parking..
Sur la carte ça paraissait si simple... Qu'importe, on était finalement en route !
Les premiers kilomètres sont assez déprimants. Le canal est bordé à gauche de cabanes, de taudis, de caravanes et de structures diverses abritant une population d'individus vivant en marge de la société, par choix, ou malheureusement, pour d'autres, par obligation. Conditions de vie déplorables, hygiène inexistante dans ces dépotoirs coincés entre canal et autoroute.
Le halage vers Moissac est monotone et la pluie, qui s'était mise à tomber, n'arrangeait rien. Bordures de canal classiques. Platanes. Biefs interminables. Arrêts fréquents pour se protéger sous les ponts..
Ne trouvant aucun endroit réunissant les deux prérequis pour déjeuner, à savoir, au sec et assis on se rabat sur la "salle d'attente" de la gare SNCF de Dieupentale. Là au moins on pouvait tout déballer sans remplir les sacoches d'eau de pluie.
Un jeune attendait un train. C'était jour de grève. Après une heure d'attente il est parti, dépité.
La continuation de la route se fait sous des averses de force et de fréquence variées. On ne pouvait pas trop se plaindre. D'autres, sur le Chemin de Compostelle, le faisaient à pied..
Passage du pont canal du Cacor où le canal rencontre le Tarn.
Arrivée à Moissac en fin d'après-midi. Le ciel s'est calmé nous permettant une brève visite de la ville et de l'Abbaye, haut lieu de pèlerinage et passage obligé pour les nombreux candidats au Camino.
Au camping on se loue une tente toute montée, le ciel étant redevenu menaçant. Quelques courses à l'épicerie. Repas "à la maison"...et re-déluge !
Vaisselle faite, vélos rentrés, extinction des feux à 22h30 pour une nuit de grosse pluie, frappant la toile jusqu'au matin...
Jour 8. Moissac - Saint Sylvestre sur Lot.
La pluie est tombée sans arrêt toute la nuit, jusqu'au matin. Une mise en route à la fraîche sera pour un autre jour. Petit déjeuner de ce que l'on avait dans les sacoches : céréales, lait concentré sucré, pain sec et café.
Bref passage en ville pour rejoindre le halage du canal, direction Agen. Nombreux pèlerins courbant le dos sous leurs sacs paraissant bien lourds.. Buen Camino !
Une averse ou deux. Biefs interminables bordés d'impeccables rangées de platanes. Revêtement variable, pourri par endroits. Quelques prises de vue sympa, mais la météo rend l'exercice difficile..
A l'entrée d'Agen, quelques courses suivies d'un pique-nique de salades industrielles (mais bien pratiques) et remise en route vers l'intersection avec la D813, juste avant que le canal ne franchisse la Garonne.
Dans l'élan on loupe la sortie. Erreur vite corrigée. On n'avait pas besoin de kilomètres supplémentaires.
Un bout de D813 très passante et c'est tout de suite la D302, vers le nord-est, en direction de Villeneuve sur lot. Kilomètres de chaleur et de relief mais sur des routes calmes, souvent en pleine campagne et à travers bois. Fruitiers partout. Très peu d'indications de direction. Seulement des lieux-dits et fermes au champ, heureusement mentionnés sur les cartes que j'avais préparées. Des locaux, questionnés, nous mettront sur la bonne route à certaines intersections où rien ne collait.
Finalement, on se retrouve en bas de la colline de Pujols que l'on n'aura pas cœur à grimper.
Le temps filait et on était encore bien loin de l'étape de Saint Sylvestre sur lot.
La traversée de Villeneuve se fait sans problèmes. Brin de causette avé la police municipale et courses au Leclerc de l'avenue de Fumel avant de reprendre la véloroute bucolique, nous évitant la grosse circulation de la D911.
A 19h45, on est enfin au camping. Ce soir on se paye un mobile-home, à peine plus cher que deux emplacements de tente et autrement plus sympa.
Douche, solide repas de pâtes au jambon (le paquet de 500gr y passe...)
Pas besoin de berceuse après cette journée de météo contrastée, complice du relief...
Jour 9. Saint Sylvestre sur Lot - Puy l’Évêque.
Première étape ce matin : visite de Penne d'Agenais, magnifique village perché sur une arête, en haut d'une belle côte, situé de l'autre côté du Lot. Une de mes filles y avait vécu pendant un certain temps à l'occasion d'une formation en peinture décorative. L'atelier est maintenant devenu la bibliothèque municipale mais les trompe-l’œil décorant l'entrée sont toujours là..
La côte est horrible et interminable. En plus, elle nous prend à froid, à peine le pont traversé. (On savait qu'on allait devoir en affronter d'autres durant le voyage, mais tant qu'elles n'étaient encore que dans le domaine de l'imaginaire, elles ne nous souciaient pas outre mesure... A chaque jour suffit sa peine !).
Rémi gravira la côte sans mettre pied à terre. Moi, je pousserai le vélo dans la dernière partie. Pas la peine de se tuer dès le matin.
Hormis des travaux de fleurissement en prévision de "la saison", le village est vide. Les ruelles et venelles bordées de belles maisons en pierre sont sans vie. Et en plus, le ciel est gris..
Laissant les vélos devant la mairie, on monte la côte vers Notre Dame de Peyragude, histoire de visiter la Basilique et de profiter de la vue exceptionnelle sur le Lot et la campagne avoisinante.
Un coup de tampon à la mairie et un autre à la bibliothèque remplissent deux cases de nos carnets de voyage.
Remise en route en suivant la véloroute de la Vallée de Lot. On restera sur le tracé jusqu'à Lustrac, autre très joli village bien endormi. Une section en site propre, bordant la voie de chemin de fer, demande des talents d'équilibriste tant le chemin est étroit et tant les ronces et les orties l'ont envahi.
Quand on voit l'état de la pierre, on peut imaginer que le ruisseau n'est pas toujours au fond de son lit...
De Lustrac on continue sur la D911 en direction de Monsempron-Libos, évitant ainsi des kilomètres de zig-zag le long de la rivière (et trois ou quatre côtes sérieuses en prime).
La sortie de Monsempron est un peu un jeu de pistes. Une voie verte passant au sud de Fumel démarre devant la gare et file sur quelques kilomètres sur la rive droite du Lot.
Durant la matinée, la météo était passée de gris nuageux frais, à ensoleillé; puis à gris nuageux menaçant, bien lourd et humide... Un bel orage se concoctait quelque part dans le ciel...
Comble de malchance, à la sortie d'une nouvelle section de voie verte, un peu au sud de Duravel, je crève (deuxième fois pendant ce voyage..), mais cette fois à l'arrière.
Réparation longue et pénible car il a fallu tout retirer du vélo pour enlever la roue arrière. Un fermier du coin et un Anglais en camping se mêlent de la réparation. Tout le monde donne son avis.. Rémi, lui, tenait Rock'n'Roll en appui sur la béquille ARR pour ne pas endommager le dérailleur.. Moi j'avais trouvé une flaque d'eau laissée par l'orage du matin.. Finalement tout rentre dans l'ordre et on repart, fortement encouragés par le vieux cultivateur de filer au plus vite et de nous arrêter au premier hébergement possible... car l'orage qui montait allait être Kolossal et le bonhomme savait de quoi il parlait..
Après quelques kilomètres parcourus à une vitesse surprenante, compte tenu de la chaleur, on arrive à Puy l’Évêque. Le ciel était devenu carrément noir. L'office du Tourisme nous trouve une chambre à l'hôtel Logis du bourg. (Excellent). A peine les vélos rangés à l'abri, l'orage prévu éclate... et quel orage ! Le vieux monsieur avait raison.. Faut écouter les locaux.
On n'avait pas prévu de faire une étape si courte. 51km c'était une misère. Résultat, on décide de réajuster le parcours du lendemain. On ne passera pas à Sarlat. Ce sera une directe vers Souillac, via Catus, Degagnac et Gourdon. 80km si tout se passe bien, car il y avait encore de fortes probabilités d'orage pour les jours à venir.
Jour 10. Puy l’Évêque - Souillac.
Nuit de pluie et d'orages non-stop... Mise en route dans la grisaille sur la D811, en direction de Catus. Parcours relativement plat et sans problèmes. Des haies entières de buis bordant la route dévastées par la chenille verte, laissant des squelettes de bois mort.
Très belles maisons et "châteaux" dans les villages, mais beaucoup de panneaux 'à vendre' ou 'à louer'... C'est triste un pays qui meurt..
On passe le village de Saint Médard sur la D5. Le dicton avait pris de l'avance car Médard ne se fête que le 8 juin..
(A moins que les pluies subies depuis le départ aient été des restes de 2017 ?).
Beaucoup de fleurs sur les bas-côtés de la route, telles ces orchidées sauvages..
A Catus, bref arrêt au Spar pour le pique-nique de midi et remise en route plein nord vers Dégagnac, que l'on aurait dû atteindre hier soir.
Le relief se réveille et on est vite en situation de cardio et de sauna. La première section est très accidentée. La route étroite et peu passante traverse des forêts de petits chênes, de genets, de bouleaux, puis débouche en plaine. Fermes aux champs. Murets de pierres sèches, touffes de chèvrefeuille et d'églantiers. C'est un paradis d'oiseaux et de fleurs.
On atteint Dégagnac après une série de montées et de descentes plus ou moins rudes. Le ciel se dégage mais il fait frais à l'ombre. Une table de pique-nique le long du lac tombe à pic.
On se dit qu'il doit y avoir des esprits protégeant les cyclos, car il ne nous a pas fallu plus de dix minutes pour nous rendre compte qu'il n'y a aucun hébergement en "ville" et que si on y était arrivé hier soir, la nuit n'aurait certainement pas été bien agréable au vu des énormes flaques d'eau qui restaient un peu partout.
(Le B&B de Mme Villard à côté du Moulin Blanc au sud de Lavercantière ne prend pas d'hôtes à la nuitée et le Domaine de Montsalvy, près de Dégagnac excédait largement notre budget.)
A ce sujet, il convient de bien préparer les étapes si l'on a décidé d'un hébergement en dur. Les infos fournies sur les possibilités -petits hôtels locaux, B&B, gîtes etc.. ne sont pas toujours fiables. Il vaut mieux téléphoner à l'avance et s'assurer que l'info est toujours pertinente. Plusieurs fois nous avons ainsi découvert que des établissements répertoriés sur des sites touristiques étaient en fait fermés depuis bien longtemps déjà...alors prudence !
On atteint Gourdon après une nouvelle série de côtes parfois longues mais maintenant bien ensoleillées.
L'Office du tourisme nous tamponne les carnets et nous met sur la route de Souillac. De nouveau le ciel menace. On pensait faire les derniers 25km au sec. Loupé ! A mi-chemin, grosse averse nous obligeant à nous re-déguiser en scaphandriers.
Puis, comme tant de fois depuis le départ, le ciel se re-dégage et les cyclistes se déshabillent mettant fin au énième sauna.
A partir de Lamothe-Fénelon, la route serpente à plat dans les noyeraies et finit par rejoindre les rives de la Dordogne avant l'entrée dans Souillac.
Passage à la mairie pour un coup de tampon. L'employée est si surprise par notre aventure qu'elle nous suit dehors sur le trottoir, histoire de vérifier qu'on ne lui avait pas raconté d'histoires. Un brin de causette, des encouragements, des mercis et c'est direction notre petit hôtel, réservé en route.
Un excellent repas clôt cette première journée de réels efforts, avant-goût de ce que nous réservaient les jours suivants... Petite balade digestive en ville, où, à 20h30, nous sommes les seuls et les derniers promeneurs.
Arrivée à Gourdon. Comment ruiner une perspective ! Où sont les architectes des 'Bâtiments de France ?'
Jour 11. Souillac - Saint Céré.
Au départ de Souillac le brouillard est accroché aux sommets. Il fait frais mais le ciel est sec !
Dès le bifurcation sur la D43, la route commence sa lente montée vers le plateau. La journée sera une succession de montagnes russes plus ou moins prononcées, assaisonnée d'une belle dose de chaleur et de soleil.
A Belcastel, pour éviter un long détour, on prend le GR6, chemin caillouteux en forte pente descendant vers l'Ouysse, un petit affluent de la Dordogne. Plusieurs très belles demeures bordent le chemin.
On pensait pouvoir atteindre la D247 vers Rocamadour en remontant le GR à travers le village des Bertoux. On aurait ainsi "économisé" pas mal d'efforts.. L'état du chemin était si dégradé que nous avons dû, en fin de compte, passer par Lacave et nous payer une magnifique côte de sortie de vallée dont on se serait bien passé.
La route vers Rocamadour est bordée d'une végétation de petits arbres chétifs, de chênes courts sur pattes et de garrigue. Pas beaucoup d'ombre...
On arrive à Rocamadour par le haut (l'Hospitalet) ce qui nous offre une vue de profil extraordinaire du village accroché à la falaise. Pour le voir de face il faut descendre dans la vallée..on ne le verra donc pas de face.
Après un passage à l'OT pour faire tamponner nos carnets et quelques courses pour le midi on remet en route vers Padirac. Le trajet se passe essentiellement en plateau avec quelques creux et bosses pour casser la monotonie...
La Poste d'Alvignac nous offre le seul banc à l'ombre depuis le départ de Rocamadour. Ce sera parfait pour le pique-nique. A peine sortis du bourg on tombe sur une magnifique aire de repos équipée de tables et de bancs disposés à l'ombre de grands arbres...preuve que la loi de Murphy n'est pas une vue de l'esprit !
Padirac village est atteinte sans trop de soucis de mollet. Le gouffre n'est plus qu'à une courte distance. On jette un rapide coup d’œil à l'énorme trou menant aux entrailles de la terre et que l'on ne visitera pas pour des raisons d'horaires.
Curieusement, j'écris ces lignes au moment où les sauveteurs viennent de remonter -sains et saufs- les derniers enfants thaïlandais, prisonniers d'une autre grotte, depuis deux semaines...
Pour ma part, je préfère le ciel aux profondeurs de la terre ou des océans..
Au vu de l'état du chemin que l'on comptait emprunter pour remonter vers la D30 menant à Saint Céré on a rapidement décidé d'une route alternative, et plus directe. La D673 circule en grande partie sur les hauteurs, à travers plaines et bois.
Les huit derniers kilomètres (sur la D807) nous réconcilient avec les difficultés de la journée. En effet, c'est une descente continue à 6%, sur une très belle route qui permet de laisser filer les ânes de métal.
La clarté du ciel et le dégagement côté gauche de la route permettent une vue exceptionnelle et panoramique sur les villages et les pitons surmontés de châteaux, certains en ruine, d'autres parfaitement conservés.
L'office du Tourisme nous installe au camping (ex-municipal), repris par des jeunes pleins de confiance et d'énergie. Après avoir expliqué que nous n'étions pas en mesure de faire un dépôt de garantie de € 300 (qui nous serait rendu au départ..) et qu'on n'avait pas pour habitude de casser le matériel ou de partir avec les casseroles, ils finissent par nous louer un mobile-home tout neuf, pour une misère.
Courses, douche et lessive... suivies par quelques bières et un repas roboratif font rapidement oublier les côtes et clôturent cette belle journée de pédalage sur des routes sympa et peu fréquentées.
Jour 12. Saint Céré - Aurillac. 90km très compliqués...
Mise en route de bonne heure sous un ciel clair et un soleil qui promettait une chaude journée.
De Saint Céré à Latouille-Lentillac, on longe la Bave, paisible affluent de la Dordogne. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser entendre, c'est un cours d'eau qui peut causer de grosses inondations à tel point qu'un système de détection de hauteur d'eau a été mis en place, permettant de prendre les mesures qui s'imposent si le niveau venait subitement à monter.
Les premiers kilomètres serpentent dans une vallée ombragée et fraîche et ne laissent rien deviner de ce qui attend les cyclistes à la sortie du village.
Pour éviter les routes trop passantes j'avais concocté un parcours qui nous menait de village en village à travers une campagne que je n'imaginais pas si vallonnée..
A peine les dernières maisons passées, la route vers Lacam-d'Ourcet part à gauche, dans le bois, et sans perdre un mètre, affiche une pente (montante) d'au moins 10%, ..
Montée infernale en lacets (heureusement, à l'ombre des arbres) pendant 4 km. A mi-pente, un lieu-dit du nom de "Bout de côte"... Ils ont de l'humour...
Partis de 212m on se retrouve devant le calvaire de Lacam à 560m d'altitude... Sacrée mise en jambes..
La route continuera sur le plateau, à 6-700m d'altitude, montant et descendant au gré du relief.
Après Lacam, ce sera Bray, Lasrégaldies, Pigagnol, Lasbordes, Frégeac, Lavernière, Asfaux (où l'on pensait trouver une épicerie...(faut pas rêver).. puis, cerise sur le gâteau : Labastide-du-Haut-Mont, à 750m au dessus des flots. (On aurait dû se douter du traquenard; la toponymie était pourtant claire..).
Seuls avantages d'avoir grimpé si haut : des vues époustouflantes du paysage. L'horizon est à des kilomètres.
La D120 qui suit est un régal. Longue descente en pente suffisamment accentuée pour ne pas avoir à donner trop de coups de pédale, mais en même temps, pas trop pentue pour craindre une remontée brutale un peu plus loin..
Au lieu-dit 'Le Poteau' on prend à droite vers Roumegoux.
Pique-nique à La Chapelle de Bourniou où une table nous attend à l'ombre d'un tilleul.
Continuation sur une route sympa et très roulante. Belle et longue montée à la sortie de 'Le Rouget'. Aurillac n'était qu'à une vingtaine de kilomètres. On avait bien roulé...sauf que...
...le parcours nous obligeait à prendre un bout de N122. Puis on devait la quitter pour retrouver 'notre' D20 en direction de St Mamet la Salvetat. Après un ou deux kilomètres sur la bande d'arrêt d'urgence de la nationale très passante, un panneau à droite indique St Mamet.
Malheureusement, ce n'était pas la bonne sortie. Trois routes à droite mènent à St Mamet, la nôtre était la dernière...
Résultat : une très longue promenade dans une campagne impossible au niveau relief, jusqu'à ce qu'un brave garagiste nous remette sur la bonne route, tout en annonçant la couleur : on s'était sérieusement éloignés de la direction souhaitée, nous trouvant maintenant à plus de 30km d'Aurillac !
La dernière section jusqu'à Aurillac est une véritable guerre d'usure de la nature contre nos mollets et notre volonté d'arriver.
Non seulement il restait près de 30 km à parcourir, mais en plus ces kilomètres étaient en faux-plat montant, le long d'une rivière qui n'en finissait pas de se tortiller...et pour nous rendre la vie un peu plus difficile encore, le ciel, si plaisant depuis le matin, s'était brusquement obscurci, nous préparant un orage qui ne sera évité que de justesse.
Notre route rejoint la N122 à l'entrée d'Aurillac... celle que l'on avait quittée pour divaguer à travers tant de kilomètres de campagne, quand il ne nous en restait qu'une vingtaine à faire...
Ce soir, pas question d'errer à travers la ville pour trouver le camping.. L'orage descendant des volcans ne demande qu'une allumette pour déverser sa colère.
Grand braquet jusqu'au centre ville où un petit hôtel est vite trouvé. Le samedi soir il n'y a pas trop de voyageurs.
Vélos rangés dans la salle des banquets, cyclistes douchés et présentables.. et c'est devant un excellent repas, bien arrosé, que l'on refait le parcours, convaincus que l'on avait vécu une des plus rudes journées de nos périples cyclo.
Jour 13. Aurillac - Allanche, par le col de Peyrol
Pour l'instant, ciel de traîne et il n'y a pas de vent. L'orage d'hier soir n'a pas laissé de traces.
Etant du 'bon côté' de la ville, (à une altitude de 617m), on ne rencontre pas de problèmes pour retrouver l'avenue Jean-Baptiste Veyre, prolongée par celle du Dr. Jean Chanal menant à Saint Simon. En 'campagne', elle se transforme en D17.
Jusqu'à Saint Simon on roule à plat, puis progressivement ça se gâte..On passe Velzic puis Lascelles, Saint Cirgue de Jordanne et Mandailles avant d'aborder les choses sérieuses. La région a bien fait les choses à l'intention des cyclistes assez téméraires pour tenter l'ascension du col.
Tous les kilomètres à partir du 11ème avant le sommet, un petit panneau rappelle la distance jusqu'au col, l'altitude du lieu et la pente moyenne du kilomètre à venir. Au moins on sait à quoi s'en tenir, mais il faut avouer que ça met le mental (et les mollets..) à rude épreuve, surtout quand la pente dépasse 8%...
Les bas-côtés de la route sont très fleuris.. Le panorama est magnifique.
Les kilomètres s'égrènent les uns après les autres, à raison, en ce qui me concerne, d'un tous les quinze minutes environ. Peu à peu les feuillus laissent la place aux sapins, genêts et ajoncs qui à leur tour disparaîtront avant le sommet, remplacés par d'immenses pentes herbeuses.
Aucun cycliste ne m'a doublé..même les "Fangios électrifiés", restés dans les basses couches à Mandailles...
Souvent, quand la grimpette devient difficile, j'essaie de me représenter les kilomètres restant à faire, en les comparant à des distances connues, comme du village de mon enfance jusqu'à celui d'à côté. C'est peut-être comme cela que ça fonctionne, le mental ?
Des voitures me doublent, m'encouragent; ça fait du bien et ça re-boost l'envie d'y arriver.
Le dernier kilomètre n'affiche qu'un peu plus de 2% de pente. C'est presque une descente !
Rémi est déjà au sommet depuis un certain temps et a eu tout loisir d'admirer le paysage alentour quand enfin je passe la bosse.
Collation rapide car l'effort nous avait coupé la faim.
Une fois encore la météo avait décidé de nous compliquer la vie.
Le ciel était très menaçant et décision fut prise de mettre en route, cette fois en descente, (YESSSSS), avant d'être pris dans la tourmente. Dommage de devoir filer si vite après tant d'efforts, mais c'était plus raisonnable.
Quelques cartes achetées au bureau de tourisme, un coup de tampon dans le carnet, les gourdes remplies au restaurant du col, et c'est parti pour des kilomètres de descente bien mérités.
La descente fut un grand bonheur de plus de 15km avant une dernière montée, vers le col de Montirargues, ultime difficulté avant le plateau et la descente dans Allanche.
On arrive dans une ville fantôme. Pas une âme. Tout était bouclé. Rangées de maisons tristes, que la pierre rendait presque sinistres. Cerise sur le gâteau : l'unique hôtel est fermé le dimanche.
Après avoir essuyé une énorme averse, coincés dans une entrée de garage, un peu dépités quand-même par la situation, on se met en route vers le camping en se disant que la nuit allait être intéressante..
Rémi avait malgré tout laissé un message au régisseur, le prévenant de notre arrivée au cas où. On ne se faisait pas beaucoup d'illusions, un dimanche soir à 19h00.
L'excellent homme -le qualificatif est parfaitement choisi- avait eu notre message et bien qu'ayant fermé le bureau pour la nuit, était revenu pour nous accueillir, et nous mettre au sec.
Il nous installe dans un mobile-home tout neuf pour la bagatelle de 30 euros la nuit (à deux) !
Il avait été cyclo lui-même et savait ce que l'on pouvait ressentir un dimanche soir sous la pluie après une telle journée d'efforts, alors il avait fait demi tour....
Un très grand merci à lui pour tant d'attentions.
Le repas du soir fut composé de bric et de broc, de ce que l'on trouvait dans les sacoches.
Heureusement que l'on n'avait pas mangé notre salade de midi, car celle-ci, même arrosée d'un "Château La Pompe", cuvée 'La Gourde', fut plus que bienvenue !
N'étant pas un grand fervent des côtes, j'avais peine à réaliser que j'avais conduit mon âne de métal jusqu'en haut du col ! J'étais heureux de "l'exploit".
Jour 14. Allanche - Coudes, via Le Bru, Blesles, Lempdes sur Allagnon, Brassac les Mines, Saint Rémy de Chargnat, Saint Babel et Vic le Comte
Passage en ville obligé pour reprendre le parcours vers Le Bru. Les rues ne sont pas beaucoup plus actives qu'hier soir. C'est vrai que c'est lundi, mais quand-même..
Bref arrêt devant le monument de "l'Estive" dont la plaque semble avoir été apposée autant pour célébrer la vache de race Salers que pour assurer la postérité à deux maires du bourg..
Première mise en jambes sérieuse avec une belle montée de 222m de dénivelé, vers le col de Baladour, situé sur le plateau herbeux, à 1 207m d'altitude.
Les vaches, portant des cloches autour du cou, ne semblaient absolument pas perturbées par le passage des cyclistes, occupées à se remplir la panse de belle herbe verte et drue.
Le panorama, coiffé par un ciel d'énormes cumulus blancs, gonflant leurs muscles, est époustouflant.
La D21 circule sur un plateau immense parsemé de quelques vieux bâtiments agricoles. Ici et là un bouquet de sapins. Quelques feuillus. Troupeaux de Salers. Malgré le soleil, un petit vent froid et vif nous accompagne le long de la route.
On atteint Le Bru en milieu de matinée. Quelques maisons, un café - restaurant fermé, des hangars agricoles.. et début d'une magnifique descente qui ne se terminera qu'à Blesle, après un tout petit raidillon à travers le village de Chabanne, véritable cour des miracles, régie par 3 chiens sournois montrant les dents aux mollets de Rémi.
Dommage que la vieille pelle Poclain ait été en si piteux état; elle aurait à la fête à nettoyer ce trou boueux et pourri...indescriptible.
La descente vers Blesle est un rêve. Seule ombre au tableau idyllique des paysages traversés.. la DDE avait décidé de répandre du gravillon sur la petite route, la rendant particulièrement difficile à négocier dans les virages.. Dommage, on aurait pu laisser filer les ânes..
Blesle, où un drapeau hollandais pend devant le seul hôtel-restaurant encore en activité, est vite traversée. On s'engage sur la D909, route superbe et ombragée, en faux-plat descendant (cette fois). Elle colle à l'Alagnon sur une dizaine de kilomètres, suivant fidèlement toutes les boucles de la rivière. Imposant château de Léotoing, perché sur un pic rocheux.
A Lempdes, l'idée était de nous arrêter dans une supérette pour acheter le pique-nique de midi.. L'affiche "Fermeture définitive" sur la vitrine du Vival local ne nous laisse pas d'autre choix que de déjeuner au petit bistrot d'à côté. Excellent repas, fait maison, servi par un patron accueillant. Entrée, plat, dessert, café et boisson pour moins de €15 chacun.
Remise en route vers Brassac les Mines. Quelques achats de nourriture (on ne sait jamais..) et très longue session de pédalage sur la V70, une véloroute menant à Vichy et même au-delà.
Pour nous l'objectif était Vic le Comte, un bourg qui paraissait raisonnablement équipé en hébergements divers.
Après des kilomètres de montagnes russes, agrémentées d'une ondée ou deux, on atteint enfin Vic.
Surprise : pas d'hôtel, pas de chambres d'hôtes, pas de gîtes, pas de camping : RIEN !
Un cafetier nous explique que notre seul salut, à des kilomètres à la ronde, était le "Formule 1" de Coudes, à environ 5 km de Vic, en bas de la côte, près de l'autoroute.
105km nous avaient suffis, alors, même s'il fallait remonter la côte demain matin pour continuer vers Vichy, on accepte la proposition et on file sans plus tarder.
La gérante de l'hôtel met les petits plats dans les grands et héberge nos deux vélos dans une chambre vide, la réserve étant trop exiguë !
Une fois encore on sera heureux d'avoir fait les courses...et de ne pas y avoir touché..
Dîner sur une des tables de pique-nique de l'hôtel, heureux d'avoir traversé des paysages si grandioses où ciel et terre laissent peu de place aux folies de l'homme, plutôt contents des sessions de cardio de la journée, mais quelque peu dépités de voir tant de délabrement dans les villages, tant de panneaux "à vendre", parfois même tant de misère.
Jour 15. Coudes (Vic le Comte) - Vichy, via Enval, Busseol, Ceyssat, Pont du Château, Joze, Crevant-Laveine, Vinzelles, Saint Priest Bramefant, La Poivrière et Bellerive sur Allier. (Véloroute V70 des a3vf).
Départ du bas de la côte de Coudes, direction Vic le Comte. 35 minutes de cardio pour commencer la journée. Des remerciements et un café chez le bistrotier qui nous avait dépanné hier, et en-route pour Vichy sur la Véloroute V70.
Belle descente en sortie de Vic qui n'augurait rien de bon. Pronostic rapidement confirmé par une succession de côtes.
Le château de Busseol se détache sur son piton rocheux à gauche de la route. Le ciel semble encore vouloir nous jouer des tours.
Malgré le relief et plusieurs averses, les villages défilent rapidement et vers 12h30 on passe Pont du Château. Arrêt à Joze pour le Pique-nique rue de la Grole....
Peu à peu la route s'aplanit et le restant de la journée est une longue balade digestive le long de l'Allier.
A Crevant-Laveine (!!) nouvelle très grosse averse. Heureusement subie au sec, dans un abri-bus.
Très belle église à Vinzelles, malheureusement fermée.
L'approche de Vichy est plus fréquentée que les routes que l'on avait pratiquées ces derniers jours. La véloroute nous conduit directement au camping situé sur les bords de l'Allier, à Bellerive. Une fois encore on réussit à négocier la location d'un mobile-home pour une nuit, ce que l'on ne regrettera pas.
A peine les sacoches retirées et les vélos mis à l'abri on a droit à une nouvelle colère du ciel accompagnée de pluies torrentielles. On commençait à en avoir l'habitude.
Jour 16. Vichy - Monétay sur Loire, via Cusset, Chassignol, Bost, La D907, Lapalisse, Bert et Le Donjon.
Départ sans hâte de notre camping pour une virée en ville avant de prendre la route vers Monétay. L'objectif du jour était Lapalisse mais il se trouvait que des parents de Rémi habitaient quelques kilomètres plus au nord, d'où changement de fin de parcours pour passer les voir.
Vichy est une très belle ville qui mériterait un séjour plus long afin d'avoir le temps de mieux explorer ses richesses. Beaucoup de très beaux immeubles milieu/fin XIXème siècle, début XXème. Une certaine ressemblance avec Karlovy Vary (voir article Allemagne - Tchéquie), mais moins coloré.
Passage à l'OT pour le coup de tampon rituel. L'ambiance n'est pas aussi bon-enfant et spontanée que dans les villes traversées auparavant.. On sent la hiérarchie. La chef dans le bureau vitré du fond, surveillant les avant-postes...et les stagiaires au comptoir, un brin empruntés, à l'initiative hésitante se frottant à la 'clientèle'...
Notre deuxième arrêt sera le Hall des Eaux, grande et belle structure de métal et de verre, semblable à une énorme serre de jardin botanique, où les curistes viennent prendre leurs rations journalières des différents crus de Vichy : Chomel, Lucas, Hôpital, Grande Grille...
Pour nous ce sera une bonne rasade et le plein des gourdes aux robinets de Vichy Celestins, seule source accessible au grand public.
Avant de remettre en route vers Lapalisse, on prend le temps de visiter l'extraordinaire église Saint Blaise, véritable joyau d'art déco. Je laisse parler les photos qui valent mieux qu'un descriptif hasardeux de ce magnifique édifice.
On avait maintenant presque une journée de retard sur le parcours prévu à l'origine, essentiellement dû à la météo qui nous avait contraint d'abréger certaines étapes. Décision fut prise de ne pas viser Joigny, via le canal de Bourgogne, mais de filer de Beaune vers Dijon en empruntant la suite de la Route des Grands Crus. On terminerait le voyage à Dijon d'où on rallierait Paris en train.
Passage rapide à la gare. Billets achetés et en route pour Lapalisse !
La sortie de Vichy vers Chassignol est un bon exercice. Belle montée tout le long jusqu'à la D906B.
Les faubourgs traversés sont un 'autre' Vichy, bien différent du centre ville. En langage politiquement correct ça doit être ce que l'on appelle 'les quartiers'.
Passé Bost, on est obligés d'emprunter la D907, route très passante, mais aussi très roulante. Le soleil donne fort. L'air est lourd et ça sent l'orage.. A Lapalisse, très grosse chaleur subite.
Craignant la circulation sur la route menant à Le Donjon, on préfère suivre un parcours plus bucolique via le village de Bert. C'est un très mauvais choix car la route est un enfer de montées et de descentes interminables.
Un dernier effort nous amène enfin chez les parents de Rémi où nous partageons une magnifique soirée de générosité et de plaisirs de la table... (la Normandie n'a pas le monopole de la crème fraîche, ici on s'y connaît aussi...).
Jour 17. Monétay sur Loire - Montceau les Mines.
Mise en route vers Saligny sur Roudon et Pierrefitte sur Loire pour rattraper le Canal latéral de la Loire en direction de Digoin/Paray le Monial. Très petites départementales calmes et sans histoires.
Halage classique bordé de grands arbres. Pas beaucoup de navigation fluviale..
Après une brève halte au pont canal de Digoin, construit par l'ingénieur Julien de 1834 à 1838, continuation vers Paray sur un halage tortueux. La météo nous joue encore des tours et nous gratifie d'une averse au moment même où l'on déballait le pique-nique sur un banc face à la Basilique.
Après un rapide tour de la basilique et des rues attenantes, assez désertes à cette période de l'année, passage à l'OT pour informations sur le trajet vers Montceau les Mines.
Rien de plus simple ! Il n'y a qu'à suivre le Canal du Centre, soit en site propre sur le halage ou sur la D974 qui la borde jusqu'à destination.
On fait une halte au musée-bibliothèque de Génelard situé sur ce qui fut, à une époque noire de l'histoire de France, la ligne de démarcation.
Sans soucis autres que la chaleur qui a repris sa place, on arrive tranquillement à Montceau en fin d'après-midi. Super petit hôtel sur le bord du canal. Repas cool et au lit de bonne heure.
Pour une fois il n'y a rien à faire sécher...
Jour 18. Montceau les Mines - Beaune.
Le parcours de Montceau à Beaune n'est pas compliqué. Il suffit de suivre le Canal du Centre jusqu'à Santenay, puis la Voie des Vignes de là jusqu'à Beaune.
On met en route de bonne heure sous un soleil déjà chaud mais qui allait très vite perdre une ou deux batailles contre des averses de pluie et de grêle.
Un bout de voie verte et de beaux halages en site propre nous amènent rapidement à Ecuisses où plusieurs écluses se suivent sur une très courte distance.
C'est aussi là que se trouve l'ancienne usine de céramique Perrusson dont de magnifiques vestiges ornent la berge opposée. Quelques restes de la cité ouvrière, d'un de ses magasins ainsi que des bâtiments de l'usine demeurent les témoins du savoir-faire du céramiste génial.
Santenay. On arrive Place du Jet d'Eau juste à l'heure pour le pique-nique de la mi-journée.
Un vieux reste de Fourme d'Ambert et deux tranches de jambon débarrassées d'une bonne partie de leur matière grasse, qui avait fondu à la chaleur, font l'affaire. Rémi avait en outre acheté du flan à la boulangerie d'Ecuisses.... On aurait peut-être mieux fait d'acheter des cerises...
Passage à l'OT pour le coup de tampon rituel et des infos 'hébergement' sur Beaune, et remise en route par une succession de villages, propriétés et crus mythiques, jusqu'à Pommard. Beaucoup d'activité dans les vignes impeccablement tenues.. et beaucoup de chimie mise en oeuvre..
Nouvelle douche, inédite celle-là, avec cette fois-ci, une subite chute de grêlons ramollis. On aurait dit un bombardement de cuillerées de sorbet... Le temps de sortir la veste du filet et c'était fini, et nous trempés une fois de plus...
Les Bouchard, exilés en Angleterre durant la guerre, étaient proches de mes parents.. Le monde est petit..
Derniers kilomètres vers l'hébergement que l'OT de Santenay nous avait trouvé à la périphérie de Beaune. Impossible d'être plus près du centre car la saison touristique bat déjà son plein.
Les ânes sont débâtés et rangés dans la remise de la tondeuse. Les habits mis une fois encore à sécher..
Quel voyage !
Jour 19... le dernier de ce périple... Beaune - Dijon - Paris.
1er arrêt du matin au Bricomarché de Beaune pour acheter des vis en acier. Rémi avait cassé celles de sa béquille à Saint Céré et la réparation d'alors, avec ce qui s'est avéré être des vis en métal à ferrer les ânes, n'avait bien évidemment pas tenu.
Réparation sur place et départ pour le centre de Beaune. Malheureusement, c'était samedi, jour de marché, ce qui compliquait pas mal les déplacements, même en poussant le vélo.
Après un ou deux tours de centre ville on se décide à laisser les montures le long de la halle, bien attachés, afin de pouvoir visiter les Hospices. Merci au gardien de l'entrée pour la surveillance qu'il nous avait promise, et qui a été efficace, les vélos étant toujours là à la fin de notre visite.
Le lieu est magnifique à tous points de vue : architectural, historique, symbolique... Le polyptyque du "Jugement dernier" est splendide.
On aurait pu passer des heures sur place mais il nous fallait quitter cette belle ville afin d'être à Dijon à temps pour le train qui allait nous ramener à Paris.
La carte d'un restaurant retient notre attention en passant... Faut croire que tout était préparé et cuit dans des grands crus de la région...
Espérons que les plats étaient meilleurs que l'orthographe... A ce prix-là ils pourraient s'acheter un "petit Bled" pour vérifier les accords..
Notre déjeuner, on le prendra sur la petite place d'Aloxe-Corton (sans les vins; c'était en supplément..).
Rencontre sympa d'un couple de Suisses venus faire du vélo en Bourgogne pendant le week-end. C'est vrai que Genève n'est pas bien loin.
La fin du périple vers Dijon nous conduit à travers des vignobles impeccables et nous fait découvrir quantité de beaux villages aux noms prestigieux: Chambolle-Musigny, Gevrey Chambertin, Marsannay, Nuits Saint Georges, Vosne Romanée, Fixin, Vougeot...
L'idée d'acheter un cubi de Romanée Conti nous est vite passée... Le domaine fait 1,63ha, planté. La production moyenne est de 41 hectolitres soit environ 5 500 bouteilles... dont certaines atteignent des prix stratosphériques (une bouteille vendue € 32 000 au duty free de CDG, fin 2016....). Tant pis, ce sera pour la prochaine fois comme ils disent..
Dijon est atteinte vers 16h00. Dommage que le sud de la ville soit totalement défiguré par une interminable avenue bordée de toutes les horreurs commerciales que l'on retrouve dans chaque ville de France et qui font doucement crever le commerce traditionnel du centre.
L'entrée de Bordeaux était particulièrement laide mais Dijon gagne haut la main !
Le choix de clore le "Périple 2018" à Dijon était 'intéressé' en ce qui me concerne.
Dans les années '30 (au siècle dernier), mes grands parents habitaient cette ville. Ma grand-mère tenait une succursale du "Petit Echo de la Mode", au 90 rue de la Liberté.
Ne pas y passer aurait été inconcevable. Ayant un peu de temps devant nous avant de nous rendre à la gare, je suis donc allé visiter ce lieu qui fait partie de l'histoire de ma famille maternelle.
Tout a une fin. C'était l'heure de nous rendre à la gare, pompeusement rebaptisée "Pôle d'échanges multimodal".
Ici encore, les ingénieurs qui ont établi le cahier des charges pour la conception de ce pôle d'échanges, notamment "l'échange-passagers" entre la rue et les quais de la gare, auraient pu s'inspirer de ce qui se fait dans d'autres pays européens.
Pourquoi, quand on redessine l'ensemble, ne pas avoir facilité l'accès aux quais par des ascenseurs suffisamment grands ou des rampes d'accès, plutôt que de condamner les passagers à descendre et à monter des escaliers d'un autre temps ?
En France, accéder à un quai de gare avec un vélo chargé est une épreuve d'haltérophilie réservée aux hommes forts... Mais assez râlé !
Notre retour en TER est sans histoires. on est les deux seuls vélos dans le wagon réservé à cet effet, en tête de train.
Vers Sens on se re-paie une orage cataclysmique. Cette fois à l'abri..
Arrivée à Paris Gare de Lyon vers 22h30.... juste à temps pour profiter d'une dernière averse le temps de rentrer à la maison.
Chaque périple est une nouvelle expérience apportant son lot de découvertes, de rencontres et de petites victoires sur soi-même.
En effet, combien de fois entend-on des gens nous dire : "vous avez de la chance de faire de tels voyages..."
Je pense que la seule chance que l'on a est d'être en bonne santé. Le reste est affaire de goût et/ou de volonté.
Grimper le col du Pas de Peyrol à 1 587m sur mon vélo pesant plus de 50kg fut pour moi une bataille du mental sur le physique que je ne soupçonnais pas pouvoir gagner. De l'avoir fait ne change pas la face du monde mais procure une belle dose de bien-être et de satisfaction.
J'écris ces articles de blog pour "démystifier" ce qui semble compliqué et encourager ceux qui ne savent pas comment s'y prendre à franchir le pas.
Internet est un outil merveilleux pour préparer le voyage : cartes, infos, adresses, hébergements... tout est dispo et simple d'accès (sans oublier toutes les autres sources d'info disponibles).
Paris - Bretagne se fait en une semaine. La Normandie n'est qu'à quelques jours de vélo...et ceux qui veulent aller plus loin n'ont que l'embarras du choix.
J'encourage à commencer par de petits parcours; pourquoi pas une boucle de 200 km en quelques jours ..le long des rivières, des canaux, des voies vertes, des véloroutes ou tout simplement sur les petites départementales de sa jeunesse ?..
Dans le pire des cas, la SNCF n'est jamais loin et les vélos voyagent gratis dans les TER.
Alors, même si la météo joue parfois des tours, même si l'on doit de temps en temps pousser le vélo dans les côtes, pourquoi ne pas essayer ?
A notre époque du "tout rapide", un retour vers la lenteur (relative) est une expérience inoubliable à tous points de vue !