Publié le 6 Juin 2025
Pour diverses raisons, en 2024, Rémi et moi n'avions pu faire notre périple annuel.
Au retour de Compostelle on avait discuté de notre prochain voyage, et Rémi m'avait demandé si on pouvait envisager Prague, bien que j'avais déjà fait le trajet en 2011.
J'aime beaucoup circuler à vélo en Allemagne car tout est très bien organisé pour les cyclistes, tant au niveau des pistes cyclables que des trains, sans compter l'hébergement aux étapes et tout ce qui a trait à la "gastronomie locale".
Concernant la Tchéquie, un nouveau voyage dans cet ex-Pays de L'Est, m'attirait également. Bien que ces pays se soient libérés du joug soviétique depuis plus de 35 ans, il y règne encore une atmosphère difficile à expliquer, mais qui me donne à chaque visite l'impression d'être transporté dans une machine à remonter le temps.
Revoir ce qui avait été entrevu il y a 14 ans, lors du premier voyage et prendre son temps pour visiter me convenait donc parfaitement.
Chacun ayant des impératifs de calendrier, nous avions fixé le départ au 11 avril, en espérant ne pas avoir trop de problèmes avec la météo de début de printemps. De plus, pour pouvoir profiter au maximum de la traversée de l'Allemagne et de la section tchèque jusqu'à Prague, on avait décidé de partir de Strasbourg.
Le retour à l'ouest était fixé au 28 avril.
Les préparatifs furent donc 'compliquées' car il fallait envisager les deux cas de figure, à savoir un hiver tardif et/ou un printemps précoce. (plus éventuellement une bonne dose de pluie...).
11 avril 2025. Bretagne - Strasbourg. Météo exceptionnelle.
Ne voulant ni l'un ni l'autre avoir à affronter l'épreuve SNCF, (voir tout le bien que je pense de la Compagnie nationale, dans d'autres articles de ce blog), Rémi avait proposé d'emmener les vélos (et les cyclistes), au point de départ, avec son van, équipé de porte vélos.
Pendant notre voyage, des amis, habitant Strasbourg, m'avaient offert de mettre le véhicule en lieu sûr, pour éviter tout désagrément en notre absence. Un grand merci à eux !
Partis de très bonne heure, nous sommes arrivés à destination en fin d'après-midi, et, une fois le van déchargé et garé, sommes partis vers notre hébergement local.
Pas besoin de berceuse ce premier soir.
12 avril 2025. Strasbourg - Heidelberg. Météo exceptionnelle.
Le Rhin, de Strasbourg à Heidelberg, ne présente pas d'intérêt particulier. C'est un interminable halage.
On avait donc décidé, pour ne pas perdre 2 journées, de nous rendre à Offenburg à vélo et de prendre le TER local jusqu'à Karlsruhe, puis un second train régional jusqu'à Heidelberg, véritable point de départ du périple.
Notre premier train ne partant qu'en tout début d'après-midi, nous avons profité de la matinée pour 'visiter' Strasbourg et partir tranquillement vers Offenburg via la piste cyclable longeant le canal Zinzig, une vingtaine de kilomètres sympathiques à travers champs et prairies.
Le premier train nous amène sans problèmes à Karlsruhe. Le second, nous donnera quelques sueurs froides.
A deux gares de l'arrivée à Heidelberg on se rend compte que la porte de sortie de notre wagon était bloquée et que tous les passagers se rendaient dans le wagons précédent ou suivant pour descendre.
Avec nos bourricots chargés, impossible de passer dans l'allée centrale. On réussit, alors que le train entrait en gare de Heidelberg, à nous faufiler dans l'étroit couloir le long des WC, faisant lever tout le monde de leurs strapontins. L'alternative aurait été de continuer jusqu'au terminus du train et de revenir sur nos pas. On n'avait pas besoin de cette expérience !
L'hébergement choisi était à 4 km au sud de la ville, bien desservi par une large piste cyclable. On y passe pour débâter les ânes et on file vers le centre de cette ville magnifique construite à cheval sur le Neckar.
Passage obligé sur la rive nord pour profiter d'une vue extraordinaire du château. Les berges herbeuses accueillent de nombreux visiteurs profitant de la météo exceptionnelle pour pique-niquer ou simplement se retrouver autour de l'apéro du samedi soir. Visite de la vieille ville sur la rive opposée. On dîne dans un petit restaurant avant de renfourcher les montures et de rentrer à l'hôtel, non sans nous être arrêtés près d'un terrain de sports où se déroulait un match de hockey sur gazon. Jeu étonnant, rapide et certainement très éprouvant du fait que les joueurs, constamment en mouvement, courent courbés sur leurs cannes.
13 avril 2025. Heidelberg - Bad Wimpfen. Nuageux avec éclaircies.
On démarre vers 9h30, direction Nord, vers la vieille ville, où se trouve l'Office du Tourisme. Un coup de tampon dans les carnets avant de quitter Heidelberg. La préposée nous recommande de continuer sur la voie verte rive sud du Neckar. La piste est plus calme qu'en face. Ce sera un défilé de villages tous plus beaux les uns que les autres et de châteaux perchés sur les collines. C'est très beau.
La piste est tantôt en bord de route, tantôt en sous-bois et parfois même au ras de l'eau. Succession de revêtements bitume, sable compacté et chemins forestiers impeccables. L'ail des ours est en fleur et dégage un puissant parfum. Merisiers et pommiers donnent des touches de blanc et de rosé à une campagne où le vert foncé prédomine à cette époque. Jonquilles et tulipes décorent les parcs et jardins.
Peu avant Neckaretz on loupe le panneau de la Radweg, pourtant très reconnaissable, et on s'embarque plein Est vers Mosbach. Cela mettra une dizaine de kilomètres supplémentaires au compteur. Le Neckar retrouvé, ce sera une continuation sans gros problèmes jusqu'à Bad Wimpfen, atteint vers 17h30.
Bien évidemment, le village est sur une hauteur. La montée et les rues à gros pavés finissent d'achever les cyclistes au terme des 90 km parcourus. La chambre d'hôte est une très vieille maison à colombages dans laquelle peu de murs et de planchers sont d'équerre.
Notre hôtesse ne parlait que l'Allemand. Rien d'autre. Nous échangions via une version parlée de Google Translate. Les phrases traduites étaient parfois très surprenantes...
Dîner dans un superbe restaurant du 'centre ville' et retour chez nous après une première journée très remplie.
14 avril 2025. Bad Wimpfen - Schwäbisch Hall. Très belle météo.
Il a plu durant la nuit, mais au moment de partir prendre le petit déjeuner en ville, le ciel est sec (mais frais).
A la boulangerie locale on nous propose petits pains + beurre + confiture + café. A peine la première bouchée avalée, la tenancière arrive avec 'le plat de résistance' du Frühstück... un très gros bol de salade, jambon, fromage, poivrons et tomates. Un vrai repas que l'on peinera à finir.
Mise en route tourmentée, car à peine sur la voie de halage, sommes obligés de bifurquer dans la campagne car une goudronneuse refait une section de la voie verte et bloque tout passage. On perd un peu de temps à tourner en rond, mais un brave camionneur nous remet sur le bon chemin en direction de Heilbronn. VV très roulante.
Il faut traverser une bonne partie de cette ville industrielle avant de tourner plein Est vers Weinsberg/Obersulm. Fin du pain blanc ! Les côtes commencent. Ce sera une succession de montées et de descentes durant le restant de la journée, ponctuées par une ou deux erreurs de parcours. (On n'a pas toujours le nez collé sur les pancartes à chaque intersection...).
Magnifiques paysages tout le long de la route reliant Obersulm - Bretzfeld - Ohringen - Neuenstein - Waldenburg et Schwäbisch Hall, destination de la journée.
Arbres fruitiers en fleur, champs de groseilliers et d'autres fruits, le tout sous un azur éclatant où le soleil jouait avec quelques cumulus de beau temps. Mention spéciale à Neuenstein où l'on s'arrête pour admirer l'extraordinaire château.
Aux abords de Schwäbisch Hall, la VV serpente en plaine longeant le Kocher.
Faisant confiance au GPS de Rémi, censé nous faciliter le trajet vers la chambre d'hôte, évitant des montées inutiles via le centre ville, nous nous embarquons dans un chemin, peu après l'hôpital, le long de la Wettbach, un gros ruisseau se jetant dans le Kocher... Un couple de personnes âgées nous déconseille d'insister, car disaient-ils, ça se gâte un peu plus loin.
Mal nous a pris de ne pas les écouter car, outre l'étroitesse et l'état du chemin, traversé de racines apparentes, mal empierré et très humide, celui-ci affichait une pente d'au moins 8 à 10 pour cent.
Après un "Kolossal" effort, cyclistes et montures retrouvèrent enfin l’asphalte et peu de temps après, l'accueil de notre hôtesse, qui n'imaginait pas que nous avions pu monter la côte, déjà très difficile pour les promeneurs à pied.
Dîner en ville chez un Italien. Pizza, bière et tiramisu... quoi de mieux pour se requinquer après 85 km de pédalage ?
15 avril 2025. Schwäbisch Hall - Rothenburg ob der Tauber. Météo splendide.
En route avant 8h00, direction centre ville pour le petit déjeuner que l'on prend une fois encore dans une boulangerie. Cette fois pas de surprises comme à Bad Wimpfen. Ce sera un vrai 'Continental', sans salade, fromage et jambon..
La VV repart en sens inverse de notre arrivée d'hier, le long du Kocher, plein Nord. Quelques photos en ville des maisons à colombages dans le soleil du matin. A l'ombre c'est frais mais le ciel promet une belle journée.
Premier incident à quelques kilomètres du départ sur la Kocher Jagst... Des travaux obligent les cyclistes à faire demi-tour et de prendre une route alternative rajoutant pas mal de km au parcours..
On décide de passer quand-même, quitte à devoir pousser le vélo à certains endroits. On se fera copieusement engueuler par un chauffeur de pelle et son acolyte, mais pas question de faire demi-tour. (La section en travaux faisait 100m...)
La VV serpente en vallée dans des prairies que l'on croirait tondues. Les paysages de part et d'autre sont très beaux, surtout que les aubépines et arbres fruitiers sont en pleine floraison.
Le viaduc "Kochertalbrücke" apparaît, 185m au-dessus de notre VV. Il annonce, à partir de Braunsbach, le parcours très accidenté (belles montées mais aussi belles descentes) jusqu'à Nesselbach, puis la montée impossible vers Langenburg.
Une fois encore il faudra que je mette pied à terre dans la dernière partie du petit chemin qui débouche près du château, en haut de la côte.
On s'arrête pour souffler et pour admirer les décos de Pâques égayant les fontaines du village.
Remise en route vers Billingsbach. Pique-nique sur les hauteurs à l'orée d'un bois. On rencontre un sympathique cycliste local revenant de son travail. L'homme parlait très bien le Français et l'Anglais ! Bel échange.
Continuation vers Rothenburg sur petites routes et chemins dans les bois et en plaine. Nombreuses fermes aux champs. Malgré des exploitations impeccables, grosses odeurs de lisier.
Partout la nature renaît. Tout est en fleur... aubriéta, tulipes, pensées...
Quelques mini gouttes de pluie mais rien de grave. La fin du parcours sera bien sèche et ensoleillée... et une fois encore l'objectif sera perché en haut d'une colline.
La chambre d'hôte est un peu compliquée à trouver mais en fin de compte à un jet de pierre des murailles de la ville.
Étape très physique qui méritait le repas de Rois pris à la RatsStube sur la place du Marché.
Aucun regret d'avoir choisi la spécialité : "Schweinshaxe mit Knödel, Sauerkraut und Bier.".
Pas très digeste, tout de même, pour un dîner...
Une bonne promenade digestive devait atténuer le petit sentiment de culpabilité de ne pas avoir pris une salade...
16 avril 2025. Rothenburg ob der Tauber "All day". Météo splendide.
Première journée 'visite'.
La ville est très belle et mérite que l'on s'y arrête. Nous passerons la journée à découvrir toutes ses richesses, à parcourir les chemins de ronde de la muraille entourant la ville, à visiter le petit musée municipal, plein de surprises et de pièces uniques. Le soleil est encore au rendez-vous, nous obligeant même à rechercher l'ombre. Quelques photos en diront plus qu'un long discours.
17 avril 2025. Rothenburg ob der Tauber - Nürnberg. Gris/froid le matin, très beau l'après-midi.
Orage le soir.
Mise en route de bonne heure pour la longue étape vers Nuremberg. Le ciel du matin est gris et froid. Malgré tout, on décide de garder le cuissard court, mais on couvre bien le haut (polaire et veste, plus calot sous le casque). Si la météo s'arrange, c'est plus facile que de devoir tout déballer.
Sortie de Rothenburg assez physique avec deux belles côtes dès le départ, dont une (juste après l'autoroute E43), affiche 16%.
Ce sera ensuite une longue balade sur le plateau jusqu'aux abords de Nuremberg. Wachsenberg, Linden, Windelsbach, Cadolzhofen, Burghausen, Oberdachstetten, Flachslanden... où je me rends pour la seconde fois chez le même vélociste qu'il y a 14 ans pour, cette fois-ci, un coup de pompe dans les pneus.
L'homme a vieilli (comme moi), et s'est considérablement agrandi avec l'arrivée des VAE. On échange quelques mots et on remet en route vers l'Est.
La VV est facile et continue de passer par une succession de villages proprets mais sans vie, tantôt en plaine, tantôt en forêt.
Pique-nique sur un banc à l'église Saint Andréas à Dietenhofen. L'endroit sort tout droit d'un tableau de Brueghel l'ancien. Continuation sur la véloroute vers Zirndorf. Rencontre d'une classe verte promenant des petits lamas.
A Zirndorf, on loupe le panneau indiquant la direction de Fürth et on se trouve rapidement sur des pistes cyclables partagées (avec piétons), sur des axes de plus en plus importants, menant directement à Nuremberg. Les panneaux routiers ne nous disant rien, Rémi affiche le "+ code" de notre hôtel dans Google Maps et on se laisse guider par le petit trait bleu défilant à l'écran.
Après des kilomètres plutôt désagréables et très chargés on rattrape finalement la piste longeant la Pegnitz, dans les faubourgs Ouest de Nuremberg, et en deux temps trois mouvements, on se retrouve devant notre logement dans la Burgschmietstrasse, à deux pas du Château surplombant la ville.
Les ânes sont rangés au garage, les cyclistes déguisés en civil et c'est une première sortie à pieds.
Passage au château où le belvédère offre une vue panoramique de la ville. Petit tour pour se dégourdir les jambes d'une autre façon que de pédaler.
La faim sonnant à la porte de l'estomac, on se rend dans un haut lieu de la saucisse et d'autres spécialités culinaires de Nuremberg pour un repas magnifique arrosé d'une belle quantité de bière.
Durant le repas l'orage éclate. La marche digestive prévue sera conduite au pas de charge. On est heureux de ne pas avoir à passer la nuit sous la tente... Le réceptionniste nous assure qu'il fera beau demain. On croise les doigts.
Petit commentaire concernant la section Zirndorf - Nuremberg :
Bien surveiller les panneaux de la Paneuropa Radweg aux abords de Zirndorf car une 'directe' sur Nuremberg n'est pas recommandable. Trop de circulation sur des routes très passantes. Ce n'est donc pas par hasard que la véloroute monte à Fürth pour ensuite redescendre vers Nuremberg.
18 avril 2025. Nuremberg "All day". Ciel gris et froid.
Mise en route sans trop se presser à travers une ville endormie (Vendredi Saint), en direction du Zeppelinwiese, initialement aire de départ et d'arrivée des gigantesques dirigeables conçus et construits par le comte Ferdinand von Zeppelin à partir de la fin du XIXè siècle et jusqu'en 1937.
En 1933, ayant accédé au pouvoir, Hitler décide de nommer Nuremberg 'Ville des réunions du parti nazi' et d'y construire un complexe d'une superficie de plus de 10 km2 de bâtiments et terrains nécessaires aux évènements qui devaient s'y tenir. (Le "Reichsparteitagsgelände" - terrain du congrès du parti du Reich).
Le terrain occupé par les activités aéronautiques fut transformé en un immense lieu de rassemblement, destiné aux meetings de propagande organisés annuellement par le parti, et auxquels participaient des centaines de milliers de membres.
Nous avions décidé de commencer notre journée d'immersion dans l'histoire dramatique de la première moitié du XXè siècle par la visite des vestiges de cette mégalomanie diabolique.
De la Zeppelintribüne d'origine il ne reste que des gradins en divers états de délabrement ainsi qu'un promontoire central sur lequel Hitler se produisait dans une mise en scène pharaonique le dernier soir des Congrès annuels. A sa droite et à sa gauche siégeaient les membres les plus importants du parti.
Le 'champ' en face de la tribune était délimité par des blocs de gradins plus modestes entourant les trois côtés de l'immense carré et étaient destinés aux visiteurs. Des structures en pierre de forme parallélépipédiques séparaient les nombreuses sections de tribunes. Ce qui devait durer mille ans est dans un bien piteux état.
Après une longue visite de cet endroit qui fait encore froid dans le dos lorsqu'on imagine ce à quoi a mené la folie d'un seul homme, nous sommes allés visiter l'exposition au "Centre de documentation du parti nazi", situé dans les vestiges inachevés de la "Salle des Congrès", autre délire conçu par Albert Speer, l'architecte du régime.
Le Centre de documentation sert de lieu de mémoire pour rappeler l’histoire sombre du nazisme, ses pratiques de propagande, ses lois raciales, et les procès de Nuremberg.
Tout comme le Musée "Topographie de la Terreur" situé à Berlin, l'exposition dévoile la lente montée du régime démoniaque, exposant la conduite et les dégâts des egos démesurés des gouvernants et de leurs affidés, de l'origine du mouvement jusqu'à sa destruction et à la condamnation des fautifs.
Les nombreux visiteurs défilent silencieux devant les documents présentés, les photos, les affiches, les explications. Quatre-vingts ans après la chute de ce régime maudit, d'autres egos semblent avoir pris la relève... La "der des der" ne serait-elle qu'une utopie inatteignable ?
La journée continue par la visite du Tribunal où eurent lieu les Procès de Nuremberg. La documentation et les explications proposées au visiteur ne laissent rien dans l'ombre. Nous passerons un long moment à découvrir, salle après salle, tous les aspects de la genèse et de la mise en œuvre des procès, de leur déroulement, et des actions de dénazification qui ont suivi.
La visite se termine par la salle où les procès eurent lieu. Elle a changé depuis, mais en fermant les yeux, on peut encore imaginer, tant les photos ont marqué notre génération, les deux rangées de prévenus, dans le box rectangulaire au fond à gauche... Göring au premier rang dans son costume clair. Moment glaçant.
Une plongée dans l'Histoire que nous n'avons pas connue, mais qui ne demande qu'à se répéter pour assouvir la soif de puissance et les appétits insatiables d'une nouvelle poignée de fanatiques.
Mémoire, Détermination, Courage... réveillez-vous avant qu'il ne soit trop tard !
Vue de la tribune "d'Honneur", depuis celles des visiteurs. (Photo prise au Centre de documentation)
19 avril 2025. Nuremberg - Sulzbach-Rosenberg. Couvert au départ puis grand soleil jusqu'au bout.
Nous quittons Nuremberg en direction du Nord-Est, suivant la Véloroute des cinq fleuves (Fünf-Flüsse Radweg) qui longe les lacs en direction de Hammer, Schwaig bei Nürnberg, Lauf an der Pegnitz, etc...
Le parcours est superbe. Arrêt 'photos' obligé à Hammer, toute petite bourgade 'rose' dont quelques maisons ont survécu aux bombardements de la seconde guerre mondiale.
La suite du parcours sur le tracé de la Paneuropa Radweg est sublime. Paysages à couper le souffle, écrasés de soleil, ce qui nous fait du bien après la journée d'hier.
Pique-nique à Hersbruck et continuation vers Pommelsbrunn. A Weigendorf, la véloroute bifurque au nord-est en direction de Oed, Etzelwang, Neukirchen bei Sulzbach-Rosenberg, puis redescend vers Trondorf, Untermainshof pour terminer à l'entrée ouest de Sulzbach.
Le relief pas trop pénible. Le soleil nous accompagne.
Après un bref arrêt en ville (nous reviendrons demain), c'est direction la chambre d'hôte située à 1 km du centre-ville sur la 14. On dîne sur place, mais le repas est assez vite expédié car la 'maisonnée', personnel compris, est attendue pour le service du samedi soir de Pâques, à l'église du bourg.
Résultat : on se retrouve un peu les 'Gardiens du Temple' après que tout le monde, sur son "trente et un" ait disparu précipitamment. (Nous étions seuls dans l'établissement).
Excellente journée de pédalage à travers des paysages magnifiques.
20 avril 2025. Sulzbach-Rosenberg - Etzenricht. Très belle météo.
Partis vers 9h00 de notre Chambre d'hôte pour un rapide tour de ville Tout dort car c'est Pâques. Les rares personnes rencontrées convergent vers l'église Saint Marien pour assister à l'office.
Quelques photos et c'est reparti en suivant la véloroute. Ce sera successivement Grossenfalz, Grossalbershor, Iber, Süss puis Hahnbach. Schalkenthan, Kainsricht, Gebenbach puis Hirschau. Une belle balade tranquille et sans circulation dans une campagne très ensoleillée, offrant une grande variété de paysages.
On arrive à Hirschau sur la Rathausplatz totalement vide, ultra propre, mais stérile. Deux cerfs dorés, l'un portant l'autre sur son dos, décorent le parvis de la mairie. Quelques drapeaux flottent sans conviction aux mats, le long de la route. C'est triste.
Je propose à Rémi d'aller voir la curiosité locale, à savoir le Monte Kaolino, immense terril de 35 000 000 de tonnes de sable composé de kaolinite, résidu de l'exploitation à ciel ouvert d'immenses carrières de kaolin, encore en activité.
La dune artificielle fait 120m de haut et est utilisée pour faire du ski, mais pratiqué seulement durant l'été. La visite se fait rapidement, d'autant plus que seul un skieur était en action sur la "piste", soulevant à chaque virage un nuage de poussière.
Notre "Agneau pascal" (sandwich jambon/fromage, préparé le matin à la chambre d'hôte) sera consommé dans un arrêt de bus à Schnaittenbach.
Remise en route pour Holzhammer où l'on refait le point pour choisir le chemin le moins difficile (cause côtes), pour nous rendre à Etzenricht. Ce sera via Neuersdorf, Neudorf et Oberwildenau. Le relief fut pénible mais le parcours à travers bois et prairies contrebalançait avantageusement cet inconvénient. Belles allées parmi les pins, bouleaux verts tendres. Un bout de chemin via Sperlhammer et d'autres lieux perdus parmi les méandres de la rivière Haidenaab nous amènent finalement à destination.
Arrivée à la Penzion en pleines festivités de Pâques. Une dizaine d'enfants faisait la chasse aux œufs dans le hangar et le garage. Malgré la fête, Gerhardt, notre hôte nous accueille avec beaucoup de gentillesse et de générosité. Nous ayant conduit à nos 'appartements', voyant nos petits drapeaux français, il nous confie, dans un Anglais approximatif, son souhait de visiter les plages de Normandie pour voir où était tombé son grand oncle durant la seconde guerre mondiale... On ne se sentait pas très à l'aise, mais c'était sincère et dit sans 'rancune'.
Dans le village, tout était fermé. Heureusement que nous n'avions pas consommé les salades etc. achetées la veille. Fouillant dans les sacoches et avec l'aide de la bière que Gerhardt nous avait offerte, nous avons même réussi à concocter un "dîner" acceptable.
21 avril 2025. Etzenricht - Smolov (CZ). Gris le matin, grand soleil ensuite.
Excellent petit déjeuner allemand. Préparation des sandwiches pour la route.
L'établissement de Gerhardt est un endroit où l'on se sent bien. Dommage que ce soit un peu loin pour y faire une escapade un week-end.
La route est humide. Il a plu durant la nuit, mais ce matin c'est sec. Un peu frais tout de même. Pas étonnant compte tenu de la quantité de plans d'eau et de gros ruisseaux des alentours.
On se plante en essayant de retrouver la véloroute non loin de Weiden in der Oberpfalz, mais rapidement tout se règle. Encore quelques kilomètres et on est à Neustadt an der Waldnaab, où, à la gare Saint Félix, on rejoint la Bockl Radweg, qui emprunte le tracé d'une ancienne ligne de chemin de fer : 50 km de faux plats montants et descendants jusqu'à Eslarn. Les villages défilent lentement : Flosse, Vohenstrausse, Pleystein, Lohma, Waidhaus, puis enfin Eslarn, fin de la piste.
Pique-nique sur un banc en forêt. Quelques gouttes de pluie. Passage d'un "col" à 605m d'altitude. On remet les gants d'hiver..
La descente progressive s'accompagne d'une remontée de la température. Le soleil perce enfin la couche.
La véloroute est magnifique. A Eslarn il ne reste que quelques kilomètres pour atteindre la frontière Tchèque.
De nombreux arbres situés près de petits ruisseaux ont subi des attaques de castors. Vu la précision des coups de dents, on devrait pouvoir les dresser à tailler des crayons en pointe.
Les derniers kilomètres vers la frontière se font sur une belle piste cyclable, asphaltée, bordant une large route en forêt. En semaine c'est le chemin des courses pour les Allemands frontaliers. Les super-marchés et pompes à essence les attendent juste de l'autre côté.
Le panneau bleu orné de sa couronne d'étoiles jaunes approche et c'est photo obligatoire !
Ça y est, nous sommes en Tchéquie...et la machine à remonter le temps fonctionne déjà !
On continue sur la "véloroute" #37. Dans un premier temps elle nous amènera à Pilsen. Le chemin est essentiellement en sous-bois, mal empierré, plein de profondes ornières, et serpente en montées et en descentes pendant plusieurs kilomètres... pour finalement rattraper la route N° 197 que l'on avait quittée après la frontière. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
Encore quelques kilomètres sur une route bien différente de celles que nous avions empruntées en Allemagne, puis c'est Smolov, terme de notre étape du jour.
Le village d'environ 90 habitants est "dans son jus". Hormis quelques voitures occidentales garées devant les maisons du village, peu d'autres choses ont changé depuis la chute du mur. On se croirait dans la France des années '50.
Difficile à raconter. Il faut le vivre pour le comprendre.
Notre Pension est 'soviétique' dans son agencement et sa décoration intérieure. Les maisons alentour, que l'on découvre de notre fenêtre ont subi peu de changements en 35 ans : vieilles machines agricoles, équipements d'un autre temps, etc. Ceci dit, c'est un lieu très paisible et attachant.
Zuzana Kojzarova, la propriétaire, nous accueille très chaleureusement. Nous sommes les seuls clients ce soir.
Le menu de la table d'hôte est basique mais bon, et la Pilsner Urquell en facilite la digestion.
22 avril 2025. Smolov (Bela nad Radbuzou) - Pilsen. Très beau temps.
Mise en route à 9h00 sous un soleil déjà haut dans le ciel (nous sommes à plus de 1 300 km à l'est de la Bretagne, mais sur le même fuseau horaire). Directe vers Bela nad Radbuzou. Achats pour le pique-nique de midi.
La véloroute #37 nous promène à travers une très belle campagne, très valonnée, via Pavlikov, Dubec, Borek, Bernartice, Stare Sedlo, Kladruby, Lhota u Stribra, pour enfin nous amener à Stribro. Après coup, on se rend compte que la #37 n'était pas le chemin le plus court de A à B, mais en revanche offrait des paysages magnifiques aux cyclistes.
Pique-nique sur la place, coups de tampon au musée local et c'est reparti vers Vranov pour environ 35 km de misère, les douze premiers sur des chemins défoncés, dans les bois surplombant la Mze, la rivière locale, nous obligeant, à plusieurs reprises, de mettre pied à terre et de pousser les montures dans les côtes !
Ça s'arrange après Pivovany/Jezna où nous retrouvons des routes plus carrossables. La dernière section vers Pilsen est un zig-zag non-stop à travers des lotissements, des champs, des détours interminables.
Cela ne faisait qu'ajouter des kilomètres au compteur, sans pour autant nous rapprocher très rapidement de Pilsen.
Aux abords de la ville, Rémi affiche le "+ code" de notre hébergement et après quelques coups de pédale le long de la Mze (encore elle), on arrive enfin à Borska 19, devant l'hôtel Victoria.
Installation. Les vélos sont hébergés dans une salle derrière la réception. Nous dans une chambre au décor désuet.
Avec 94 km au compteur du jour on n'avait pas trop envie de partir en ville pour le dîner, alors ce sera sur place, à l’hôtel.
Repas très roboratif (on a dû finir le sac de boules de pommes de terre).
Une fois encore, pas besoin de berceuse pour rejoindre Morphée.
23 avril 2025. Pilsen 'all day'. Grand soleil.
Journée visite de la ville. Passage à l'OT pour le coup de tampon dans le carnet et déambulation à travers la ville, la tête en l'air pour ne pas louper les frontons et autres merveilles décoratives.
1er arrêt : La cathédrale Saint Barthélémy située sur la place de la République. Étonnés de ne pas avoir à payer pour la visiter. Un organiste s'exerçait tout la-haut derrière tous ses tuyaux, au-dessus de l'entrée principale. Dommage que sa répétition n'ait pas duré plus longtemps !
Le bâtiment est très court et très haut, contrairement à ce que l'on a l'habitude de voir en France. L'intérieur est très clair et les vitraux magnifiques. Il n'y a pas de transept ce qui doit donner cette impression d'étroitesse.
Belle balade à travers les rues pavées de la ville. Malheureusement beaucoup de parements ont souffert du temps et les rustines d'une autre couleur ne sont pas très heureuses. Sur l'immeuble de la Faculté des Arts on découvre un fronton glorifiant des travailleurs, réalisé par Otokar Walter vers 1955, typique de l'époque qui a pris fin à la chute du mur.
Le jardin de Smétanov et le Parc de Mestsky sont des endroits où règne une douce décontraction. Les Massifs de fleurs et les fontaines, bordés d'arbres, ajoutent au calme de cet endroit reposant. Des cafés bordent le côté nord de la place. En face, les très belles peintures extérieures du Centre Culturel (Mestanska beseda), sont d'un autre temps.
Une bière tranquille en terrasse, en guise de déjeuner, et on repart, direction la gare pour voir si la monumentale salle des pas perdus est décorée, comme c'est souvent le cas dans les ex-pays "de l'Est". Là aussi, peintures et statues ornent l'édifice.
Dernière étape, et non des moindres, la visite 'obligée' de la Pivovar Plzensky Prazdroj, autrement dit la Brasserie Pilsner Urquell. L'usine est énorme. Il faut bien ça pour produire plus de 2 800 000 bouteilles de bière par jour.
Le guide (en langue anglaise) nous captive pendant près de deux heures, expliquant l'histoire de la brasserie, ainsi que les développements qui s'y sont produits depuis sa fondation en 1842. Tout y passe : salles et cuves de fermentation, caves de maturation, ateliers d'embouteillage, etc.. sans oublier le demi, offert en fin de visite et qui se prend dans les caves de la brasserie...avant le passage au magasin de souvenirs. Une visite à ne pas manquer si la bière vous intéresse.
Dîner en ville de goulasch et de tranches de pain cuit à la vapeur. Excellent, mais à peine bourratif !
Le ciel se couvre.
Suite de l'article : voir la seconde partie.