Berlin-La Pologne-Kaliningrad-Klaipeda par la véloroute R1. Jour 3
Publié le 14 Mai 2013
Berlin-La Pologne-Kaliningrad-Klaipeda par la véloroute R1. Jour 3.
12 juin 2013. Osno Lubuskie > Miedzychod. 112 kms. Très chaud !
Réveil 6h30. Très beau temps. Pas de vent, ciel bleu.. Les oiseaux sont déjà au boulot depuis 4h00...
Petit déj. copieux avant les 100 kms prévus.
Mise en route peu avant 8h00 par le 'centre' du bourg.
Osno, un matin de juin.
Pas encore très actif. Aujourd'hui, il faut que je fasse une centaine de kms pour recaler l'itinéraire suite au dimanche passé à Berlin. Fait déjà chaud ! Dès le départ ça monte un peu et ça redescend.. Ce sera comme cela toute la journée avec quelques variations de longueur et de distance, mais les côtes semblent toujours l'emporter... C'est comme si elles s'étaient entendues avec les virages pour emmerder le cycliste, chaque virage cachant une nouvelle côte, allongeant l'agonie... (Autre "paire dangereuse": l'ombre des arbres et les trous dans la route ... j'en reparlerai !).
Au bord de la route...
Routes de forêt, de plaine, pins, bouleaux, pommiers bordant le chemin sur les plateaux; acacias, herbes folles de l'été, églantiers, carottes sauvages, coquelicots et bleuets: toute la panoplie de la saison est là, à ravir les sens du cycliste. Le vent fait ondoyer les grandes herbes, le coucou et les autres oiseaux sont la musique de la fête.
Parfums de foins, de chèvrefeuille, de sureau. C'est le bonheur de l'enfance retrouvée.
L'église de Lubien, la porte est derrière..
A Lubien l'église tourne le dos. Un peu plus loin, énorme château-ferme avec tour, le tout dans un état d'abandon attristant. Il y en aura tant d'autres tout au long du voyage !
Ca devait être la résidence des camarades d'antan. La végétation et les intempéries sont maintenant les maîtres des lieux. Quelques belles maisons survivent.
Puis, c'est Sulecin.
Un préposé de mairie très sympa me met un coup de tampon énorme dans le carnet. Quatre cases occupées d'un seul coup ! ... et en rouge. Passage au bankomat pour retirer des zlotys; heureusement qu'il y a un choix de langues... L'église St Nicolas au carrefour fait sa pub sur le toit: Jezu ufam tobie... ce qui, d'après mon traducteur internet, signifierait (?) 'Jésus, j'ai confiance en vous'. En pub, on n'est jamais mieux servi que par soi-même !
St Nicolas à Sulecin
Jusqu'à Jarnatow la route calme passant en fôret et en plaine est bordée de lupins sauvages dans tous les tons de mauve. Superbe !
Tout le long de la route...
Sur le trajet, court arrêt à Zubrow pour voir la stèle commémorant la déculottée de notre Napoléon national à la bataille des Nations en 1813. J'avais vu le Kolossal monument à Leipzig l'an dernier. La stèle ici est plus modeste, cachée devant une petite église fleurie d'iris blancs et où une modeste statue en bois rappelle le passage d'un des chemins menant à Compostelle.
Le Chemin de St Jacques. La petite église de Zubrow
Une cigogne a élu domicile sur un haut poteau dans le jardin de l'église.
Lubniewice, pressentie comme étape, ne vaut pas l'arrêt. Quelques courses et photos de la Vierge blanche sur la place.
La chaleur s'installe. Arrêt sous les arbres à Nowa Wies, patelin paumé et poussiéreux, pour le pique nique de midi.
Rue de Nowa Wies
Tout à coup, sous le coup de la chaleur (?), Rock'n'Roll s'évanouit et s'étale de tout son long, heureusement amorti par les sacoches. Le rétro est épargné, ouf !
Remise en route sur une chaussée plutôt passante jusqu'à Miedzyrzecz (à vos souhaits...).
Ca cause....
Pas vu les ruines allemandes qui sont montrées sur Google Earth, mais ai probablement vu tous les camions de l'armée polonaise ! Route pourrie.
A 1km de la ville une piste a été aménagée pour accéder au cimetière. C'est plus calme que sur la route. Il fait chaud !
Contrastes...
Tour et retour dans Miedzyrzecz pour trouver l'OT. Rien. Finalement ce sera la mairie qui me mettra son beau tampon dans le carnet.
La Mairie rose de Miedzyrzecz
Sortie de la ville sur la 137 en direction de Bobowicko.
Manchons polonais pour hivers rudes...
Une belle piste longe la route mais tous les pavés autobloquants sont posés en 'long'. C'est comme rouler sur une route rainurée... plutôt casse-gueule. Dommage, c'est tout neuf..
Qu'on se rassure, ce n'est pas Strauss-Kahn qui finance...
Les Polonais ont de l'humour. La première bâtisse que le cycliste aperçoit à Bobowicko est un immense hôpital. Fallait quand-même le faire non ?
Maison en pistache de Hansel et Gretel ? ...
Continuation sur route car la piste s'est arrêtée, probablement dans l'attente d'une rallonge de crédits.
Arrivée à Pszczew (à ce qu'il paraît, ça se prononce Peu'tcheffe avec l'accent tonique sur le tch....). Deux fois le tour du patelin pour avoir quelques infos. Un buveur de bière ayant dépassé la 'limite élastique' est incapable de m'en donner, totalement hébété par la cervoise.
Vues de Pszczew
Finalement, après 2 - 3 photos, remise en route pour ce qui paraissait une partie de plaisir: 20 ou 25km peinards jusqu'à l'étape de Miedzychod. A Stoki arrêt ravitaillement en eau car le soleil tapait et remise en route vers la sortie du village, direction Dormowo.
Et là, horreur absolue !!!!! La route se transforme en chemin de sable fin, mille fois brassé par les engins agricoles qui passaient, soulevant des nuages de poussière. Et moi, pauvre touriste sur le bord du chemin, à pousser le vélo de 50kg, recherchant le moindre endroit un peu plus porteur, bataillant avec la roue avant qui se mettait constamment de travers, creusant des ornières qui ajoutaient 10 tonnes à l'effort.
Un kilomètre, une côte, un autre kilomètre, un virage, puis un bois où les taons et autres sales bestioles m'attendaient...
Impossible de m'arrêter car les escadrilles énervées par la chaleur et ma transpiration me tombaient dessus au moindre ralentissement. Le sable devient profond, le vélo s'enlise, le cycliste hurle des chapelets de jurons. Un Christ, sur le bord du chemin, semble encourager les coureurs, totalement sourd aux bordées de propos blasphèmatoires... Un lièvre se sauve dans le chemin devant la menace du cycliste furieux !
Prier n'aurait servi à rien... jurer non plus, mais ça fait du bien...
J'ai mesuré la distance sur Google maps: ça a frisé les 5kms. Finalement le cauchemar s'arrête à Dormowo.
L'asphalte retrouvée...
Je retrouve une petite route calme au début, puis peuplée de Fangios en 4x4, très active jusqu'à l'étape. J'ai beaucoup pensé à mon ami Daniel qui m'avait parlé d'expériences similaires l'an dernier. J'ai pas embrassé l'asphalte comme lui mais je me suis juré qu'on ne m'y reprendrait plus. La prochaine fois, demi-tour à la première menace et route alternative, même si ça rallonge !
A l'étape je trouve la pension 'Neptune' sur le bord du lac. A € 15 euros la nuit avec petit déj, la décision de ne pas déballer la tente est vite prise. Inutile de parler du temps passé sous la douche.....