Berlin - La Pologne - Kaliningrad - Klaipeda par la Véloroute R1, fin du voyage...
Publié le 1 Mai 2013
Berlin - La Pologne - Kaliningrad - Klaipeda par la Véloroute R1, le retour...
25 et 26 juin 2013.... quelque part dans la Baltique, Kiel, Berlin et Paris Est !
Bien dormi même si suis réveillé à 3h puis à 6h... Le bateau est super calme. Les seuls bruits sont la ventilation de la cabine et quelques vibrations de temps à autre quand les chevaux des moteurs avalent l'avoine..
A vol d'oiseau il y a 720 km entre Klaipeda et Kiel. Après avoir suivi un cap au 255° pendant un bon bout de temps, le bateau est obligé de faire quelques petits zigzags à l'approche des iles au large du Danemark.
A 7h30 du matin on se retrouve au cap 220°.
Le ciel a considérablement changé depuis hier soir: C'est couvert, gris avec des averses.
La-bas, au fond derrière, c'est le NE
Pas mal de bateaux en mer. On voit la terre au NW.
Deux ferries de la ligne Scandlines nous coupent la route perpendiculairement au loin. On passe un groupe d'éoliennes en mer..... 80 ? 100 ? c'est impressionnant.
La pluie et les nuages bas donnent un toute autre dimension à la croisière.... et en plus il paraît que la gare de Kiel est loin du port.. Va falloir assurer, probablement sous la pluie.. J'espère seulement que le bateau sera à quai à l'heure car je n'ai que 44 minutes pour débarquer, trouver la route et me rendre à la gare pour prendre le premier de plusieurs trains en direction de Berlin. Pas possible de préparer le vélo avant l'accostage. Ca va être une sacré course !
On approche de Kiel. Grosse activité dans le port. Il y a une fête de la mer en cours.... Ecoles de voile, vieux gréments, même un sous-marin sort en haute mer, la tourelle et le 'pont' éclaboussés par les paquets de mer. De nombreux vieux voliers chargés de touristes se dirigent vers le large. C'est très beau ! Dommage que le ciel soit si misérable.
Quelques uns de navires en fête
On touche le quai à 11h55 après une série de manoeuvres qui laissent pantois tant le navire est énorme et tant la précision d'accostage est fine .
A midi tapant les rampes sont abaissées et les voitures commencent à débarquer. Rock'n'Roll est rebâté à la vitesse grand 'V' et s'élance pour une course infernale de 7km vers la gare. Un raccourci permet d'éviter le tour du port de plaisance. Heureusement, le pont mobile est baissé, me permettant de filer droit vers le quai de la gare que j'atteins à 12h35, via un escalator... pour le premier départ, prévu à 12h44... Coup de chance, c'est un train "moderne" avec accès au wagon au niveau du quai. En plus il y a beaucoup de place.. J'enfourne Rock'n'Roll direct. Juste le mât de sécurité à démonter.
En route pour Lübeck
Grosse suée quand-même: c'était calculé un peu juste... Le moindre retard et tout était parterre car j'avais 4 changements jusqu'à Berlin où le train de nuit pour Paris m'attendait.
1er train : Kiel - Lübeck sans histoires, à l'heure !
2ème train : Lübeck - Büchen. Dans une gare paumée, la porte du wagon se met à s'ouvrir et à se fermer sans arrêt obligeant le conducteur à la condamner. Il redirige les passagers vers une autre porte de sortie que je ne pouvais atteindre à cause de l'étroitesse du couloir. Sympa, il sort de sa cabine à Büchen et me dévérouille la porte défectueuse.
3ème train : Büchen - Schwerin. Premier compartiment vélos plein; deuxième compartiment idem. Tant pis, je force et ça rentre... Y'avait déjà deux poussettes monumentales, un chariot 'tiré' plein de sacs, plusieurs sacs à dos, 2 vélos couchés avec leurs propriétaires assis dessus, une remorque Cruizer, 3 vélos avec sacoches.... et moi.
Voyage debout en retenant la bête en aluminium à chaque virage ou coup de frein et en débarquant à chaque station pour permettre à ceux qui descendaient de pouvoir évacuer le wagon. Un peu compliqué !
Assez serré tout de même ...
4ème train : Schwerin - Berlin. Le wagon à vélos à moi tout seul... mais le train me donne bien des frayeurs car il s'arrête en plein campagne à plusieurs reprises cause travaux sur la voie. On annonce quelques minutes de retard... Au bout du compte c'est 30 minutes au total ! Heureusement que j'avais un peu de marge à Berlin.
Maquette de la facade de la gare centrale de Berlin...
La HauptBahnhof est Kolossale avec des trains partant sur plusieurs niveaux dans différentes directions... Les Renseignements m'indiquent que le CNL 450 pour Paris sera voie N° 8, tout en bas... Rock'n'Roll s'y rendra par les escalators, une fois de plus.
Repérage du point d'arrêt du wagon 99, car seulement 3 ou 4 minutes pour tout charger. Tous mes sacs sont démontés et alignés sur le quai.
Evidemment, le wagon ne s'arrête pas au repère, d'où une course effreinée pour mettre le vélo 'nu' et les sacs dans le wagon. Allers-retours à la "Buzz l'Eclair" sur le quai pour les sacoches. Une cycliste que j'avais aidée me donne un coup de main. Finalement, après avoir entassé les sacoches sous le vélo et mis les antivols, je trouve le calme de ma cabine.
Quittant la gare je me rends compte que la météo est pourrie : vent, pluie, nuages bas, la totale. J'ai eu beaucoup de chance durant mon voyage !
Rien à regarder dehors alors je me rabats sur le pique-nique acheté en gare de Berlin, tire le rideau et au lit de bonne heure !
26 juin 2013 - 6h00 du matin. Le train file vers l'ouest. Bancs de brouillard dans les prés en contrebas. On devine une grosse rosée. Tout dort. Tout est rangé dans les jardins: rien ne dépasse...sommes encore en Allemagne.... Ciel clair, même bleu par endroits, un peu de soleil...
Un cycliste passe en contre-haut sur la piste cyclable qui longe la voie. Le panneau de la piste indique Saarbrücken City à 4,7km. On y arrive à 6h15. Arrêt. Les murs, les wagons, les cabanons recouverts de graffitis et l'incivilité que cela représente m'aggressent.
Plaques minéralogiques en '57' : on doit être en France. 6h30, arrêt à Forbach... un certain temps. 7h30 c'est Metz. On nous annonce un retard d'une heure trente cause inondations en Allemagne et travaux sur les voies... A 10h00 on passe Meaux... Ca sent l'écurie !
Forbach au petit matin...
36h c'est court pour rembobiner 15 jours de lente pérégrination ! Comme la marche à pied, le vélo donne une toute autre dimension au voyage. La lenteur permet une plongée progressive dans d'autres mondes, une évasion toute en douceur, une transformation salutaire de l'être quittant un statut de "spectateur soumis" pour devenir "acteur ", car totalement immergé dans les éléments qui l'entourent, se fondant peu à peu en eux, les sens sans cesse sollicités et impressionnés.
Durant ces derniers kilomètres, tout défilait dans ma tête, dans un beau désordre :
Les lupins mauves, Berlin en vélo, La porte de Brandebourg, Unter den Linden en travaux, le mur et ses frèsques, les banlieues huppées, le Kolossal mémorial soviétique, le bivouac au bout de la clairière, la digue de l'Oder, les reflets du ciel bleu et des cumulus, les miriades d'oiseaux, les premières mouches, les inondations, la Pologne et ses routes, le grand beau temps, le chemin en sable, le Christ et le lièvre, "l'ombre", alliée sournoise des trous dans la route, les villages modestes, les cigognes, les mouches (encore), les tracteurs Ursus, l'incroyable champ de coquelicots, la grisaille des villes, le curieux mix du passé et d'un présent bien laid (les pubs, les calicots...), les saoulards, la chaleur, les taiseux, le mini chemin de fer de Bialoslywie, les routes pourries, l'Algérien de Koronowo, les OT qui ferment à 16h00, la beauté de Chelmno, de Kwitzin, de Grudziadz et des villes du nord, la mairie rose de Miedzyrzecz, celle 'art-nouveau' de Drezdenko, les alcolos du WE, l'OT de Kostrzyn, le soldat vert, les mouches (encore), les couleurs, les vieilles datchas en bois, Malbork, l'hôtel et la gentillesse des employés, l'accueil chez le vélociste, le prix de mon porte bagages.. les pique-niques, la station service avant-garde de Dzierzgon, les routes pourries (encore), les mouches (encore), la pension d'Elblag et la très belle ville, la postière qui ne veut pas tamponner mon carnet, la gentillesse du garde à la mairie, le pique-nique à Tolkmicko, les Sklep, le super OT à Tolkmicko, son gros tampon vert, ses cartes postales, les champs de fleurs bleues, blanches, rouges, les églises, les calvaires, la côte du lagon, Frombork, Copernic, l'impressionnante cathédrale, les croix en bouleau des martyrs de Katyn, les peintres sur le petit port, la musique dans le café, l'excellent dinner chez Ewa Nowicka, ma logeuse jardinant en bikini, les fraises, la frontière russe, les contributions à la culture, la caissière de la Sberbank, Mamonovo et la statue de Mamonov, héros de l'Union Soviétique, la route interminable de Kaliningrad, l'aide reçue de l'automobiliste à l'entrée de la ville, le magasin pourri de Piatidorozhnoyé, le panneau de Kaliningrad à ne pas louper, le pompiste parlant Français, le vieux pont allemand, le chaos au carrefour, le beau quartier de la super Villa Sévérin, Oleg !, l'OT sympa de Kaliningrad, le grand théâtre, le musée de la marine, les livres en libre service dans la rue, les couleurs pastel, les statues 'soviétiques', les frèsques sur le gymnase, les parterres de fleurs rouges et oranges, la chaleur ++, les enfants dans la fontaine, le bateau océanographique, la lettre de Cousteau, le sousmarin et ses tubes lance torpilles, l'aquarium, le très gros orage sous le parasol, la bière Baltica Bleue, La cathédrale 'Kant', son orgue, ses vitraux, le marriage déjanté, la chevauchée vers Svetlogorsk, les amis d'Oleg, la Place de la Victoire, les distances à pied, les tilleuls et les fleurs, les 4 x 4 des nouveaux riches, les bas reliefs, Pushkin, le marteau et la faucille, les lustres dans le foyer du grand théâtre, Pierre le grand, mes appartements à Svetlogorsk, mes garages à vélo, mon Russe qui revenait ..., le commerce de la Rue Lénine, la musique, le bord de mer, les shashliks de porc, l'ambre, les moulins à vent multicolores des enfants, les fleurs, les oiseaux, les guirlandes de petits fanions, le chat noir et blanc, les vieilles datchas peintes, les bouleaux, les sapins, les parfums de la forêt le matin, les champs de tabac, les mouches (encore), les routes pourries (encore, encore), les fois où je me suis perdu... (encore)..
Le trajet sur l'autoroute, Zélénogradsk à 8h du matin, le petit déj dans la rue, les monuments aux morts, le 22 juin 1941, les statues du Christ, Ignace Sikorski, le Château d'eau de Frombork, les pains d'épice de Torun, le baptême, les grandes places carrées, l'oeil lubrique du curé, la Vistule et les herbes flottantes, l'entrée dans l'Isthme de Courlande, le triste côté Russe, les camps de vacances en forêt, les motards à la frontière, les questions du douanier, la magie de Nida, le petit Colorado lithuanien, le puits artésien, Serguéï, le village des glaces, l'immeuble Khroutchev, la baignade dans le lac, les roseaux, la 'go-pro' d'Oleg, le petit pique-nique, les pistes cyclables en Lithuanie, la dune, les fleurs, les Bretons de Nida, Madame Raimonda ma logeuse, son petit déjeuner, le Consulat allemand rue de Léningrad, l'orage sur le lagon, les Amoureux de Grudziadz, les couchers de soleil sur les murailles de la ville, les pommes de pin, les pensées miniatures, le ferry et les trains..... et encore et encore et encore.....
Paris, Gare de l'Est: rien de moins que ça: un retour brutal d'une autre planète ...
Un siècle d'émotions en 15 jours de vélo !!