Paris - Leipzig à vélo. J 15 : Bad Langensalza - Artern

Publié le 16 Septembre 2012

 

Bannière avec blason Leipzig modifié-2

 

25 juillet 2012: Bad Langensalza - Artern

 

Au premier abord, la pension semblait calme. C'était sans compter les voisins de l'autre côté du mur de la cour, les sourdingues d'à côté qui n'entendaient pas leur télé et la finesse du plafond au dessus de mon lit... A part celà, la nuit fut réparatrice !

Tous les matins on me souhaite "eine gute fahrt"... tous les matins je rigole en silence car phonétiquement, en Anglais, 'fahrt', c'est un 'pet' . Pas besoin de tels encouragements quand on est à vélo...

Pour ne pas changer, je me perds en quittant Bad Langensalza. Panneau radweg OK aux abords de l'office du tourisme... puis plus rien. Après 3 km à tourner en rond, je décide de reprendre le chemin de l'arrivée d'hier.

Cette fois-ci tout rentre dans l'ordre. Le plus rageant est que mon égarement initial m'avait amené à moins de 300m de la radweg...

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Magnifique trajet qui me fait goûter l'Allemagne de l'est 'profonde', une alternance de chemins en pleine nature et de friches industrielles d'avant 1989...ou était-ce 1950 ? Les villages, qui, même si d'énormes travaux ont été entrepris, n'ont pas encore pu se débarasser de ce qui faisait la différence avec l'ouest. Les maisons sont fleuries, avec voitures garées devant... mais les finitions sont en crépy peint, ou en dalles carrées type éternit, ou même en tuiles de tôle. Parfois même, c'est encore de la terre battue enduite à la chaux colorée.

 

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Les rues des villages traversées sont généralement en pavés: très grossiers en périphérie, s'améliorant à mesure que l'on se rapproche du centre. Sömmerda en est un bel exemple: on quitte la radweg pour aborder la ville par les faubourgs sur une route qui déboulonnerait même des 'nylstop', puis au fur et à mesure que l'on approche du centre ça s'améliore en deux ou trois transitions.

Une fois la radweg retrouvée, c'est soleil et vent en plein nez. Route à l'est. Nägelstedt, Grossvargula, Herbsleben: super route en forêt, dans les champs à travers des vergers... chemin bordé de "champs" de mauves..

Ringleben: attente interminable au passage à niveau pour deux wagons de 'Micheline'; assurément plus de 5 minutes... On ne prend pas de risques !

 

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Un vieux moujik en vélo attendait de l'autre côté, deux paniers gris de pommes accrochés au guidon. Rien n'avait changé pour lui.

La bonne odeur de lisier était là aussi. Elevage de cochons, style RDA à proximité. A Wenningshausen, très jolie église/cloître Saint Viberti.

 

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Une fontaine sur le parvis ombragé projetait en l'air une petite pisselotte qui retombait dans un bassin, procurant calme, fraîcheur et bien être à l'abri du soleil de midi qui tapait fort.

Routes rurales en dalles de béton préfabriquées, 

 

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...complètes avec anneaux de metal à chaque coin pour les mettre en place.

Du solide ! Malgré tout, l'ajustage a pris du jeu... c'est souvent préférable de rouler sur les bas-côtés.

Les champs sont immenses, probablement inchangés depuis '89. Des batteries de moissonneuses John Deere et Claas sont au boulot.

Bien que l'on soit en Allemagne réunifiée, la différence ouest/est est encore bien visible dès que l'on quitte les centre-ville occidentalisés. Ici, c'est plus lent, plus modeste, moins clinquant... pas réellement 'triste', mais  vivant putôt à un autre rythme.

Les grosses infrastructures transforment le paysage, mais les acteurs de ce paysage gardent leurs habitudes, leur façon de vivre.

Traditions et habitudes, mentalités et choix de vie ont la peau dure, comme partout ! On dirait que ce peuple, qui a été longtemps en marge de l'Europe, a en quelque sorte "trouvé la mesure", prenant à la modernité ce qui lui convient, tout en refusant de chambouler son mode de vie, resté plus paisible, plus provincial...

Les villages défilent les uns après les autres. Arrêt à Sommerda pour un coup de tampon (et une salade en attendant que l'OT rouvre à 13h30..). Jolies peintures murales. Centre ville vide !

 

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Erreur de trajet à la remise en route... Retour à l'OT pour retrouver le fil d'Ariane.

 

A Heldrungen, petit tour en ville pour voir: pas un chat.

 

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Faut dire qu'il faisait 36° à l'ombre.

 

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Ca chauffait pas mal. Depuis le matin, j'avais du boire au moins 6 gourdes d'eau... Le postier sur son pas de porte me tamponne mon carnet, un peu surpris de l'équipage.

La radweg bien plate n'est pas trop pénible et les 85 km + jusqu'à Artern ne me courrouceront pas les mollets.. du moins pas autant que les mouches et les taons à chaque arrêt.

A Artern deux gentilles grand-mères endimanchées m'indiquent la route de l'hôtel Weinberg (berg : sans commentaires...).

Elles devisent sur la meilleure façon de l'atteindre, la moins pénible, la plus directe... finalement une d'entre elles me conduit à pied jusqu'au bas d'une rue 'verticale', me disant que c'est "juste" en haut...

Je traîne la tente et tout le matériel depuis plus de 1 000km sans m'en être servi.. Tantôt météo trop pourrie, tantôt pas de campings, tantôt trop chaud, tantôt coup de flemme....( y'a toujours une bonne excuse pour justifier la flemme !!!!).

 

Elle est attachante cette Allemagne de l'est, moins folle et speed qu'à l'ouest. Plus agricole, plus paisible. Les villages font ce qu'ils peuvent, les gens aussi, "the rat-race" ne semble pas les concerner...

Les grand-mères discutent, assises sur des bancs, à l'ombre, devant chez elles, un peu comme dans notre France profonde. Les gamins jouent dans les fontaines. Je passe des jardins ouvriers avec les cabanons (datchas modestes), comme en Russie: fleurs, légumes, quelques arbres fruitiers, un coin de pelouse; chacun son chez-soi, mais tout le monde s'y met pour entretenir les allées communes; un peu le 'subotnik' russe.

Devant, c'est VW et Opel. On ne voit plus beaucoup de Trabbies... ce matin j'ai quand même vu un tractor Zetor... ça existe encore..

Contre-balançant ces aspects bucoliques, les friches industrielles et autres fermes collectives modèle RDA en panneaux de béton continuent de se délabrer un peu plus chaque jour.

 

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Les bâtiments mal construits pourrissent, les parcs à matériel ne sont plus que des amas de ferraille rouillée, de vieux véhicules accidentés, de remorques sans plateau, sans roues, de restes de gros outillages... le tout disparaissant peu à peu dans la grande herbe et les ronces qui ont tout envahi.

Quelques entrepreneurs ont repris çà et là des locaux desaffectés. Leurs enseignes modernes et leurs grosses voitures paraissent totalement incongrues dans cet environnement d'un autre temps.

Charleroi, RDA... tous les abus mènent au même résultat..

19h30. installé à la terrasse avec vue splendide sur la ville en contre-bas

 

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(le berg offre parfois de avantages..), grands parasols; Allemands de tous âges en sandales, shorts, T-shirts, mais aussi vieux couples 'dignes', Mr. en pantalon de flanelle, chemisette;

Mme en robe, les cheveux impeccables.. c'est 19h30 ou l'année 1930 que je suis entrain de vivre ?

Soleil couchant curieux, au dessus d'une colline surmontée d'une tour.

Une autoroute en construction barre le paysage du nord au sud.. Dans peu de temps elle effacera ces moments qui semblaient d'avant guerre..

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Paris - Leipzig à vélo. J 15 : Bad Langensalza - Artern

Rédigé par johnsbikingtrips

Publié dans #Paris - Leipzig en vélo

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