Paris - Leipzig en vélo. J16: Artern - Naumburg
Publié le 15 Septembre 2012
26 juillet 2012. Artern - Naumburg.
Me voyant dans la glace ce matin, j'ai décidé qu'il était plus que temps de mettre de la lotion solaire si je ne voulais pas ressembler à un jambonneau bouilli...
Onze jours de pluie avaient quelque peu émoussé le réflexe.
Petit tour au "centre ville" où la pharmacienne m'en met pour € 24 ! Valait quand même mieux se protéger, car la météo avait annoncé des températures et un ensoleillement pire qu'hier. Quelques photos d'une énième usine abandonnée et c'est parti.
La piste est sympa. Pas de vent, permettant de passer sur le grand plateau, rarement sollicité.
A Rossleben, Monsieur le Maire en personne me tamponne mon carnet. Photo du joyeux Centre Culturel.. qu'est ce qu'ils devaient s'amuser !
Le village suivant, Wendelstein, perché en haut d'une colline, semblait valoir le détour, d'autant plus que d'en bas, de la piste, il semblait y avoir un château offrant une vue plongeante sur la vallée de l'Unstrut.
Je prends mon courage à deux pédales et me tartine la montée pour découvrir que le "château" n'était qu'un tas de ruines inaccessibles et que le village ne valait guère mieux.
Cinq employés municipaux désherbaient un bout de la rue principale. Y'en a même un qui poussait une tondeuse sur le trottoir pour couper les brins d'herbe qui poussaient entre les dalles...Un autre passait derrière avec un pulvérisateur de désherbant. Pathétique... mais faut bien employer les "sans-travail" laissés pour compte.
Quelques autres villages le long de l'Unstrut, puis c'est Nebra.
J'avais vu des photos d'une structure curieuse, sorte d'énorme nef dorée posée sur un socle, à flanc de côteau.
Mon Allemand n'étant que très basique, je ne comprenais pas de quoi il s'agissait. Mais le bâtiment intriguait.
Evidemment, l'Arche, comme elle s'appelle, était perchée en haut d'une colline, un peu comme celle de Noé, lorsque les eaux se sont retirées....
La curiosité me pousse à monter la côte. C'est un centre archéologique / musée / planétarium, construit en forme de barque solaire pour abriter le "disque du ciel" et d'autres objets du 2ème millénaire avant JC, découverts en 1999, dans la région. Malheureusement, le disque du ciel est maintenant au musée de Halle.
L'architecture du bâtiment est magique mais le temps manque pour visiter le musée. . Un coup de tampon, une médaille commémorative que l'on 'frappe' soi-même en utilisant une pièce de 5 cents, quelques photos... et puis c'est le retour à la radweg pour la quarantaine de kilomètres qui me séparaient de Naumburg.
Il faisait très chaud !
A des kilomètres de Karsdorf on aperçoit un pont enjambant toute la vallée.
Il a été construit pour permettre le passage de trains à très grande vitesse. D'après les infos disponibles dans l'internet, il fait pratiquement 3 km de long, supporté par de hautes piles en béton. Kolossal ouvrage.
Un peu plus loin, scène hallucinante: celle de deux employés entrain de tondre le bas-côté de la route entre Burgscheidungen et Karsdorf, bourgs distants d'environ 5 km.
L'entretien en soi n'était pas surprenant car cela existe ailleurs. Ce qui l'était, c'est qu'ils faisaient le travail avec des tondeuses poussées, coupant des bandes de 30 cm max !
A la vitesse qu'ils avançaient, les deux tondeurs pouvaient espérer terminer juste à temps pour recommencer en sens inverse une fois arrivé au patelin d'à côté....
Ahurissant !
Les vignes font leur apparition, habillant les collines de leurs rangées impeccables.
Dorndorf: église magnifique et fraîche, permettant de se reposer de la chaleur accablante.
Comme tous les autres villages, celui-ci est équipé de ses ralentisseurs "naturels": des rues à pavés 'variables', obligeant les véhicules à ralentir sous peine de tout casser...
C'est peut-être pour cela qu'ils n'avaient pas beaucoup de voitures "avant" ? Tous les boulons seraient tombés.
La radweg continue calmement à l'exception d'un raidillon à 10% et me mène à Naumburg sur des chemins bordés de vignes, de pommiers, de cerisiers.. de plus en plus étroits, mais très bucoliques.
Passage à l'OT de Freyburg "ville" sympa, endormie... sauf en ce qui concerne les conducteurs d'Audis, Mercedes, Opel et autres machines plus modestes qui font beugler leur sono à tue-tête, dans un volume inversement proportionnel à la taille de la voiture...
Passage au pont "Napoléon" emprunté par l'Empereur dans sa retraite après la déculottée prise à la Bataille des Nations, près de Leipzig, le 21 octobre 1813.
J'arrive dans les faubourgs de Naumburg vers 17h00. J'avais réservé une pension juste à côté de la radweg. Chambre calme sur l'arrière. Douche ++ avec une sérieuse couche de lotion sur ma tronche de betterave rouge, bien mûre en bas et blanche au dessus... curieux visage !
Je ne suis pas passé à Erfurt comme prévu à l'origine car peu à peu l'Unstrut m'a absorbé, m'incitant à l'emprunter jusqu'au bout. Tout le long de cette jolie rivière j'ai pu découvrir l'Allemagne de l'est rurale: je pense que j'y ai revu ce qu'était la campagne de ma jeunesse dans les années '50, campagne que l'histoire tragique de ce pays longuement figé m'a permis de revisiter.
Parcourir les vieux villages paisibles, entendre les coqs, les oies, regarder les maisons modestes, observer les vieux discutant sur le banc devant chez eux... parcourir les rues pavées (comme c'était le cas à l'entrée de Montagny, il y a bien longtemps)..
Pouvoir "revivre" des moments passés, même si ce n'était qu'une perception partielle, ne permettant malheureusement pas d'y associer les êtres aimés, depuis longtemps disparus, est malgré tout un "luxe" curieux, particulier, exclusif.
Les lieux, les couleurs, la lumière, les scenteurs et les bruits font ressurgir tant de choses du fond de notre mémoire...