Paris - Bretagne par Chartres et le Mont Saint Michel. Jour 1
Publié le 16 Novembre 2012
Jour 1, Paris - Bretoncelles
Il y a deux ans j'avais démarré mon premier Paris - Bretagne en partant directement de Paris. J'ai vite découvert que la Banlieue ouest (au moins jusqu'à Rambouillet) n'est pas "user friendly" pour les cyclos: pas de pistes cyclables, encore moins de voies vertes...
C'est d'autant plus consternant quand on pense aux moyens de la région parisienne par rapport à d'autres coins de France.... Par exemple, y'a qu'à regarder la carte des Voies Vertes et Véloroutes de Bretagne pour s'en convaincre.
Donc, cette année, décision est prise de partir de Chartres pour être immédiatement à pied d'oeuvre dès la sortie de la gare.
Mise en route de l'appartement à 8h00 direction Montparnasse via la République, l'île de la Cité, la rue St Sulpice et la rue de Rennes. Matin humide, mouillé, mais doux. Par prudence, j'enfile les guêtres, le pantalon de pluie et la veste imperméable.
Précautions dictées par l'expérience...
Rue de Belleville, Paris se reveille et devient un peu plus actif au-delà. Odeur de métro, parfum des croissants frais en passant devant les boulangeries, (ce qui me fait penser que j'ai oublié le pain pour le sandwich de midi); pas encore trop de circulation.
Un peu après 8h30 je suis à Montparnasse où le sommet de la tour se perd dans le brouillard.
L'accès aux quais est toujours problématique: pas de rampe pour monter au niveau de la salle des pas perdus. Seule option: le petit escalator rue du Commandant Mouchotte. Avec un vélo chargé, ça passe tout juste entre les deux poteaux en inox...
Messieurs les ingénieurs de la SNCF, prenez de la graine sur nos voisins allemands !!
Train retardé.. mais en contrepartie celui qui se présente à quai est un des "nouveaux" TER faciles d'accès, avec larges couloirs et compartiment à vélo spacieux. Pas besoin de tout démonter, ni de faire d'exercices de contorsion comme pour grimper dans les vieux 'Corail'. Peu de monde dans les quelques wagons du train de 9h06, qui s'arrête 4 fois avant Chartres ... mais 6 contrôleurs tout de même !
Vestes grises, parfois bien lustrées, casquettes, visières en bakélite = autorité !
En route, la météo ne s'arrange pas: en fait, plus on s'éloigne de Paris plus le brouillard s'épaissit... mais il ne pleut pas encore !
Arrivée à Chartres. Coup de tampon dans mon carnet et mise en route via Mainvilliers, juste de l'autre côté du pont, à droite en sortant de la gare.
Départ sans problèmes. J'avais déjà emprunté cette route en 2010, mais c'était en juillet...
La "piste cyclable" est une bande de moins d'un mètre de large sur le bord de la D24 que j'emprunte jusqu'à St Aubin des Bois..
En pareil cas, le rétroviseur, la veste et le fanion de sécurité sont les seuls saluts du cycliste..
Le brouillard du matin réduit l'horizon à quelques centaines de mètres rendant moins triste et décourageante l'immense plaine qui entoure Chartres. De ne pas voir très loin donne l'impression de découvertes continuelles au fur et à mesure de l'avancement.
Les odeurs de feux de bois dans les villages traversés sont de saison.
Premier objectif: atteindre Courville sur Eure pour rattraper la Véloroute "Paris - Le Mont St Michel".
A Courville, je passe le long de l'étang des 'Contents':la pêche doit y être bonne !
Puis, c'est la D103 jusqu'à La Loupe. Passage à Loulappe. Avec un nom pareil, il n'y a pas de doute, je traverse le "Berceau du Bebop".
Succession de villages sans vie, souvent en triste état, un peu comme la route à travers la Champagne l'an dernier. Fermes aux champs, minuscules mares aux canards, dans lesquelles la pêche est réservée aux habitants de la commune... porcheries...
Ca ne respire pas la richesse, ni la gaité.
Le lieu-dit "La Chèvre Pendue" en dit long sur la joie de vivre aux abords du Perche. On est loin de la richesse des grandes plaines céréalières... Certains coins me faisaient penser à des romans de Zola.
La forêt de Montécot est splendide. J'y rencontre deux ramasseurs de champignons visiblement satisfaits de leurs gros paniers gris pleins de cèpes...
"Déjeuner" debout dans le local à chariots du Carrefour Market de La Loupe, car évidemment, au moment précis de casser la croute, il se met à pleuvoir..
Comme la première fois, il y a deux ans je me re-perds parmi les lieux-dits après Vaupillon. Je débouche enfin sur une route entre Moulin Neuf et Bretoncelles, tout près de "La Godefraise".. (Je ne savais pas que ça se parfumait...).
Super descente en forêt jusqu'au bourg de Bretoncelles où j'arrive vers 15h00.
L'Hôtel de la Gare est très calme. Ses propriétaires très sympas et chaleureux. Ma chambre, confortable. Bonne causette avec le patron. Rock 'n'Roll est remisé pour la nuit dans son garage.
Ballade à pied en ville. Quelques photos des gros travaux de voirie, de l'église et de la "contribution à la culture", sorte d'obligation qui semble peu à peu gagner les places et ronds-points des villes et villages de France.
Beaucoup de maisons à louer ou à vendre ! La gare se réduit à une paire de quais usés équipés d'abris minuscules pour les voyageurs. Une pancarte indique que des travaux d'embellissement sont en cours !
Un peu plus haut vers la sortie du village: un atelier de tailleur de pierres. Vieil entrepôt gris et décrépit. L'ancien escalier des "Bureaux" est bordé d'une magnifique ballustrade en pierre taillée. Une autre réalisation monumentale jouxte l'entrée principale: splendides cartes de visite de cet Artisan de la Tradition.
Derrière l'hôtel un âne vocalise. Pas encore très mélodieux, l'animal, mais il s'entraîne !
Excellent dinner agrémenté d'une bonne conversation avec le patron.
A € 12,50 le repas comprenant: crudités, charcuterie, plat du jour, fromages, dessert, boisson et café, c'est pas simple de survivre ! D'ailleurs ...
A Paris, c'est le prix d'une modeste salade....
Le dépaysement est déjà en route !