Espagne et Portugal en vélo : 1 400 km de reliefs 'physiques' et de chaleur. Torrecilla en Cameros-Soria.
Publié le 22 Juillet 2014
Espagne et Portugal en vélo : 1 400 kms de reliefs 'physiques' et de chaleur.
13 juin 2014. Torrecilla en Cameros-Soria. 72 kms.
Mise en route vers 8h00, direction Soria, par la côte entre-aperçue hier...
Départ de Torrecilla
En haut de la côte, à la sortie du village, arrêt à l'ermitage Nuestra Señora de Tomalos. Imposant bâtiment en pierres posé sur un plateau. Un chemin bordé de rosiers y mène. Petit jardin potager, aire d'herbes folles... le calme !
La route continue dans un cañon où les chênes et les pins se disputent les pentes. Un vautour nous survole et va se percher sur un piton rocheux. En 'zoomant' mon appareil photo au maximum je parviens à capturer la volatile. Son cou déplumé le caractérise sans aucun doute.
Le vautour sur son rocher..
A l'office du tourisme de Logroño on nous avait dit qu'à Pradillo on pourrait se renseigner sur la façon d'aborder le Puerto de Piqueras. Malheureusement, le petit bureau est encore fermé. Il n'ouvre qu'à 10h00, alors on décide de visiter le village et d'attendre un peu sur la place ombragée.
Des ouvriers s'affairent à reconstruire une maison ancienne. Toutes les poutres ont été récupérées et sont entassées dans l'attente d'être vérifiées avant "remontage". Pas une âme dans le village.
Mikado espagnol
Une 'camionnette épicerie' stationne à l'ombre des arbres sur la place. On en profite pour compléter le petit déjeuner. Des vieux bancs portent encore des "réclames" en carreaux de faïence. Dommage qu'ils soient en si mauvais état. Ils reflètent une autre époque..
Le Grand Hôtel de Logroño, un des meilleurs d'Espagne !
L'OT n'étant toujours pas ouvert à 10h30 on décide de lever le camp. On réglera le problème du tunnel "au pied du mur". La route continue de monter dans des paysages magnifiques. Quelques rares (et courtes) descentes et pas mal d'arrêts pour boire. Des fontaines bordent la route de place en place. On n'a jamais su si l'eau était potable... On en a bu des gourdes pleines..
Finalement, encouragés par des cyclistes qui grimpaient la côte histoire de s'entrainer, on arrive à la hauteur du barrage de Pajares. La retenue d'eau est impressionnante. Le jet en contrebas du barrage l'est tout autant !
En haut, à droite, la route de montée...
La route reste plate pendant quelques kilomètres, jusqu'au bout du lac, puis se met à grimper à travers des prairies vertes jusqu'à l'entrée du tunnel de Piqueras.
Ce ne sera pas toujours aussi verdoyant...
Deux options : prendre la route qui passe au dessus du tunnel et se payer un dénivelé de 2 à 300m supplémentaires ou tenter notre chance en empruntant le tunnel. En montant les dernières centaines de mètres, j'avais bien regardé les bas-côtés et n'avais pas vu de panneau interdisant la traversée aux vélos... Alors...
On n'avait pas vu d'autre pancarte, juré !
Sur une petite plateforme on se harnache pour être le plus visible possible pendant les 2,4kms dans le tube : vestes fluo, casque avec lampe frontale orientée vers l'arrière, en position clignotant, feux du vélo allumés..
L'entrée du tunnel.. les préparatifs.
Et c'est parti ! A peine à l'intérieur, une charmante voix féminine tombant de la voute nous informe que le tunnel est interdit aux vélos... Tant pis, on y est, on continue. Le temps de nous envoyer la Guardia Civile on sera de l'autre côté.
On avait remarqué dans les derniers kilomètres 'avant' que la circulation était quasiment nulle. Le tunnel était très bien éclairé et ventilé, même froid. La bande d'arrêt d'urgence pas très large mais suffisante..
Un panneau lumineux signalait aux usagers motorisés qu'il y avait des cyclistes dans le tunnel, les appelant à la prudence.. Les caméras de surveillance nous avaient bien repérés...
Finalement, la lumière du jour est réapparue. Sur un dégagement à la sortie, quelque peu essouflés par l'effort, on s'arrête pour retirer notre déguisement de spéléos retrouvant une allure normale de cyclo-touristes.
De l'autre côte de la chaussée, une demoiselle passe la tête par une fenêtre du centre de surveillance. Elle fait signe de passer la voir... aïe, aïe, aïe...
J'arrive le premier à l'arrière du baraquement. A la vue de nos mâts à drapeaux, et en particulier du drapeau breton, son visage s'éclaire dans un grand sourire.. Tout en nous expliquant que les vélos sont interdits dans les tunnels en Espagne, que ce que l'on avait fait était dangereux, que les camions... etc... elle nous apprend que sa meilleure amie est Bretonne. Dans la foulée, elle nous propose les 'servicios' du barraquement et fait le plein de nos gourdes en eau fraîche. Photo oblige !
Rémi, qu'est-ce que tu lui as dit ?
En la quittant elle nous indique que le seul restau où l'on pourrait manger un bout est à Almarza, à 20 kms. Dernier point d'intérêt : le tunnel est à 1 400m d'altitude. Pas étonnant que l'on avait ressenti la fraîcheur.. On avait bien grimpé depuis le matin !
Ce seront 20kms sans donner un coup de pédale... on croyait rêver ! Très rapidement on atteint Almarza et "Les 4 vents", le charmant bistroquet d'un bourg profondément endormi sous le soleil de plomb. On nous sert un repas solide : une grosse louche de macaronis sauce tomate en entrée, un morceau de viande très plat, impossible à identifier mais tendre, une vraie portion de frites, un dessert et une boisson pour le prix d'un jambon beurre/bière à Paris.
Repus, désaltérés, les cyclistes redémarrent pour 'la dernière ligne droite'... interminable route plate sans virages.
Route du Far West
La chaleur est difficilement supportable. Mon petit thermomètre indique 43° au soleil... Il n'y avait pas d'ombre.
Entrée dans Soria par le nord. Quartiers 'verrues', graffitis.. On tourne en rond pour trouver l'office du tourisme, suivant des flèches qui ne mènent nulle part... Un employé municipal nous perd un peu plus. Finalement c'est la Poste qui nous met sur le bon chemin. Questionnée sur les possibilités d'hébergement, la préposée de l'OT nous dirige vers la "Casa Diocesana Pio XII", un hostal à petits prix, sorte de maison de retraite, mais nickel et très calme !
Les vélos sont rangés au sous-sol.
20h00 : rapide tour du centre ville.
Une église de Soria complète avec nids de cigognes sur le "clocher" et la croix
Le moderne et l'ancien cohabitent...
Une bière à une terrasse près du parc. Les Espagnols sont amassés dans les cafés et dans les rues, les yeux rivés sur d'innombrables postes de TV : c'est Espagne-Pays Bas ce soir, on parle fort, peu de tee-shirts orange !
En nous mettant à table pour une énième salade, l'Espagne mène 1 à 0. L'humeur est festive... 90 minutes plus tard les bars et les rues sont vides...
Fin de match : les bars sont vides..
Les rares passants baissent la tête... Seule consolation : c'est le Brésil qui aura la palme de la déculotée..
Sûr que les Pays-Bas ne les batteront pas dans ce domaine là...