Berlin-La Pologne-Kaliningrad-Klaipeda par la véloroute R1. Jour 2
11 juin 2013. Environs de Buckow (Allemagne) > Osno Lubuskie (Pologne), 94kms.
Le froid réveille...2h15 du matin, impossible de résister : la vessie contrôle le sommeil, qu'on le veuille ou non. Combattre ne fait qu'aggraver les choses !
Extraordinaire voûte étoilée, mais vite recouché à écouter les bruits de la nuit: l'occasionnelle chouette, le vent dans les sapins, d'autres bruits mal identifiés. Il est certain que ma tente a dû éveiller des curiosités parmi le petit peuple des bois. J'ai dû redormir car je me suis réveillé au petit matin. Logique non ?
6h30: Grosse rosée. Ciel super clair.
Mon pré le matin...
Démarrage laborieux: habitudes à reprendre. Il y a un certain ordre pour ranger le matériel !
Départ dans la foulée. La veille au soir, je n'avais pas été très malin de m'enfoncer jusqu'au bout du pré... Résultat: 300m dans la grand herbe trempée de rosée, pour rejoindre la route. C'est vrai que j'étais au calme, invisible au bout de la longue clairière..
J'étais tout au fond...
Une petite côte pour la mise en jambes du matin et surprise de découvrir un camping au patelin voisin, à 2km d'où j'avais bivouaqué.. Encore une illustration de la loi de l'Emmerdement maximum (Loi de Murphy pour les puristes).
Obersdorf (..et mourir); même constat de tristesse à Trebnitz., Wulkow.. puis c'est Neuhardenberg. Le choc !
L'ensemble Château-hôtel de Neuhardenberg, vu des airs !
L'église que l'on aperçoit dans la photo précédente..
Très large avenue arborée. La route d'un côté, la contre-allée de l'autre, une grande bande de gazon séparant les deux.. Une église. Puis un château-hôtel magnifique avec de nombreuses dépendances; énorme cour pavée avec bassin de nénuphares en plein milieu. Le tout nickel, parfaitement entretenu, contraste total avec les patelins misérables puant le lisier, traversés depuis le matin. Je ne résiste pas à demander un coup de tampon !
La cour avec le plan d'eau; les jardins...
Quelques courses au Rewe, un café/viennoiserie et continuation sur de belles pistes en plaine et en forêt.
Une vieille pelle hydraulique Est-allemande n'en finit pas de mourir dans un parc à ferraille, entouré de vestiges automobiles d'un autre temps.
Traversée du Alte Oder, un petit bras de l'Oder peu à peu envahi par les roseaux et ensuite route au NE vers Letschin.
A 3-4kms de Letschin, curieux petit musée des chemins de fer: collection bordélique de wagons, de signaux, de panneaux, pendules de gare et autres matériels depuis longtemps réformés.
La météo est magnifique. Cumulus de beau temps, ciel bleu, pas de vent, le rêve du cycliste.
L'Allemagne est autrement plus dégourdie et volontaire que la France au niveau de l'utilisation de fonds européens pour financer les véloroutes... Très souvent on nous rappelle que c'est l'Europe qui a payé telle ou telle piste... France, réveille-toi, y'en aura pas pour tout le monde !
Un monument aux morts soviétique rappelle que la région n'a pas toujours été aussi bucolique.. Les listes de noms sont interminables...
A Sophienthal, montée sur la digue de l'Oder, côté Allemand. Quelle surprise !
L'Oder, comme beaucoup d'autres fleuves et rivières en Allemagne, a lui aussi pris ses aises, débordant largement dans les basses-terres qui le longent, innondant des milliers d'hectares de prairies contenues entre les digues qui retiennent ses excès.
Les arbres ont eux aussi les pieds dans l'eau...
Les routes et chemins sont recouverts, mais les hérons, cygnes, canards, oies et autres volatiles aquatiques s'en donnent à coeur joie. C'est très beau.
Je reste sur la digue jusqu'au pont qui m'amènera de l'autre côté, à 20km en amont. Les paysages sont uniques. Platanes, Saules, Chênes, Roseaux, parfums de fleurs... j'en prends plein les yeux et plein les naseaux !
Pique-nique à Bleyen, un peu avant l'endroit où j'avais imaginé planter la tente pour la nuit.. Un gros vase de pivoines est posé sur la table de pique-nique dans un endroit idillique mais infesté de moustiques.. J'en profite pour déballer ma maison en toile verte pour la faire sécher un peu. La rosée du matin l'avait bien détrempée..
Pas question de m'arrêter au camping au bord de l'Oder... le terrain était sous un bon mètre d'eau..
En début d'après-midi je quitte l'Allemagne en passant le pont de Kostrzyn. (va maintenant falloir s'habituer aux mots à une seule voyelle et 4 'z', impossibles à prononcer..).
Ville sans intérêt, autre que c'est l'entrée de la R1 en Pologne.
Je tourne un bon bout de temps pour trouver l'Office du Tourisme. En ville, rien.
La réceptionniste d'un hôtel me dit que c'est tout près du pont, à la frontière... Revenu sur mes pas, je vois un ensemble de bureaux qui donnent l'impression de quelque chose d'administratif. Là, une employée sympa de l'office touristique de la région (qui me trouvera un hébergement pour la nuit à Osno), m'indique que l'Office du Tourisme de la ville de Kostrzyn se trouve dans la Berliner Tor, sorte de fortification en briques rouges, de l'autre côté de la route, le long du fleuve. Deux niveaux d'Offices du Tourisme à 300m l'un de l'autre... Y'a pas qu'en France qu'on aime l'administration en couches multiples
La Berliner Tor
Rien à tirer de l'employée qui y officiait, trop occupée à jouer avec son ordinateur.
La seule chose que j'obtiens est un très gros coup de tampon et une mauvaise indication pour rattraper la R1, qui me fait passer dans un champ d'orties et de ronces avant de déboucher sur la route.. Ca commençait bien.
En quittant le bureau, je me rends compte que le calicot indiquant l'Office du Tourisme avait été ficelé côté cour... pas étonnant qu'on ne voyait rien de la route !
J'attrape la route 22, direction sud-est. C'est l'enfer. Route très passante exigeant une attention particulière. Les yeux regardent devant et derrière en même temps.
Le rétro est INDISPENSABLE. Heureusement, le Polonais double large -sauf quelques cons, (mais y'en a partout). Par prudence, je roule sur la ligne blanche du bas côté, prêt à jeter monture et cycliste dans la grande herbe si besoin...
Au nord de la route, la plaine est totalement inondée, comme un lac sans fin. La Warta, affluent de l'Oder a également pris ses aises. C'est magnifique !
Heureusement, les 10km de ce cauchemar de route sont avalés relativement vite. Bifurcation à droite vers Czarnow où je retouve une route de cycliste, comme on les aime.
Les crucifix, statues de la Vièrge, les croix et les calvaires, fleuris et décorés commencent à faire leur apparition.
(J'en verrai des centaines à travers la Pologne, tous plus kitch les uns que les autres). Après Stansk et Gronow arrivée finalement à Osno Lubuskie par une succession de pistes et de routes calmes.
Parfums de chèvrefeuille, d'acacia, de sureau: tant de merveilles qui vont m'accompagner tout au long de mon voyage. Les peupliers perdent leur duvet à chaque souffle de vent. Faut pas être allergique !
La pension à Osno est toute neuve. Le personnel sympa. Le vélo est garé dans le hall, sans complèxes.
La tente et le sac de couchage sèchent sur la balançoire dans le jardin.
A 20 euros la nuit, petit déjeuner compris, faut pas se priver. Petite lessive et Kolossale douche.
Super diner, bière en quantité suffisante, promenade digestive au bord du lac et dodo.
Le lac d'Osno Lubuskie
Pas besoin de berceuse: les 94km sous un soleil de plomb se chargent de propulser le cycliste dans les bras de Morphée dans un temps record.