Berlin - La Pologne - Kaliningrad - Klaipeda par la Véloroute R1. Jour 11.
Publié le 6 Mai 2013
Berlin - La Pologne - Kaliningrad - Klaipeda par la véloroute R1. Jour 11
20 juin 2013. Frombork - Kaliningrad. 79 km. Beau et chaud
Levé 7h00 après une nuit en morse.. Le lit était un peu court... mais fin prêt pour la Russie !!
Lit de militaire polonais...
Petit déjeuner habituel, copieux pour "énergiser" le cycliste..
Pendant mon sommeil, d'autres travaillaient
Bâtage de Rock'n'Roll et passage en 'ville' pour prendre les objets que j'avais vus la veille. Le magasin est situé au pied du vieux Château d'eau, tour carrée, très haute, avec une plateforme d'observation située au sommet.
L'escalier du Château d'eau...
Dizaines de marches.... mais la vue est spectaculaire. Frombork 360° tout de même !
Frombork vu du ciel...
Un petit coin Copernic dans la tour du Château d'eau
Maintenant, faut y aller ! Route Nord-Est jusqu'à Braniewo. Rien de spécial. C'est une ville d'échanges entre Pologne et la Russie, qui n'est plus qu'à 6 km..
Ca se précise !
Coups de tampon dans le carnet à l'OT et ravitaillement en eau dans une station service.
Plutôt que de l'abattre, on construit autour !
Le soleil tapait déjà et je préférais être prévoyant..
Contribution à la culture à Braniewo
10h45 : Gronowo, poste frontière côté Polonais. Quelques magasins tristes typiques des postes frontière... néons... alcool, café, chocolat et autres articles sans intérêt..
Les Bretons sont partout !
Une demi heure d'attente à cause de trois voitures qui n'en finissaient pas.. Probablement une entourloupe dans les "documenti" ou des passages trop fréquents pour faire le plein côté russe... Je rencontre deux Hollandais que j'avais déjà aperçus à la station de Braniewo. Ils font un "Pays-Bas - St Petersbourg" dans le cadre d'une action caritative. S'ils arrivent dans les délais convenus, les sponsors verseront les sommes promises. Pas de sacoches sur les vélos: tout est dans la fourgonnette qui les suit de bout en bout... Ca, c'est la classe !
Finalement c'est mon tour au guichet. Le douanier me libère rapidement, à peine un coup d'oeil dans le passeport. C'est vrai que je quittais la Pologne avec un passeport CEE donc pas de raison de compliquer la vie du cycliste !
C'est déjà compliqué à lire quand c'est dans le bon sens !
No man's land..... Douane russe. Je remonte la file jusqu'au feu d'attente. Sans être prioritaires, les vélos bénéficient malgré tout de bienveillance à cause de leur lenteur... A moins que ce ne soit une forme de condescendance de la part des Fangios du 4 x 4. Mon passeport disparaît à travers une minuscule fenêtre.. Le douanier, coiffé de sa galettière verte, semble prendre plaisir à le scruter, le feuilletant lentement et méthodiquement jusqu'à la page du visa que j'avais obtenu à Paris.... -car, faut pas oublier que pour visiter la Russie, le visa est obligatoire et ne s'obtient pas à la frontière- (Voir les commentaires à ce sujet dans un de mes articles de préparation de ce voyage...).
Après avoir examiné mon Sésame en long et en large et m'avoir demandé où j'allais à Kaliningrad, combien de temps j'y resterais et ce que j'allais y faire, j'entends soudain l'imprimante qui me crache la "Migration Card", document qu'il faut garder précieusement durant tout le séjour en Fédération de Russie. (Il est récupéré à la sortie, donc vaut mieux pas le perdre...).
Finalement, à 11h30, me voici officiellement en "grande Russie soviétique" -en vélo- !!
Premier arrêt juste après la douane pour photographier la pancarte "Welcome to Russia", Pas peu fier le cycliste !! Je pouvais maintenant dérouler mon petit drapeau russe !
Ce n'était pas un rêve.... Bienvenue en Russie - Dobro Pojalovat !
Je n'avais pas osé demander au douanier de tamponer mon Carnet de Pèlerin... on ne sait jamais...
Pour moi, ce sera arrêt à Kaliningrad ..... cette fois-ci !
Moscou et Saint Petersbourg devront attendre.
Mamonovo est atteint après quelques kilomètres sur une route excellente. La ville tient son nom de Mamonov, héros de l'Union Soviétique, dont le buste orne le jardin du souvenir rappelant des faits marquants de la Seconde Guerre mondiale...
La dernière guerre est encore très présente.
Mamonov, taillé à la faucille et façonné au marteau !
Passage au guichet 'Obmen Valuti' (change), à la Sberbank, Caisse d'Epargne russe, pour me procurer des roubles et faire tamponer le carnet par une caissière très surprise de la demande mais autrement moins coincée que la postière d'Elblag..
Après un rapide tour du centre ville, remise en route sur la nationale en direction de Kaliningrad.
Célébration de la victoire de l'URSS.
Plusieurs sections interminables car très droites, s'articulant au niveau des villages traversés. Premier arrêt à Piatidorozhnoe, au "magasin", où la vendeuse s'abrutissait devant un poste de TV beuglant de la musique invisible tant l'image était mauvaise..
Piatidorozhonoe.
Son magasin
Les frigos avaient dû tomber en panne tant ça sentait la viande avariée... Le petit square à côté du magasin était lui aussi d'un autre temps..
Le square...
Curieuse combinaison chez un enthousiaste nostalgique...
Ladushkin. Passage à niveau fermé. Un train n'en finissait pas d'arriver. La chaleur est torride. Finalement, une loco et un wagon se glissent péniblement sur les rails à 10 km/h.
Au pont d'Oushakovo, des ados profitent de l'eau de la rivière en contrebas en s'y jetant à maintes reprises. Je les aurais bien suivis ... Petit 'chantier naval'.
Oushakovo
Un petit chantier de réparations
Image sortie d'un autre lieu, d'une autre époque..
Un peu plus loin...
Continuation 'up and down' avec une circulation qui doucement se densifie, pour devenir parfaitement cauchemardèsque.
Plusieurs fois j'emprunte les trottoirs car y'a vraiment trop de monde et beaucoup roulent comme des malades.
Le monument à l'ancre.. On approche !
J'aperçois la pancarte "Kaliningrad".... mais de l'autre côté de la route. Pas question de louper la photo avec Rock'n'Roll devant. Après une bonne dizaine de minutes d'attente, je réussis à traverser et à positionner le vélo devant le panneau afin d'immortaliser l'extraordinaire moment. Plusieurs photos, just in case ...
Un peu plus loin, vérifiant mes cartes à un carrefour, un automobiliste s'arrête sur la voie d'en face, traverse et me confirme la direction pour rejoindre le fameux pont en treillis marquant l'entrée en ville. Faut tourner au deuxième feu à gauche... qu'il me dit en Allemand. D'avoir plusieurs fois évoqué 'l'Ampelman', lorsque j'étais à Berlin avec ma femme, m'a bien servi, car "Zweiter Ampel, links" ne faisait pas partie de mon vocabulaire avant cette visite...
Au coin de Ulitsa Transportnaya et de Ulitsa Portovaya, achat de boisson dans une station qui faisait l'angle. L'employé parlait plusieurs langues... son frère travaille à Courbevoie... Ca me rappelait le gardien de banque à Moscou qui avait écrit une thèse sur un scientifique français du XIXè siècle... Y'a pas de sots métiers quand il faut nourrir la famille.
Puis c'est le pont treillis 'Allemand'.
Thyssen - Krupp ? C'est du solide, fait pour durer !
L'Enfer total. Inextricable enchevêtrement de voitures et de camions klaxonnant, s'invectivant, se bloquant le passage tant le volume de véhicules venant des différentes directions était démesuré par rapport à la largeur du pont...
De deux choses l'une: ou j'attends que ça se calme et j'y passe la nuit, ou je fais comme les autres, me frayant un passage à travers la circulation - qui de toute façon était à l'arrêt - .
Visant le trottoir d'en face, je pousse le vélo parmi les voitures, les camions et les bus, qui n'ont pas d'autre option que de me laisser passer. La "traversée" se déroula mieux que prévu et en très peu de temps j'étais de l'autre côté. Ouf !!
Je passe le pont en restant sur le trottoir. Pas question de s'aventurer sur la chaussée car les esprits échauffés par l'attente et la crainte de faire une bosse dans leur belle auto, n'auraient certainement pas toléré qu'un cycliste, même étranger, ralentisse leur soudaine libération du chaos.
Entrée dans Kaliningrad en longeant le quai. Ville très étendue. Larges avenues. Beaucoup d'arbres: des tilleuls. Quelques difficultés à trouver un passage permettant de monter sur Leninsky Prospect puis fin de parcours sympa jusqu'à la Villa Severin, petit hôtel super bien situé au bord d'un grand lac, au calme dans une vieille rue pavée.
La superbe Villa Sévérin. A recommander à tout visiteur de Kaliningrad !
Le lac.
Quartier très calme.
Journée éprouvante à cause de la chaleur, de la monotonie des routes et de la très dense circulation ne permettant pas le moindre écart... Comme les Polonais, les Russes doublent large, mais de temps à autre il y a l'exception... Encore une fois, le rétroviseur s'avère indispensable !
Villages cafardeux, pas très bien entretenus; même les imposants monuments aux disparus de la dernière guerre sont envahis par les mauvaises herbes...
Un des nombreux Monuments aux Morts
Magasins bordéliques et tristes.... Ca ne sent pas la "richesse" polonaise... (Tout est relatif).
La route de Ladushkin à Kaliningrad est un enfer pour les vélos. Pas de pistes, peu de trottoirs... Faut avoir l'oeil rivé sur le rétro... Les drapeaux de sécurité, le gilet fluo, les leds clignotants sur le casque ne sont pas de trop...
La Villa Severin efface rapidement toute cette tourmente. Au calme d'une vieille rue abrorée, le lieu est magique. La terrasse fleurie surplombe un jardin magnifique.. Le service est rapide et efficace. Les chambres nickel. Rock'n'Roll, garé au sous-sol ne se plaint pas non plus. Excellent repas du soir pris sur place car pas le courage de redescendre vers le centre.. trop loin.
Un rapide SMS à Oleg pour convenir de la logistique Kaliningrad - Svetlogorsk samedi.