Paris - Bretagne par Chartres et le Mont Saint Michel. Jour 5
Publié le 12 Novembre 2012
Jour 5. Courtils - Antrain, via Le Mont Saint Michel.
Mise en route vers 9h00. Ciel clair, strié de gris.
Temps frais, pas de vent. Ma logeuse me conseille de faire un crochet par la pointe de "La Roche Torin". C'est au bout d'une route peu fréquentée, bordée à un endroit par des champs en sable...
Les dernières centaines de mètres sont difficiles à négocier avec le vélo chargé tant le chemin est défoncé et constellé de flaques d'eau. Après un ultime virage, j'arrive en lisière des prés salés offrant une vue imprenable du Mont qui émerge au loin, parmi les moutons.
Profiter d'un tel panorama, avec pour seule compagnie le vent, le ciel et les moutons est un privilège que les couleurs du matin ne font qu'amplifier.
Demi tour pour retrouver la D75 en direction de Huisnes sur mer. Arrêt au cimetière militaire allemand où plus de 11 000 soldats reposent dans une série de cryptes construites autour d'une grande pelouse circulaire plantée d'une grande croix.
L'architecture du lieu est lourde et sévère. Le ciel, tout à coup menaçant, l'assombrit un peu plus encore.
Continuation vers Beauseuil / Les Pas puis crochet vers le NW vers Beauvoir.
Pour monter à La Caserne, où Véolia et une demi douzaine d'hôtels-restaurants rackettent le touriste "big time", j'emprunte une des deux petites routes parallèles qui longent la D976, côté Normandie, (à l'est du Couesnon).
Ma logeuse m'avait dit que les parkings à vélo n'offraient pas de réelle sécurité pour le matériel. Elle me conseilla de voir avec le magasin de produits régionaux "Lefranc", situé juste à l'entrée des parkings, s'il n'y aurait pas moyen de garer le vélo à l'arrière de leur bâtiment.
Non seulement c'était OK, mais en plus, la patronne m'offre de l'enfermer au sec, dans sa réserve ! Super !!
300 à 400m à pied et je suis sur l'aire de départ des navettes gratuites qui transportent pèlerins et touristes vers le Mont.
Les travaux sont titanèsques: construction d'une voie sur-élevée, sur pilotis, qui permettra d'accéder à "l'entrée" de la Merveille tout en rétablissant la libre circulation de l'eau de mer autour de l'îlot. Une fois cette première phase terminée il faudra déblayer des millions de mètres cubes de sable et de terre qui forment l'actuelle digue: un chantier sur lequel dumpers et grosses pelles hydrauliques vont régner pendant un bon bout de temps !
La terminus actuel de la navette se trouve à une centaine de mètres de la "porte" du Mont.
Le jour de ma visite, les visiteurs étaient surtout japonais. Il semblerait que ce lieu soit devenu une escale obligée de leur passage en France.
A peine arrivé au pied de l'îlot la météo se met au grand beau, probablement grâce au vent du nord qui bloque la grisaille plus au sud.
Passage à l'OT pour le coup de tampon dans mon 'Carnet de Pèlerin' et exceptionnellement pour acheter une médaille commémorative qui sera collée dans la case suivante..
Venir ici sans passer chez La Mère Poulard, c'est comme visiter Paris sans monter à la Tour Eiffel...
Au diable l'avarice.. et puis c'est dimanche.. et j'ai beaucoup pédalé... et je viens de loin... suffisamment d'excuses foireuses pour justifier ma réservation pour le déjeuner, même si c'est une usine à touristes.
Montée par la rue,
les couloirs, ruelles, venelles et escaliers étroits.
Peu de monde en cette mi-octobre: la chance ! Le Mont est à moi. Visite de la petite église où la sérénité des chants grégoriens qui l'emplissent me transportent progressivement, tel un rituel appaisant, du tapage commercial de la rue vers le sacré que ces lieux essaient de préserver.
C'est l'heure d'essayer la fameuse omelette. Elle se présente comme un soufflé qui aurait la forme d'un gros chausson aux pommes, aux extérieurs croustillants car cuite à la poêle.... c'est bien différent de ce que l'on a coutume de réaliser à la maison avec trois oeufs battus et une touche de lait. C'est une mousse légère, fine et délicieuse. La version avec homard est aussi possible, mais là, c'est entre €75 et €150....
Pour moi, ce sera le menu "Découverte"... à €45 tout de même ! Entrée, plat, dessert, un verre de vin, une bouteille d'eau et un café et je suis délesté de 6 tickets restau... plus un peu de monnaie !
La salle de restaurant est décorée de portraits des célébrités qui se sont arrêtées ici au fil des temps: rois, maharadjas, artistes, hommes politiques, sportifs... C'est la photo de Trotsky qui m'étonne le plus !
Le "business" Poulard, c'est une SARL au capital de € 78 millions. Outre le restaurant, elle gère hôtels, boutiques, etc... les marchands s'approchent dangereusement du Temple !
Le soleil s'est installé.
La palette de couleurs des sables, vases et prés salés entourant le Mont est infini. C'est beau et ça ne demande pas d'autres commentaires.
Après une dernière escalade à travers le labyrinthe c'est retour à la navette pour retrouver Rock'n'Roll et mettre le cap plein sud sur Antrain.
L'âne de métal est rebâté et l'équipage s'ébranle, non sans avoir remercié les établissements Lefranc en rajoutant 1,5 kg de gnaule aux sacoches...
Passage au moulin de Moidrey
dont les ailes tournaient vigoureusement dans le vent du nord, qui pour une fois, me poussait ! Puis c'est Pontorson, qui a dû connaître des époques plus fastes. Au vu de la gare, il ne doit plus s'y passer grand'chose.
A Boucey, j'attrappe la voie verte jusqu'aux abords d'Antrain. Super ballade sur l'ancienne ligne de chemin de fer reconvertie.
Antrain est vide et triste malgré le soleil. Aucune activité. Magasins et maisons à vendre. Mes logeurs ne seront de retour qu'à 18h30. J'ai deux heures à tuer.
Pas un bistrot pour se réchauffer !
Par chance, à 17h30, je rencontre le logeur -rentré plus tôt- qui vient garer son fourgon sur le parking de la Communauté de Communes où je me suis mis au soleil.
Mes "appartements" sont nickel. J'ai la maison d'à côté pour moi seul. Rock'n'Rollest garé dans la salle à manger.
Le repas est servi à 20h00. Nous sommes sept. Après une mise en route un peu laborieuse on parvient finalement à engager la conversation.
A 21h30 je prends congé. La journée a été excellente mais fraîche à cause du vent du nord. Le soleil, apparu alors que j'abordais le Mont Saint Michel a posé la cerise sur le gâteau rendant un peu plus magique encore ma (re) découverte de la Merveille !