Publié le 3 Juin 2017
Notre périple 2016, à travers la Normandie et la Bretagne n'était pas terminé, que Rémi et moi avions déjà décidé de la destination 2017 !
Ce serait une section du Danube. Une section seulement car les quelques 2 800 km de la source à l'embouchure dans la Mer Noire n'étaient pas envisageables dans le temps que l'on s'était fixé.
Bien que la balade soit simple, car il n'y a qu'à suivre le fleuve en faux-plat descendant, ce dernier est bordé de tant d'histoire sur ses deux rives, que des choix et des préparatifs sérieux s'imposaient.
Parcours.
Pour des raisons pratiques, nous avons décidé de partir de Munich, car à l'est de la ville coule l'Isar, un affluent du Danube...et l'Isar est bordé, jusqu'à Freising, par la magnifique véloroute "Munich-Regensburg-Prague" qui file ensuite vers le nord, passant par les villes de Kelheim et Regensburg, que nous avions choisies comme point d'entrée sur le Danube.
A partir de là, notre trajet devait nous mener rive droite, rive gauche en fonction des critères que l'on avait déterminés : en premier lieu, un maximum de kilomètres sur pistes calmes, préférablement en site propre; un accès aux villes, villages et sites choisis, et pour finir, si possible, l'ensoleillement de la rive gauche aux endroits où le fleuve s'encaisse entre de très hautes collines.
Les ponts sont assez espacés sur le fleuve mais les nombreux bacs et ferries ainsi que les énormes barrages, permettent, sans problèmes et à peu de frais de rejoindre la rive opposée. La bonne préparation de ce magnifique voyage nous a ainsi évité bien des déconvenues et des pertes de temps.
Période.
La véloroute du Danube est une piste très fréquentée, aussi nous avons choisi de partir début mai pour éviter 1. la grosse affluence cycliste des mois d'été, 2. les problèmes d'hébergement-de tous types- (essentiellement en Slovaquie et en Hongrie) et 3. les difficultés au niveau des transports de retour vers la France. Bonne décision, car, à plusieurs reprises, les wagons à vélos, en Autriche et en Allemagne étaient complets.
Jour 1. Paris - Strasbourg - Offenburg - Karlsruhe - Munich - Ismaning.
La 'voiture' N° 11 du TGV Est, située bien évidemment en tête de la double rame, était blindée. Heureusement qu'il n'y avait que nos deux vélos !
Arrivée sans problèmes à Strasbourg et mise en route par les nombreux quais vers le pont de l'Europe qui enjambe le Rhin et ouvre la porte de l'Allemagne. Des travaux et une déviation nous donnent une première occasion de nous perdre et d'avoir à escalader un pont de chemin de fer puis de redescendre de l'autre côté..ça commençait bien !
Des cyclistes nous remettent sur la voie et bientôt on se retrouve devant le premier panneau bleu à étoiles jaunes de notre voyage, à l'entrée de Kehl.
Offenburg :
Cette fois, la DB ne nous fait pas faux-bond... Pas de grève annoncée.. En gare, Les ascenseurs permettent à nos deux montures d'accéder au quai sans problème. A quand ce bonheur dans les gares françaises où deux costauds munis de valises y entrent à peine ?
A Karlsruhe, changement de train pour Stuttgart et Munich. Vaste wagon à vélos. On n'y est que 4 ou 5. Voyage facile. On pouvait s'asseoir dans la partie 'passager' du wagon, séparée des vélos par une cloison vitrée mais on choisit les strapontins pour apaiser les montures qui n'avaient pas encore pris la mesure de ce qui les attendait.
19h11. Arrivée à la Hbf (la grande gare) de Munich, pile à l'heure. Pas de soucis pour rejoindre la Isar Radweg, la piste cyclable de l'Isar. De la gare, c'est cap plein est à travers les rues de Munich, parcours parfois contrarié par des sens interdits ou des travaux.
En quelques minutes, via la Karlsplatz et la Neuhauser Strasse, nous sommes sur les berges de la rivière qui coule sud-nord et où nos ânes de métal se mesurent aux très nombreux cyclistes bien moins chargés que nous, filant à toute allure. A Munich, le cours d'eau n'est pas très large mais il est jaune comme la Garonne.
Les quelques 20 km qui nous séparent d'Ismaning où nous avions prévu l'étape (pour éviter les prix munichois) se font rive droite, sur pistes tantôt goudronnées, tantôt en tout- venant bien compacté, en sous bois pour la plupart.
Notre hébergement est atteint sans problèmes vers 20h30. Les vélos sont remisés et les cyclistes heureux de cette remise en route plutôt relax.
Jour 2. Ismaning - Mainburg
Météo super. Soleil, mais très frais à l'ombre. Départ d'Ismaning après un petit déj comme seuls les allemands savent faire. On rattrape la Isar Radweg le long de la rivière. Elle n'a pas changé de couleurs, toujours un peu jaunâtre. La piste est en excellent état et bien indiquée.
A un moment, on passe rive gauche. Le côté 'soleil' est quand-même plus sympa. Au travers d'Achering/Pulling on se trouve sous la finale de l'aéroport de Munich. Les avions rasent la cîme des arbres... Cette vulnérabilité, compte tenu des barges qui traînent, n'a pas l'air de troubler les autorités... Pas grand monde jusqu'à Freising où l'on s'arrête pour les achats du pique-nique. C'était jour de marché. La place centrale était remplie de commerçants dont les étals de charcuterie, de fromages, de fruits, de pâtisseries narguent les naseaux des cyclistes qui auraient bien tout acheté... mais...
La ville est belle, propre et friquée..
Remise en route vers l'Isar que l'on suivra jusqu'à Marzling. A partir de là, la route choisie qui nous mène dans une direction Nord, Nord-est, est un peu plus vallonnée, passant par une succession de villages proprets et fleuris. C'est si propre que ça en est presque stérile. Rien ne dépasse, les cours de ferme sont impeccables.. Personne dans les rues... La route est bordée de champs de colza, de houblon, de céréales diverses et de prairies tondues.. Des forêts de petits chênes et de sapins cassent la monotonie des cultures.
Rudlfing, Hagenham, Schmidhausen, Rast, Inkofen...
A Bergen on s'arrête sur les marches du cimetière pour pique-niquer. Notre déballage ne semble déranger personne. Le bus scolaire dépose une demi-douzaine d'ados qui rentrent directement chez eux dans le calme... Pas de chahut, pas de rires, on est sur une autre planète.
Les villages suivants défilent tranquillement tous les deux-trois kilomètres. Up and down..
Chaque village a son Maibaum, arbre de mai, 'planté' début mai depuis la nuit des temps. A l'époque celte, selon la légende, on dansait autour pour éloigner les mauvais esprits... Aujourd'hui il s'est transformé en un très haut panneau publicitaire que les commerçants locaux décorent des 'armes' de leurs spécialités.
La dernière partie du parcours se fait dans une lumière de fin d'après-midi. Le petit vent de la journée s'est calmé. Les cyclistes filent sans peine jusqu'au village de Puttenhausen où des camions, la goudronneuse et un compacteur nous obligent à pousser les vélos dans la grande herbe..seule réelle difficulté de la journée. On atteint Mainburg vers 17h00. On s'installe comme des rois dans la Gasthaus locale. Douche et tour de ville avant de dîner.
Comme Freising, tout est nickel ! Rangées de BMW, de Mercedes, d'Audis et de gros 4X4 de marques diverses... L'Allemand aime sa voiture et la montre à tout le monde. Fin d'après-midi, début de soirée, c'est un défilé comique de grosses cylindrées tournant en rond dans le centre ville tâchant d'attirer l'oeil des buveurs de bière installés à la terrasse du café de la place... On faisait la même chose dans le village de notre jeunesse, mais c'était en Mobylette....
Jour 3. Mainburg - Regensburg
Super météo au départ...et tout au long de la journée. Dès la sortie de Mainburg, la véloroute nous mène à travers les champs de houblon et d'asperges. Quand on sait que la dose de houblon dans la bière blonde est de l'ordre de 100 à 150 grammes par hectolitre et quand on voit les dizaines d'hectares de culture, on peut imaginer la quantité de bière brassée... et bue... Mais ici on est en Bavière alors tout s'explique !
La culture du houblon, qui se présente comme une espèce de liane, demande beaucoup de main d'oeuvre. Quand nous sommes passés, des saisonniers s'affairaient à entortiller les pousses autour des fils verticaux qui servent de guide à la plante. Ces fils, fixés au sol, sont eux-mêmes attachés à des câbles horizontaux qui surplombent les rangs, environ 4m au dessus des plants. La photo explique le process.. La récolte demande aussi un grand nombre de personnes, car si les 'lianes' sont coupées et ramassées avec des machines, la 'cueillette' se fait encore principalement à la main.
Autre culture de saison : l'asperge. Là aussi grosse consommation de main-d'oeuvre car chaque asperge est coupée à la main.... La plupart du temps elles restent bâchées pour ne pas verdir. La bâche n'est soulevée qu'au moment de la cueillette...
On suit l'Abensweg, du nom de la rivière qu'elle longe, pendant un bon bout de chemin. Pistes magnifiques de bitume, de tout-venant bien compacté et bien souvent de vrais billards, bien meilleurs que certaines sections de nos autoroutes en France... Courses à Siegenburg où une brave dame nous remet sur la bonne route dans ce village où les panneaux de la véloroute avaient disparu.
Passage à Abensberg, petite ville sympa pleine de vie, où un brasseur original a bâti une tour à l'architecture délirante. Les bâtiments de la Brasserie Kuchlbauer valent aussi le coup d'oeil.
La route nous mène vers Bad Gogging, à travers une campagne verdoyante. On s'y arrête pour pique niquer dans le parc municipal juste au moment où les employés municipaux remettent en route tondeuses et rotofils... Mauvaise pioche, tant pis, on est installés, pas question de tout remballer..
A Sittling, village suivant, mon raccourci nous fait gagner une bonne dizaine de kilomètres. Les véloroutes allemandes aiment souvent faire passer le cycliste par un tas de détours. On se fait avoir une fois et le coup d'après on prend le temps de bien regarder la carte, surtout aux abords des bourgs et gros villages.
A la sortie de Staubing on tombe pour la première fois sur "Le Fleuve"..., majestueux dans sa lenteur, déjà large, remplissant son passage avant de s'engager dans les gorges, une boucle plus loin..
La piste nous mène au monastère bénédictin du 'Kloster Weltenburg'. Rapide coup d'oeil à l'église, achat de billets, et nous voilà en croisière sur le Danube pour une trentaine de minutes, direction Kelheim. Les vélos sont remisés, avec d'autres montures, dans le hall à l'entrée du bateau. Météo magnifique pour découvrir l'étroit (et court) passage entre les murailles de calcaire hautes de plusieurs dizaines de mètres par endroits.
On débarque à Kelheim et on suit la piste rive gauche. A Poikam, traversée du pont et continuation rive droite jusqu'à Regensburg. A l'entrée de la ville, le ciel s'est brusquement chargé alors décision est prise de trouver un logement en dur. Excellent repas à la brasserie Kneitinger située Arnulfsplatz, à deux pas de notre gîte. La promenade digestive sera contrariée car les cieux s'étaient ouverts entre temps, abaissant considérablement la température et détrempant les trottoirs de la ville..
Jour 4. Regensburg - Loham (nord de Mariaposhing).
Le ciel n'est pas magique ce matin. C'est gris et menaçant. Comme d'hab. la journée démarre par un petit déjeuner sérieux. Pas question en effet que les cyclistes manquent de pétrole en milieu de matinée..
En sortant les vélos du parking, on est confrontés à un difficile choix de monture. En finale, après inspection, on décide de garder nos ânes de métal car les bagages auraient été à l'étroit, le moteur du monstre occupant tout l'arrière de la voiture...
Passage rapide en ville. Coup d'oeil à la cathédrale qui nous paraît très sombre et austère. L'office du tourisme nous appose le tampon de la ville. Direction le Steinerne Brücke malheureusement en travaux, ce qui gâche un peu la perspective photo.
Le trajet de la journée alterne pistes sur digues et en contrebas, généralement à l'arrière de la digue. Le Danube s'étale de l'autre côté, venant parfois lécher la protection ou coulant en retrait au-delà de grandes bandes herbeuses pleines de saules et de roseaux, de boutons d'or, de pissenlits et de tout un herbier de fleurs des champs.
Au travers de Donaustauf, perché sur la colline, le Walhalla, Panthéon des grands esprits allemands, copie du Parthénon d'Athènes, surplombe la vallée.
Odin/Wotan y accueillait les Héros tombés au champ.. Aujourd'hui, le bâtiment est peuplé de statues d'Allemands illustres
Succession de villages proprets et de paysages tranquilles. A Pondorf, arrêt pique-nique sur le parvis de l'église, seul endroit offrant des bancs..
A peine remis en route, on tombe sur un jeune qui essayait de réparer une crevaison. Il avait bien une chambre à air de rechange mais ne savait la gonfler, n'ayant pas de pompe... En dix minutes l'affaire est réglée et le gamin reparti. Bonne chance!
Le soleil apparaît enfin mais les reliefs sont bien chargés.. Pour éviter de renouveler la mauvaise expérience de la nuitée précédente (chère et peu conviviale, hormis les ripailles du soir..), on décide de s'arrêter à Loham, petit village au nord de Mariaposhing, sur la rive gauche du fleuve.
L'unique Gasthaus du village est tenue par un vieux couple qui nous met l'établissement à disposition. Pendant que la lessive sèche dans le garage et sur un 'diable' au milieu du jardin, on s'attable pour une excellente bière qui nous mène tranquillement au repas du soir.
Superbe journée de pédalage sur des pistes et petites routes de campagne très roulantes.
Paysages qui ne demandent aucun commentaire...
Jour 5. Loham - Kohlbach Mühle (aval d' Obernzell).
Seuls à la Pension. Après le petit déj. habituel, mise en route pour retrouver Mariaposhing et le "Danube de plaine". Arrêt au Netto de Deggendorf pour les courses de midi. La piste a été modifiée par rapport aux cartes dont je disposais. Elle ne passe plus en ville mais le long du fleuve via un parc récemment aménagé. A Niederalteich on traverse avec le ferry pour continuer sur l'autre rive (droite). C'est moins passant et la campagne est belle.
Après Thundorf, c'est Aicha, Haardorf et Mühlham où un gros troupeau de moutons tond l'herbage communal sous l'oeil du berger et de ses 'assistants'.
La piste suit les méandres du fleuve, tantôt en site propre, tantôt sur les petits chemins de campagne. A Schnelldorf, pendant au moins un kilomètre, les bas-côtés de la rue principale du village et les clôtures en bois de habitations sont "décorés" de boîtes à conserve vides. C'est curieux !
Arrêt pique-nique à Pleinting, près du complexe sportif municipal, où une table ombragée nous attendait. La remise en route à travers le bourg et quasiment jusqu'à Vilshofen nous plonge littéralement en DDR.. Sur cinq-six kilomètres on est un autre monde, bien différent de ce que l'on avait vu jusqu'alors.. Un ressenti bien difficile à expliquer..
En traversant le pont de Vilshofen, j'aperçois une piste de champ d'aviation, parallèle au fleuve. Fallait pas louper les approches. Bien évidemment il a fallu passer au club house pour obtenir un coup de tampon dans nos carnets.
A partir de ce point, le Danube commence tout doucement à s'encaisser entre de hautes collines boisées. Notre trajet nous conduit vers Passau sur la rive gauche mais à Maierhof, sommes obligés de traverser de l'autre côté au niveau des écluses de Kachlet, faisant partie d'une monumentale structure hydro-électrique régulant les débits du fleuve, extrémité d'un énième bief interminable, d'un dénivelé d'une bonne dizaine de mètres.
On entre dans Passau via une succession de routes et rues passantes et peu agréables. On ne s'y attardera pas, d'autant plus que l'Office du Tourisme est déjà fermé à 16h00, un samedi, en saison.. On aura malgré tout l'occasion de voir la marque de la crue de 2013 sur la Neues Rathaus. Le fleuve était monté à 11m au dessus de son niveau normal et débitait, dans le rétrécissement de Passau, un volume de 11 000m3 à la seconde, coulant à une vitesse de 20 km/h. Ca devait être très impressionnant !
A la pointe de la presqu'île, on repasse rive gauche, franchissant la Neue Ilz Brücke pour continuer vers Obernzell, le choix de cette rive, plutôt que l'autre, étant dicté par les commentaires relatifs à la grosse circulation automobile à droite et l'impossibilité de re-traverser avant Jochenstein. Jusqu'à Obernzell la route est malgré tout assez chargée, même du côté choisi.
Heureusement, à partir de ce gros bourg, la voie principale bifurque vers le nord, nous laissant sur une route de bord de fleuve bien plus accueillante. Rémi avise une Gasthof à quelques kilomètres de là. Excellent choix à tous points de vue ! On s'y arrêtera pour la nuit. L'objectif initial était Schlögen. On n'y est pas arrivé....so what ? 98km au compteur depuis le matin, c'est quand même honnête, non ?
Jour 6. Kohlbach Mühle - Mauthausen.
Mise en route à 9h00 pour les102km de la journée. La Donau Radweg reste encaissée rive gauche, passant près du fleuve bordé de prairies étroites et de vergers.
A Jochenstein, on passe la frontière, entrant finalement en Autriche, sans transition ni panneau indicateur. C'est Orange qui nous accueille dans ce deuxième pays du périple.
On choisit de rester rive gauche pour éviter la grosse circulation de l'autre côté.
Tel Jonas, l'écluse du barrage de Jochenstein était prête pour avaler les deux barges de 3 700 t...plus le pousseur.
Engelshartszell, sur la rive droite, est déjà bien vivante ce dimanche matin. Le fleuve s'est considérablement élargi à ce point, "hébergeant" de nombreux bateaux de croisière..
L'arrivée face à Schlögen se fait par un très joli parcours en prairies et sous-bois. Le petit ferry nous met sur la rive droite en moins de 2 minutes. L'endroit offre plusieurs options d'hébergement.
Continuation sur la rive droite jusqu'au joli bourg d'Aschach où l'on s'arrête pour un sandwich, nos fournisseurs habituels de pique-niques étant fermés le dimanche... Le parcours se fait principalement en sous bois, parfois assez frais car à l'ombre. Nombreux cyclistes.
Côté météo, c'est parfait. Ciel bleu, soleil, mais aussi un très léger vent venant du nord-est, gage de beau temps.
On passe le pont pour continuer rive gauche en direction de Linz. Succession de champs cultivés, de passages en sous-bois, de chemins sur digues... Une belle Contribution à la Culture des Masses borde la piste...
D'Ottensheim à Linz, la véloroute borde une voie très chargée et bruyante. On est contents de la quitter pour passer sur les quais en ville.
Malheureusement on n'y traîne pas... Les quais sont sales et bruyants, les parcs constellés de papiers, sacs en plastique et autres restes de pique-niques...(barbecues jetables compris...). Après la Pleschinger See, la rive gauche redevient plus calme. La rive droite, elle, est très industrialisée et ne permet pas la circulation des vélos.
A 17h00 on entre à Mauthausen et on décide d'y rester pour la nuit, dans le but de visiter le Mémorial le lendemain matin avant la remise en route vers l'est.
Gasthaus folklo mais très sympathique. Excellent repas suivi d'une balade digestive rapidement terminée... A 20h00 la ville est vide ! Y'a plus rien à voir..
Jour 7. Mauthausen - Melk.
La visite du camp s'imposait. On ne pouvait quitter Mauthausen sans accomplir un devoir de mémoire, de respect pour les milliers de victimes de la barbarie nazie. Le Mémorial surplombe la vallée dans la partie ouest de la ville. Il est situé au bout de la Erinnerungsstrasse. Nous, nous y sommes montés en empruntant la Ufer Strasse, plus directe, puis le raidillon qui mène au Visitor Center.
Comme la "Topographie de la Terreur" à Berlin, Mémorial bâti sur les décombres du siège de la Gestapo, le Camp de Concentration/d'extermination de Mauthausen, demanderait une très longue visite que malheureusement nous ne pouvions lui consacrer.
Nous avons donc choisi de parcourir le Parc des Monuments, regroupant les nombreuses donations de différentes nations et groupes de victimes. En marchant dans les allées, je pensais aux Parcs de la Paix à Hiroshima et Nagasaki, aux milliers de croix dans les cimetières de Normandie... aux 888 246 coquelicots de la Tour de Londres... A chaque fois, c'est la "der des der" et à chaque fois ça recommence.. Doit-on croire que l' Ignorance, le Fanatisme et l'Ambition sont les trois seules valeurs de l'homme ?
Une plaque sur le Monument français comporte les mots suivants :
"Les Morts ne dorment pas, ils n'ont que cette Pierre,
Impuissante à porter la Foule de leurs Noms,
La Mémoire du Crime est la seule Prière
Passant, que nous te demandons.
A R A G O N
Un peu avant midi on était de retour au Gasthof pour reprendre les sacoches. On les avaient laissées là pour alléger les montures dans la côte. Deuxième mise à l'épreuve de la journée, cette fois plus physique : l'escalier permettant l'accès au pont menant à la rive droite... On en a bien bavé, même à deux !
La route via Saint Pantaleon est belle et calme, pleine de diversité : champs, vergers, bois, parfums de foin coupé, d'ail et d'oignon de printemps... sans oublier des quantités d'escargots de Bourgogne. On rejoint la digue avant Wallsee où l'on s'arrête pour pique-niquer. Le chemin continue rive droite, passant par Ardagger Markt. Grein semble sympa, mais c'est d'autre côté, alors 'ce sera pour la prochaine fois...' Belles maisons à St Nikola.
A Grein on essuie quelques gouttes tombées d'un ciel qui s'était brusquement assombri. Rien de grave. On accélère les ânes et finalement le grain reste derrière. Un peu plus loin un autre nous avait précédés...
Ybbs est une ville sympa qui mériterait un peu plus de temps. Statue de Louis II, vieilles rues pavées, une belle bourgade !
Après la (énième) boucle du Danube on découvre l'église de Marbach, perchée sur le haut de la colline en face, adossée à un ciel de cumulonimbus bien menaçants..
Le revêtement de la véloroute en bordure du Danube permet des exploits sportifs. Les ânes, débridés, sont pris d'une folie de fin d'après-midi et foncent à toute vitesse vers l'étape ! On passe Pöchlarn, ville natale d'Oskar Kokoshka, peintre et écrivain expressionniste autrichien.
Une belle contribution à la culture borde la piste peu avant notre arrivée à Melk.
Arrivée à Melk à 18h00. 95 km au compteur today. On se trouve une sympathique Gasthof pour 15 euros la nuit, petit déjeuner compris ! Pas la peine de jouer aux boy-scouts avec la tente... on a passé l'âge.
Excellent dîner au 'Rathaus Keller' où le petit gros qui nous servait nous rappelle deux fois que le service n'est pas inclus, des fois que l'on n'ait pas compris, raison de plus pour ne rien laisser, non mais !
Très belle journée de pédalage, démarrée tard, mais menée prestement sur des revêtements extra et un interminable faux-plat descendant....
Jour 8. Melk - Tulln via la Wachau.
Après une mise en jambes très sérieuse et à froid pour rejoindre le tablier du pont enjambant le fleuve, direction rive gauche, c'est un parcours enchanté qui s'offre à nous.
La Wauchau est une région viticole majeure de l'Autriche et les villages, parsemés dans les vignobles défilent les uns après les autres, petits bijoux fleuris, impeccables de propreté, dédiés à une culture manucurée de la vigne, à la production du vin et bien-sûr, à sa dégustation...tout le long du parcours..
La culture de la vigne est impressionnante. Beaucoup de terrasses, certaines si étroites qu'un seul rang de vigne y pousse. Du côté 'fleuve' de la petite route, des champs de fruitiers...
Châteaux et grosses demeures, belles pensions pour les nombreux touristes en 'pèlerinage' dans la région...
On passe les bourgs de Willendorf, Schwallenbach, Spitz, Wösendorf, Joching, Weissenkirchen, Dürnstein...La vigne est omniprésente et protégée par les nombreux petits monuments religieux qui jalonnent la route.
A l'entrée de Mautern/Krems tout change brusquement. Dernier coup d'oeil sur la Wachau avant de replonger dans des zones bien moins bucoliques. La sortie de Krems, le long d'un canal bien triste, contraste sérieusement avec ce que nous venions de traverser.
Passant par plusieurs zones industrielles et sous-bois bien humides, on débouche finalement sur la digue au travers de Theiss. Interminable bief jusqu'au barrage d'Altenwörth que l'on traversera pour passer rive droite.
La fin de parcours de cette belle journée, jusqu'à Tulln, se passe sur de véritables billards, sous une météo exceptionnelle. A Langenschönbichl je casse un rayon de ma roue arrière. Un bout de bande adhésive toilée la fixe au rayon d'à côté. De retour à Paris ça tenait toujours.. Heureusement, c'est un rayon du côté gauche, plus facile à changer que l'autre côté.
A Tulln on passe devant le musée Egon Schiele, peintre autrichien mort en 1918 de la grippe espagnole.
On s'installe au camping de Tulln. Excellent repas sur place. Retour aux appartements de bonne heure et rapide extinction des feux... La journée avait été très chaude.
Jour 9. Tulln - Kittsee (113km)
Le camping étant situé le long du fleuve on n'a pas perdu beaucoup de temps à retrouver la digue... Encore une météo parfaite ce matin. Belle balade jusqu'au barrage de Greifenstein. On reste rive droite. L'approche de Vienne est plus animée. La véloroute suit le Klosterneuburger Durchstich, canal étroit qui part du Danube pour s'y rejeter environ 7km plus loin.
A Nussdorf / Heiligenstadt, un peu avant le Nordbrücke, la piste quitte une seconde fois le fleuve pour suivre le Donaukanal qui serpente à travers Vienne. Les murs des berges et les piles des ponts sont un indescriptible kaléidoscope de graffitti, et de 'street art'. Certaines 'oeuvres' se détachaient nettement du lot.
Des jeunes nous indiquent à quel pont sortir pour rejoindre le Praterstern, grande place donnant, entre autres, accès au parc du Prater que nous devions traverser. On profite de la proximité d'une des grandes gares de Vienne pour acheter les billets de retour Budapest - Vienne. Avec les vélos il valait mieux prévoir quelques jours à l'avance...Les chemins de fer autrichiens sont très bien organisés et l'affaire ne prend que quelques minutes
La très longue Hauptallee coupe le parc dans une direction SE - NO. Un banc à l'ombre sous les marronniers sera parfait pour le pique-nique.
La piste cyclable est accrochée sous le pont de la A23 et permet de traverser les deux cours d'eau parallèles en toute sécurité. En son milieu, elle donne accès à la Donauinsel, longue et étroite île divisant le fleuve en deux. On a le choix de descendre sur l'île et de rejoindre la rive gauche un peu plus loin ou de traverser les deux parties du fleuve sous la A23 pour passer tout de suite rive gauche. Nous choisissons de passer par un bout de l'île, histoire de voir.
La rive gauche atteinte, la piste longe le fleuve (Neue Donau) puis passe dans un terminal de stockage pétrolier. On n'avait pas encore vécu cela... mais le plus surprenant était encore à venir... Tout le long de la berge, en contrebas de la digue, des vieux beaux (et vieilles belles) se baladaient à poil dans un camp de nudistes ouvert à la vue de tous les cyclistes de la Donau Radweg !
Belle expo de bedaines à bière, de fesses en goutte d'huile, de zizis flétris et d'oreilles de cocker... Vu le soleil, y'en a plus d'un (e) qui a dû regretter l'exercice le soir venu...
Les 15 km de piste sur la digue, jusqu'à Orth semblent interminables. Pour casser la monotonie, on décide de passer rive droite pour rejoindre Haslau et passer par les villages au sud du fleuve.
Le chemin aux abords du ferry est conçu pour résister aux crues...mais les pneus, eux, n'auraient pas résisté longtemps au chemin...
On s'était donné comme objectif Hainburg nous disant que si l'on trouvait un Gasthof avant, on aviserait. A Petronell-Carnuntum, ville romaine, tout était complet. A Bad-Deutsch Altenburg, tout était complet. A Hainburg, tout était complet. A Wolfsthal, même chose.
Là, les clients d'un bar nous indiquent le village de Kittsee, à 5 kilomètres. Le premier Gasthof était fermé. Le deuxième complet, mais le jeune patron, très sympa, téléphone au troisième B & B à l'autre bout du village et nous assure ainsi le gîte et le couvert à la pension de Franz Böröczky ! Il était près de 20h00 et les 113km au compteur commençaient à compter... Les vélos furent remisés dans un hall du B&B.
La journée avait été longue et chaude et on était heureux de trouver une douche et un lit. Sans qu'on le sache, Kittsee se trouvait dans un endroit 'stratégique' pour la visite de Bratislava le lendemain et pour le départ vers Jarovce le sur-lendemain. Seule ombre au tableau, Rémi avait découvert une petite enflure sur le flanc de son pneu arrière. Je lui avais signalé, au début du voyage, qu'il faudrait régler la position de l'étrier de frein, qui à mon avis frottait légèrement sur le pneu à un endroit. On décide d'y regarder au matin.
Excellent B&B, bonne bière et bon repas; propriétaires et personnel sympa et généreux, comme on le verra le lendemain.
Jour 10. Kittsee - Bratislava - Kittsee - Pama - Prellenkirchen - Edelstal - Berg - Kittsee.
Pas de bousculade ce matin, la journée étant dédiée à la visite de Bratislava, situé à moins de 10 km de Kittsee.
Première priorité : régler le problème du pneu de Rémi. Pendant la nuit, l'hernie avait enflé. La toile du flanc était coupée. On ne pouvait pas prendre le risque de partir sans réparer. On explique notre souci au patron de la pension. Ce dernier nous emmène en voiture chez un réparateur local, histoire de nous montrer la route. L'idée était que l'on y repartirait tous deux avec les vélos, que l'on ferait faire la réparation et qu'ensuite on filerait directement sur Bratislava.
Au retour, pour prendre les vélos, la patronne de l'auberge nous informe que pendant notre absence le pneu avait explosé ! Après un démontage des sièges de l'Espace, on charge le vélo de Rémi et ce dernier file chez le 'pneumologue'. Je les suis en vélo.
Heureusement pour nous, le petit garage, spécialisé dans les pneus autos et camions, trouva dans son stock un pneu à la bonne dimension et la chambre à air qui allait avec !
En un rien de temps tout est réglé et les cyclistes en route pour "Pressburg", comme l'appellent les Autrichiens..
A peine sortis de Kittsee sur une petite route de campagne bordée d'abricotiers et d'acacias, on traverse la frontière pour entrer en Slovaquie. Des restes du passé sont encore visibles : poteaux, support de barrière, blockhaus... soigneusement entretenus, car vestiges de l'histoire.
La piste, qui entre rapidement en ville par une zone de commerce et d'industrie sans intérêt, zigzague ensuite entre les immeubles et nous mène directement au centre du vieux Bratislava, via le pont central. Le Danube est franchi de la même façon qu'à Vienne, par une voie cyclable située sous le tablier.
Dès la rive gauche atteinte on se trouve dans les quartiers historiques de la ville que l'on parcourt en long et en large. Le vélo est magique pour cela car il permet une découverte rapide, mais en même temps paisible de lieux...
Ceci dit, la ville se visite facilement à pieds car de nombreuses rues et places sont en zones piétonnes... et toute la partie 'intéressante', hormis le château que l'on ne visitera pas, se concentre à l'intérieur d'un petit boulevard circulaire. Beaucoup de touristes, mais on ne se sent pas 'submergés'. Un passage par la Poste principale s'impose, ne serait-ce que pour admirer les verrières. (Cependant, pour éviter de se faire incendier par les préposés, ne pas tenter la photo.... On en a fait les frais..).
Très belles maisons 'pastel'. Bratislava est un peu un 'mini Prague' : statues, fontaines, églises, beaux frontons et devantures. Quelques bas-reliefs de la période "d'avant" subsistent ça et là..
Ancien ou neuf, le béton est toujours aussi laid.. Heureusement un coup de peinture change un peu la donne..
Bref passage à l'Institut de France pour demander un coup de tampon et découvrir la composition de notre tout nouveau gouvernement...
L'excursion nous avait donné faim. Au diable les salades de Lidl, Netto ou Spar ! On s'attable à une des nombreuses terrasses, les vélos garés tout près de nous, et on se laisse convaincre d'essayer le canard confit maison...
La taille de la portion aurait pu présenter un cas de conscience, mais considérant les kilomètres faits, et à faire, tout fut avalé sans scrupules.
La route de retour se fait par le même chemin. Comme il était encore tôt on décide de suivre un circuit vélo à travers la campagne autour de Kittsee. L'imprécision du marquage nous emmène bien au-delà du circuit prévu, occasionnant pas mal de kilomètres supplémentaires, bien souvent face au vent. Au vu de la forêt d'éoliennes géantes de part et d'autre de la route, on aurait dû se douter que l'on était dans un coin venteux... Ca n'a pas loupé !
Retour à la pension vers 17h30...Douche, lessive et repas...
Un verre offert au patron pour le remercier de sa générosité du matin aurait pu mal finir... Le premier (grand) verre de vin blanc fini, il était prêt à refaire les pleins.. On a dû poliment décliner la seconde tournée, voulant éviter une nuit de crampes.. C'est que l'on avait encore des kilomètres à faire...
Encore une excellente journée de découvertes. Pas beaucoup de kilomètres dans les mollets mais beaucoup d' images plein la tête !
Journée 11. Kittsee - Györ
Une fois encore la météo est au beau, mais ce matin on a droit à un fort vent de nord-est en prime. Cela ne nous arrangeait pas, surtout que la majeure partie de la balade de 90 km devait se faire sur les digues encadrant le Danube ou son canal latéral.
Dès la sortie de Kittsee en direction de Jarovce/Rusovce on passe la frontière Slovaque.
A la sortie de Rusovce on retrouve la véloroute du Danube qui arrivait du nord-ouest, de Bratislava. La sortie directe de Kittsee nous a fait gagner pas mal de kilomètres. On arrive tout de suite sur la première digue de la journée, encore relativement protégés du vent.
A droite, en contrebas de la digue, un jardin de fleurs des champs...à gauche, un Danube qui s'élargit de plus en plus. A Cunovo il y a presque 5 km d'une berge à l'autre ! Il est encombré de dizaines de troncs d'arbre coincés sur des hauts-fonds, arrachés aux berges lors des crues. On les retrouvera en grandes quantités flottant derrière les nombreux barrages, tout au long du fleuve.
Sur le barrage de Cunovo, on est attaqués par des myriades de minuscules moustiques qui me faisaient penser aux midges d'Ecosse et d'Irlande, mais en plus agressifs. Heureusement ça ne dure pas.
Le Danubiana Meulensteen Art Museum, érigé à l'autre extrémité du barrage est une réalisation inattendue dans un coin pareil. L'art moderne est-il si subversif qu'il faut le cacher au milieu de nulle part ?
Continuation sur la digue interminable, vent de face.. Pas grand monde. A gauche, le Privodny Kanal, à droite, loin derrière les arbres, un petit Danube paresseux, dont le centre est la frontière entre Slovaquie et Hongrie. La navigation se fait sur le canal.
A Vojka on quitte le fleuve pour trouver un coin d'ombre pour le pique-nique. Ce sera sur la place de l'église, à côté du bac à sable des enfants du village et du Potraviny (épicerie) local.
Kilomètre après kilomètre on avance vers Tejke sous un soleil de plomb. La véloroute passe de l'autre côté du canal au barrage de Gabcikovo, deuxième plus important ouvrage sur le Danube. Chaque cellule de la double écluse mesure 280m x 34m... Le dénivelé amont-aval est d'environ 20m !
A Medvedov, sur le pont métallique, on repasse rive droite du Danube pour enfin entrer en Hongrie. Les douanes surveillent le passage...
Après un parcours au fléchage plus qu'approximatif, on arrive, via un très mauvais chemin et des routes pas mal défoncées, dans les faubourgs de Györ où une brave cycliste nous indique le chemin vers le centre.
On file directement vers l'Hôtel Konferencia où je descendais il y a 25 ans lors de visites à l'usine Raba. Rien n'a changé et Raba est encore en charge !
Pour € 30 euros chacun on a une chambre magnifique. Les vélos sont remisés au fond d'un couloir, la douche prise et les deux voyageurs filent en ville pour se dégourdir les jambes à travers les rues remplies de tant d'histoire.
Jour 12. Györ - Esztergom. 117 km.
On quitte Györ tranquillement vers 9h00, sans destination fixée à l'avance. Ce sera quelque part entre Komarom et Esztergom, à 80/90 km de notre point de départ. Ciel couvert ce matin et pas mal de vent, cette fois, de nord-ouest.
La sortie de la ville est relativement rapide. Au-delà des derniers immeubles pas toujours très frais on aborde ce qui avait été à une époque une grande zone industrielle.
C'est ici que la société Raba fabriquait des tracteurs de 250cv, en coopération avec la société Case IH, basée aux USA. La Hongrie (tout comme l'Ukraine) était un grenier à blé pour l'ex empire soviétique. Aujourd'hui, toute cette industrie a disparu. Le nouveau Tsar industriel est Audi avec son usine de moteurs, N° 1 mondial en volume de production !
La véloroute est relativement bien indiquée et nous mène rapidement à travers les dernières maisons, bien entretenues elles, vers les ruelles bordées de datchas, petit bout de propriété privée dont les cabanes de jardin d'antan ont progressivement mué en résidences secondaires... Vignes, roses, acacias, potagers, sureaux, mille parfums nous accueillent dans un environnement paisible..
La route se termine en lisière de forêt et se transforme en chemin sablonneux jusqu'à Szölöhegy où de nouveau nous avons droit à l'asphalte (bien défoncé sur les bords..). Un bout de chemin en direction de Babolna sur une route très passante puis la piste vire au nord. Les éoliennes parsemées dans les champs à gauche tournent à pleine vitesse. C'est la partie visible du vent... Les mollets et le compteur nous rappellent sans cesse que nous l'avons de face, mais heureusement, pour 7 km seulement...
On cherche un coin pour le pique-nique, à l'abri du vent... Ce sera devant l'église de Nagyszentjanos, un bourg agricole dont on peut se douter que la totalité de la population travaille à la coopérative.. Une rue principale vide, une gare et un parc de la Liberté avec sa statue ailée... triste !.
Remise en route sur un chemin herbeux le long de la ligne de chemin de fer, jusqu'à Acs. D'un côté la ligne Budapest-Vienne bordée d'acacias; de l'autre, des champs de céréales à perte de vue.
Y'avait seulement à surveiller les ornières et les branches tombées car les épines d'acacia ne pardonnent pas, même les pneus Schwalbe...
A Acs la piste passe "en ville" puis c'est de nouveau du sable et un passage en sous-bois.
A Komarom on quitte la Hongrie pour quelques kilomètres. Passage du Danube vers Komarno, la section slovaque de la ville. C'est pas bien gai !
A la sortie de Komarno, la véloroute nous mène vers Radvan, Moca, Kravany, Muzla et Sturovo par une succession de digues et de routes, parfois dans les bois en contrebas. Nombreux vestiges d'anciennes fermes collectives en ruine..Villages sinistrés depuis l'arrivée de l'économie de marché. Cette partie du parcours est plutôt monotone et contraste sérieusement avec ce que nous avions vu jusqu'alors.
Ne pas se fier aux panneaux sur le bord de la route annonçant une auberge ou un gîte au bourg suivant...L'hébergement touristique (y compris terrains de camping), est quasiment inexistant...
A Sturovo on repasse donc le Danube, direction la Hongrie. Esztergom est juste de l'autre côté du pont.
Après un parcours du combattant on se déniche enfin une chambre en gîte. La Basilique d'Esztergom, copie de St Pierre de Rome, est un haut lieu de pèlerinage, les touristes nombreux et les hébergements rares.
On n'était qu'en mai... on n'osait pas imaginer les mois d'été..
Accueil soviétique dans un petit restaurant local. Le 1er serveur refuse de nous servir, nous informant que l'établissement est plein alors que de nombreuses tables sont inoccupées... Mort aux cons ! Le 2ème nous installe et nous sert un repas délicieux. Merci à lui..
Autant le trajet à travers l'Allemagne et l'Autriche avait été hospitalier à tous points de vue, autant celui d'aujourd'hui a été décevant. Le kilométrage parcouru a certainement impacté notre perception des choses, mais, ceci dit, la section entre Györ et Esztergom est un désert touristique. Amis cyclistes, préparez bien vos étapes..
Jour 13. Esztergom - Vac.
Mise en route tranquille car on a décidé d'aller visiter un peu et de ne pas essayer d'atteindre Budapest en fin de journée. L'idée était d'arriver en ville en fin de matinée, début d'après-midi pour avoir tout le temps de trouver l'hébergement adéquat : central et pas trop cher ! Donc, ce sera pour demain.
Petit déjeuner pris, mulets chargés. On les laisse à la pension afin de monter à la basilique à pieds. On les reprendra au retour.
La basilique St Adalbert (plus facile à prononcer que son nom hongrois : "Nagyboldogasszony és Szent Adalbert Primasi Föszékesegyhaz"... est immense et très impressionnante. Depuis l'arrière de l'esplanade, vue magnifique sur les bâtiments historiques en contrebas, sur le fleuve et le pont qui relie la Hongrie à la Slovaquie, de l'autre côté.
Retour à la pension pour récupérer les vélos et mettre en route par la piste qui longe le fleuve, rive droite.
Grosse surprise à la sortie d'Esztergom : un petit obélisque rappelant l'infamie du Traité de Trianon se dresse dans la grande herbe d'un minuscule parc.
"Sous-Traité" de la paix de Versailles, le Traité de Trianon redéfinit les frontières de la Hongrie, vaincue de la Grande Guerre, car alliée aux forces autrichiennes.
Mon grand oncle, propriétaire d'un empire de presse en Angleterre, se démènera jusqu'à la fin des années 1930 pour obtenir une révision des nouvelles frontières qui privaient la Hongrie de plus de 60% de son territoire... Hitler "réglera" le problème, partiellement, et à sa façon, à la veille de la seconde guerre mondiale...
La piste suit les bords du Danube à travers des paysages splendides. Nombreuses plages de sable et de galets... Rock'n'Roll aurait bien pris un bain.
La véloroute en site propre se termine brusquement. Une route assez passante prend la relève jusqu'à l'intersection menant au ferry de Szob.
Petite attente puis traversée sans problèmes. Rapide tour en ville de l'autre côté. Photos. Puis un hamburger au Café du ferry à regarder passer les bateaux sur le fleuve.
Remise en route sur une belle piste rive gauche. Elle longe le fleuve la plupart du temps puis s'en écarte pour passer en sous bois ou dans les prairies ensoleillées qui la bordent.
A Nagymaros, belle vue sur le château de Visegrad, perché en haut de la colline en face.
On arrive dans Vac en fin d'après-midi. C'est là que l'on s'arrêtera pour la nuit. La carte indique de nombreux hébergements.... Ne voulant pas perdre trop de temps à chercher, je demande de l'aide au gardien du Musée situé sur la place Marcius 15., en centre ville. Ce dernier nous envoie à l'Office du Tourisme, ouvert un dimanche après-midi !!
La demoiselle nous trouve rapidement un logement chez l'habitant, 'boulevard' de Budapest. Nous sommes accueillis dans un local qui n'a rien à envier à certains stands des Puces de St Ouen... Véritable palais de bric à brac de toutes sortes : souvenirs, vaisselle, tableaux, bouteilles, vieilles affiches, outils, postes de radio, etc. le tout 'exposé' dans une petite cour-jardin remplie de fleurs .. L'hôte est très sympathique et le logement qu'il nous propose, meublé avec la même exubérance.
Les vélos sont rangés au fond de la cour, et les cyclistes, après une douche bien appréciée, filent en ville découvrir le petit joyau qu'est Vac.
Notre hôte nous avait indiqué un bon restaurant. Il ne s'était pas trompé.
Pas question de quitter la Hongrie sans avoir goûté à une spécialité locale : la Palinka, un alcool de fruits très parfumé. L'abricot est particulièrement prisé... C'est dimanche, alors ....
Retour à la pension après une journée bien remplie. Pas trop de kilomètres, bonheur de découvrir et de prendre son temps !
Le soleil nous fait un dernier clin d'oeil. Laissant derrière nous les sons d'une fête à Neuneu on retrouve avec bonheur la paix de notre petit jardin magique.
Jour 14. Vac - Budapest.
Après un petit déjeuner pris dehors dans le Jardin d'Eden, on met en route à travers les rues de Vac, direction le ferry. Les employés de la ville terminent de nettoyer les pelouses du champ de foire. Vu la quantité de gobelets en plastique ramassée, la bière a dû couler sérieusement hier soir...
Le petit bout de piste le long du Danube est très sympa. Derrière l'église, Lazlo veille sur le fleuve, les bras écartés.
On arrive trop tôt pour le ferry. On y rencontre d'autres cyclistes. Des jeunes, des moins jeunes. Certains terminent leur périple, d'autres le commencent. Y'a les avaleurs de kilomètres qui sont pressés d'arriver au bout et ceux qui prennent le temps de vivre... Nous, on se situe plutôt dans la deuxième catégorie.
En route ! Le soleil du matin éclaire le relief et accentue l'effet miroir du fleuve paresseux.
On aborde l'île de Szentendre après une courte traversée. Grande zone agricole aux mille senteurs : sureau, foins coupés, chèvrefeuille... A Totfalu on est déjà de l'autre côté de l'étroite langue de terre qui s'étire entre le Danube et le 'Danube de Szentendre'.
Une fois le pont passé en direction de Tahitotfalu, on ne peut pas vraiment se tromper de route. Jusqu'à Budapest ce sera un cap 180°, plein sud, sur route, sur pistes plus ou moins cahoteuses, d'autres goudronnées, via des des passages en sous-bois tout contre le fleuve etc...
Szentendre est vite atteinte. C'est un bijou de petite ville, un peu comme Vac : rues pavées, magasins d'artisanat, festivals de tous ordres...et, du fait de la proximité de Budapest, beaucoup de touristes...
Au travers de Pomaz, la piste se complique un peu. D'abord, beaucoup de trous et de bosses. Heureusement que c'est sec. Puis le marquage de l' EV6 "tombe en panne" dans les faubourgs de Budapest, entre Romaifürdö et Szemlöhegy.
On se perd une ou deux fois. (C'est le tout premier passage -non indiqué- sous la ligne du chemin de fer qui traverse le Danube, qu'il faut emprunter pour aller de l'autre côté...). Après quelques hésitations et un aller-retour ou deux, on retrouve le chemin nous menant au pont donnant accès au nord de l'île Marguerite. Pique-nique tardif dans le parc, face à l'hôtel Thermal où je descendais il y a plus de 25 ans...
A l'extrémité de l'île on regagne la rive droite (Buda) et par une succession de pistes cyclables magnifiques on arrive face au Parlement !
Arrivés !!
Photos souvenirs devant le Pont de Chaînes marquant la fin de notre périple vers Budapest...
Passage au camping, des fois que... Malheureusement il est nul et très excentré vers le sud de la ville. On se rabat donc sur un petit hôtel mieux situé, à tous points de vue. La cour n'étant pas 100% sûre, les vélos sont montés dans la chambre.
Douche et marche sportive en direction du Pont de Chaînes pour voir le soleil couchant éclairer le Parlement... On arrive juste avant qu'il ne disparaisse derrière les collines de Buda.
Très bon repas dans un des nombreux restaurants du centre ville et retour à l'hôtel à pieds, ne réalisant pas encore pleinement que l'on était arrivés !
On s'en rendra certainement mieux compte durant les promenades de demain !
Jour 15. Budapest all day.
A 9h30 on est devant la fontaine située dans un petit square face à la Bibliothèque Szabo Ervin. Le petit monument honore l'énorme implication de mon grand oncle, durant les années 1920-1930, pour obtenir une révision du Traité de Trianon, qu'il jugeait injuste en ce qui concernait le traitement fait aux Hongrois à l'issue de la Grande Guerre, mais aussi dangereusement porteur de germes de revanche chez les vaincus de 1918. Des années s'écouleront avant qu'il ne se fasse entendre, trop tard.
On doit attendre qu'un gros individu, assis sur la margelle, finisse son sandwich, son paquet de chips et fume sa cigarette avant de pouvoir enfin faire une photo souvenir.
Auparavant, nous sommes repassés devant l'extraordinaire musée des Arts décoratifs et avons pu admirer la toiture et les statues entourant le dôme. C'est beau à couper le souffle !
On avait projeté de faire un tour de la ville en bus comme on l'avait fait à Madrid et Lisbonne, il y a quelques années. Le préposé vendant les billets du côté de la Basilique avait dû nous prendre pour des Américains ! € 28 le billet, rien que ça !
Décision est rapidement prise de sélectionner les lieux qui nous intéressaient et de partir les explorer à pied. Après tout, on avait fait plus de 1 200 km en vélo, on pouvait donc bien faire une quinzaine de plus à pieds !
Direction le Pont de Chaines pour monter au Château, du côté Buda de la ville. La montée est assez raide à travers le petit parc boisé mais on arrive rapidement au sommet. Quelles vues ! D'abord ce sera le côté des musées, à gauche.
Bien évidemment, c'est le Parlement, situé rive gauche, en face, qui est le premier éblouissement tant son architecture est fine et élancée.
On se balade à travers la cour du musée, sur les remparts; on assiste à la relève de la garde, "ballet" assez folklorique exécuté au son des roulements d'un tambour.. Curieux !
Choqués par l'architecture de l'horrible hôtel Hilton qui domine par sa masse énorme toute la finesse et l'harmonie de ce site classé au patrimoine mondial de l'Unesco.
Comment a-t-on pu ?
Après un dernier coup d'oeil sur Pest et le Danube, on redescend pour éviter les prix d'une mauvaise Goulash que tous les restaurants de la place déversent sur les foules de touristes en visite. On se trouve un petit café-bistro non loin du parlement, dans une rue ombragée. Qualité, service et prix nickels !
Remise en route pour le parlement situé juste à côté. Le parc à l'arrière contient de nombreuses statues célébrant hommes politiques et événements importants.
Kossuth, héro national, occupe une bonne partie du côté nord de la place.
Le temps se gâte. Le ciel noircit trop à notre goût...et on est à des kilomètres de l'hôtel.
Décision est prise de filer avant l'orage....
45 minutes sous un auvent à attendre que l'orage se vide de toute son eau....Sans les voitures on aurait pu se croire dans le Budapest d'avant la chute du mur...
Demain, en route pour Vienne !
Jour 16. Budapest - Vienne.... en train !
L'orage d'hier a laissé des traces. Le ciel s'est habillé de gris, comme s'il était triste de nous voir partir.
La Gare de Keleti est atteinte rapidement. S'en suivra une longue attente. Notre train des chemins de fer autrichiens arrive enfin en gare nous laissant tout le temps nécessaire pour charger les vélos, qui cette fois seront suspendus.
Un nouvel article, essentiellement de photos, couvre le super séjour que mes amis Christian et Traude nous ont organisé à Vienne.