Berlin - La Pologne - Kaliningrad - Klaipeda par la Véloroute R1. Jour 15
Publié le 2 Mai 2013
Berlin - La Pologne - Kaliningrad - Klaipeda par la Véloroute R1. Jour 15
24 juin 2013, Preila/Nida > Klaipeda et départ en Ferry. 53 km. Gris pour commencer et grand beau pour finir !
Dormi comme une souche malgré une mouche qui avait décidé de gâcher mon sommeil... Réveillé à 5h30, levé à 6h00. Préparatifs pour cette dernière journée de vélo du voyage.. Petit déj. convenu à 7h avec Mme Raimonda.
Lever de soleil sur le lagon
L'orage d'hier soir est passé et a bien rafraîchi l'atmosphère. Le ciel est encore encombré sur le continent de l'autre côté du lagon. On verra.
6h50: vélo chargé et prêt au départ. Un peu acrobatique de le sortir de la chambre sans réveiller tout le gite..
La Guest-House de Mme Raimonda. Ma chambre : la première au rez-de-chaussée
Le petit déj. arrive à 7h00 pile.
Et quel petit déjeuner !
Magnifique ! C'est le plus original, personnel et appétissant de tous ceux consommés depuis 3 semaines.. Saucisson de gibier, oeufs du village, pain et confitures maison, radis frais, aneth en branches, roquette, fromage local... délicieux.
Rien ne reste, les dernières tranches de pain soigneusement emballées pour le pique nique de midi.
7h15: mise en route par le sentier côtier. En Lithuanie, la R1 s'appelle '10'. Dès le départ, c'est magique. Belle sente de plusieurs mètres de large asphaltée ou en 'tout-venant' bien compacté, serpentant parmi les pins, les bouleaux, les ajoncs et genêts et toutes sortes d'autres types de végétation.
La véloroute 10 à la sortie de Preila
Pas de bruit autre que le chant des oiseaux qui eux aussi se réveillaient. Mousses, fleurs, herbes à hautes tiges...
En forêt...
Pendant quelques Kilomètres en quittant Preila on reste côté lagon, en gros, jusqu'à Pervalka, puis la véloroute passe de l'autre côté de l'Isthme, au pied de la dune ultra protégée qui cache de la Baltique.
...et ça continue sur des kilomètres....
Quelques accès en planches, bien délimités pour sauvegarder la flore fragile et ne pas abimer la dune. Multiples pancartes rappelant les noms d'oiseaux et des plantes... Barrières en croisillons de bois tout le long. C'est splendide.
Minuscules pensées sauvages et tant d'autres fleurs décorent la dune.
Une pensée miniature !
Ciel encore chargé et même menaçant. Je m'arrête au pied d'un des accès pour jeter un coup d'oeil à la mer Baltique.
La dune à perte de vue vers le nord
Un seul suffit car la plage, c'est le même long ruban de sable ultra fin et blanc s'étendant à perte de vue des deux côtés. Et c'est pareil en ce qui concerne la dune. Eglantiers, buissons de roses sauvages dont les couleurs tranchent dans le vert dominant.
Toilettes pour grands minces...
Juodkranté... je pensais y aller faire un tour, mais au vu de la côte passant au-dessus de la dune, j'ai renoncé et continué mon chemin.
Pas besoin de carte sur l'isthme. Il n'y a que deux directions: nord, ou sud...
Les familles d'un côté, les femmes de l'autre.... et les hommes dans tout ça ?
Soudain la couche se brise et le soleil apparaît.
Timide d'abord, chaud et vif ensuite..Toute la nature prend une autre couleur. Le chemin me rappelle les abords du Grand Canyon tant la végétation est semblable. Le soleil amplifie les odeurs de pins, d'humus, de la nature au matin...
Je commence à croiser de plus en plus de cyclistes... semblerait que la ballade en vélo soit un sport national.
Les pistes sont très belles et remarqueblement entretenues. Cette deuxième partie est magique et comme je le disais dans mes notes hier, je suis heureux d'avoir abordé l'Isthme par le côté Russe et non dans l'autre sens.
La végétation est splendide !
Grand beau !
C'est difficile de décrire les sensations vécues ce matin. C'est un concentré de bonheur qui vaut toutes les attaques de mouches et les centaines de kilomètres de routes pourries que Rock'n'Roll et moi avons subies depuis que l'on a quitté l'Allemagne.
L'Isthme, côté Lithuanie, était bien le clou du voyage et les quelques heures passées à le découvrir, la cerise sur un merveilleux gâteau. Au fur et à mesure de l'avancement la nature se clairsème. Les clairières sont plus grandes. La piste se termine en bas d'une côte qu'il faut franchir pour redescendre vers les deux Ferries assurant -non-stop- la traversée de tous les véhicules entrant ou sortant de l'Isthme.
Le ferry
La traversée est gratuite. Ca doit faire partie des "frais généraux" de la Lithuanie !
En cinq minutes on est de l'autre côté, sur la 'terre ferme'.. Les avenues sont très larges, probablement héritage de la période soviétique. Les logements qui les bordent sont du même style (de plus en plus, lorsqu'on descend vers le port, situé tout au sud de la ville...).
Pas très gai, mais c'est entrain de s'arranger !
Beaucoup de travaux en cours. Après une section de routes et trottoirs à la polonaise, on aborde une piste cyclable toute neuve.
Arrêt dans une station pour de l'eau et un coup de tampon de Klaipeda. L'OT est trop loin en ville et le Ferry pour Kiel n'attendra pas Rock'n'Roll et son cavalier.
Le terminal international est perdu à des kilomètres du centre ville, direction plein sud. Enormes entrepôts, piles impressionnantes de bois, montagnes de containers, noria de camions de toutes tailles arrivant et partant...
J'ai pas compté les stères..
Quelques erreurs et demi-tours dans des culs de sacs et me voilà enregistré et dans la file d'attente.
Mon minuscule Rock'n'Roll est garé sur l'immense pont des voitures, avec d'autres vélos, le long de la paroi du bateau, bien accroché au cas où il y aurait de la houle, rétro démonté, triste de partir...
Rock'n'Roll est dépité !
A la réception je recois ma clef de cabine et après un parcours du combattant sur le 6ème pont, je trouve la 6006.
Ma cabine !
Cabine nickel, grand lit, mini bar, cabinet de toilette avec douche, lavabo et WC... moquette... et un immense hublot avec vue sur l'avant du navire. Une corbeille de fruits sur la table de nuit complète la fête.
Le bar du bateau
Une partie du port, vu du pont
Une bière fait descendre le pique-nique et à 15h00 pile on jette les amarres en sortant moteurs réduits jusqu'aux brise lames protégeant l'étroit passage entre l'extrémité de l'Isthme et la "terre ferme".... une demi heure à regarder passer les docks, les bateaux, les grues, les quais... sous un ciel super gris d'un côté et en même temps très ensoleillé de l'autre ...
Soleil d'un côté, orage en préparation de l'autre...
Ptérodactyles en train de picorer
En sortant on a enfin une vue sur des dizaines de kilomètres de la belle et étroite bande de sable légèrement incurvée qui file vers le sud-ouest à perte de vue.
On sort du port; plage à perte du vue vers le sud...
Journée magnifique, inexpliquable, à VIVRE et à goûter à "plein sens" tant tout est exceptionnellement beau et unique. Bravo aux Lithuaniens d'avoir compris qu'ils sont dépositaires d'une des merveilles de la planète et 'chapeau' aux efforts qu'ils déploient pour la protéger. Leur véloroute est un enchantement de beauté et de calme
La partie russe est l'envers de cette merveille. Ils semblent ne pas être concernés par ce fragile patrimoine, dévalant les routes à grand coup de 4 x 4 pour rejoindre villages et "tour-bases" pourris ! L'enclave, hormis Kaliningrad 'City' et Svetlogorsk donne l'impression d'avoir été laissé pour compte. Y'a qu'à voir l'état des routes, des habitations, des villages, des magasins, des champs et des paysans pour s'en persuader. Tout semble plus ou moins à l'abandon. Saisi aux Allemands à la fin de la guerre, ce territoire s'est lentement déterioré durant 45 ans de communisme et de fatalisme slave. L'héritage prussien est encore visible, mais dans quel état ! Dommage, car le pays a tout ce qu'il faut pour que les habitants soient aussi heureux que ceux de Nida !
A 21h00 je monte sur le pont permettant aux hélicoptères de se poser sur le bateau, avec l'intention de regarder le soleil se coucher. Un rapide coup d'oeil au GPS me rappelle que c'est l'été à une latitude bien nordique ! Bien que le soleil ne soit qu'à quelques degrés au-dessus de l'horizon, il ne se couchera qu'à 22h40 ! Tant pis, j'ai trouvé un coin à peu près abrité du vent maintenant devenu frais. J'y reste !
Extraordinaire coucher du soleil qui n'en finit pas
Peu à peu la grosse boule de feu descend. Une ligne de nuages élevés barre le ciel; deux autres s'y rajoutent. Moutonnements étirés et blancs virant progressivement vers le gris, le rose et le noir au fur et à mesure que l'astre de jour plonge vers les flots.
De plus en plus bas et de plus en plus beau
Des oiseaux ! Une envolée d'oiseaux de mer au milieu de nulle part ! Des bateaux, petits et gros. La mer est comme le désert: il y a toujours une présence : elle est immense mais pas mal occupée.
A 22h40, le soleil, au 315°, tombe à l'eau. Couleurs roses, jaunes, grises. Très belle conclusion de ce merveilleux voyage... et en plus, le 24 juin, jour de la Saint Jean d'Eté, temps de fêtes dans les pays nordiques... "Mid-Summer" comme ils les appellent. Tous vont danser autour du feu, boire et s'amuser, jusqu'à culbuter dans les foins ...
Pendant ce temps là, nous on continue de filer au 255°, à 20 noeuds !
24 juin 2013, 22h40, quelque part sur la Baltique.