Connemara et Falaises de Moher, en vélo avec ma Fille, 2ème Partie.
Publié le 20 Septembre 2016
Samedi 10 septembre.
Ce matin, ciel de traîne encore pas mal encombré. Enième petit déjeuner 'full Irish' justifié, comme tous les autres, par les kilomètres à parcourir, le vent, la pluie, la frugalité du pique-nique du midi... toutes les excuses imaginables pour essayer de se donner bonne conscience..
Passage au magasin de cycles (celui qui avait loué les vélos aux 'Russes d'Inishmore') pour acheter une carte des circuits vélo de la région, et à la poste pour des timbres.
Jenny y vivra une expérience assez étonnante ! N'ayant pas assez d'espèces et la poste ne prenant pas la carte de paiement, la préposé lui remet quand-même le carnet de timbres, lui disant qu'elle revienne payer quand elle aurait du liquide, avant 13h00, heure de fermeture du bureau. Incroyable mais vrai !
Laissant les sacoches à l'hôtel on file vers le début de la 'Sky Road', un petit circuit d'une quinzaine de kilomètres faisant le tour d'une péninsule située à l'ouest de Clifden. La route très étroite monte progressivement vers 150m d'altitude, offrant une vue extra de la baie et des nombreux ilôts. Magnifique circuit, venteux à souhait, parcouru sous un soleil timide et un peu de ciel bleu.
Les yeux ne savent où se poser tant le paysage est magnifique. Iles, champs entourés de murs de pierres sèches, moutons, fuchsias le long des routes, petits bois de sapins et de chênes...
Les 15 km de la Sky Road se font sans peine hormis un petit raidillon près du 'sommet'.
On repasse à l'hôtel pour récupérer les sacoches... et en route vers le sud pour le mémorial et le site d'atterrissage du Vickers Vimy.
Le 'Visitor Center' est en libre service. C'est une serie de petits kiosques d'information construits ça et là le long d'un étroit chemin goudronné qui serpente dans la tourbière, jusqu'au monument commémorant l'atterrissage. Un second monument se trouve sur une colline de l'autre côté de la route.
Le lieu où s'est 'crash-landed' l'avion d'Alcock et Brown se trouve au milieu de la tourbière, tout près de ce qui était alors la station radio de Marconi.
L'obus blanc marque l'endroit. La main courante qui l'entoure raconte l'histoire. C'est émouvant d'avoir découvert et visité ce site...entourés de moutons, chahutés par le vent, sous un ciel impeccable. On pique-nique sur place, assis sur la passerelle qui donne accès aux lieux. C'est un moment de grand bonheur.
On repart vers 15h00 direction Cashel, via la Bog Road, une petite route zigzaguant à travers la lande, longeant les nombreux lacs, véritables miroirs du ciel, qui la bordent. Au nord, une vue exceptionnelle sur les Bens. La route nous appartient, c'est magique. Mais quel vent !
Ajoncs, sorbiers, roseaux, bruyères, petits saules, fuschias ajoutent leur notes de couleur à la dominante verte et grise. Les quelques arbres qui ont osé pousser ici le paient de leur minuscule taille, incapables de redresser la tête, façonnés par un vent d'ouest qui ne faiblit jamais. On ne brave pas les éléments dans ce pays !
Cette route magnifique est malheureusement trop vite parcourue.
Le Bog Road se termine à Toombeola et le paysage change brutalement. De la tourbière sauvage balayée par les vents, nous voici sur une route côtière magnifique. Cashel n'est plus qu'à une dizaine de kilomètres.
Vers 18h00 on arrive enfin au Cashel House Hotel, Une belle, grande et vieille demeure nichée dans un jardin délirant conçu comme une poupée russe : en le parcourant, c'était comme si chaque section en contenait une autre, à chaque fois un peu plus petite, plus délicate, plus fleurie...
On dîne sur place dans une très grande véranda transformée en salle de restaurant. Service et nourriture impeccables. On fait la connaissance d'un jeune stagiaire français en bac pro restauration. Garçon professionnel (déjà !) et sympathique, visiblement heureux de pouvoir parler à des Français.
La tête fourmillant du ressenti de cette exceptionnelle journée, les sens tourbillonnant encore comme un manège fou, les cyclistes ferment le ban sans passer par la case 'tisane' !
11 septembre 2016.
Le petit déjeuner est pris dans la même salle que le dîner hier soir. Le menu est époustouflant. Au-delà des classiques, le Cashel House Hotel propose des kippers (harengs fumés réchauffés au bain-marie, du porridge (flocons d'avoine cuits), du steak et même des rognons... Bien évidemment, les oeufs servis viennent des poules du domaine.. Le choix fut difficile.
Avant de partir, une visite des jardins s'impose. Dans l'histoire de cette maison, les propriétaires successifs semblent avoir tant 'investi' dans les extérieurs que nous ne pouvions pas quitter les lieux sans en faire le tour. Chaque section est à thème. La végétation est luxuriante car ici pas de soucis de sècheresse. Les jardins s'emboîtent harmonieusement les uns dans les autres, jusqu'au bout de la propriété, alternant fleurs et verdure de part et d'autre d'un petit chemin valloné, serpentant parmi de nombreuses essences d'arbres, de mares garnies de plantes aquatiques...et se terminant par quelques pieds de houblon accrochés à un vieux mur. Il a fallu des années, des générations pour en arriver là. C'est très beau.
Très rapidement, après avoir quitté Cashel on se retouve de nouveau sur la N59 que l'on avait empruntée la semaine dernière en direction de Kylemore Pass. Cette fois nous ne la quitterons (malheureusement) pas de la journée.
La N59 est un calvaire. Non seulement elle est étroite, mais le revêtement est souvent pourri. Ajouté à celà, une circulation de fous roulants à tombeau ouvert. La cerise sur le gâteau, c'est le vent qui souffle aujourd'hui en rafale,s atteignant parfois 80 km/h. Il venait de nos 2h la plupart du temps..Quelques grains nous obligent à la gymnastique habituelle avec les habits de pluie..
On fait un bref arrêt à Recess, histoire de visiter le magasin Joyce et nous mettre à l'abri. On y retrouvera la postière de Clifden qui donne un coup de main le weekend. Le magasin est 'mortel' tant par les lainages, les bijoux gaéliques, et toutes sortes d'objets artisanaux 'not made in China'..
Sur le parking trône une "antiquité de la fin du XXè siècle" : le Géant du Connemara. La statue a été érigée par le magasin "sans raison apparente" selon ce qui est écrit sur la plaque.
La météo n'affecte pas l'humour de ce peuple..
On s'arrête à Maam Cross pour le pique-nique. C'est un croisement de routes. Le lieu est sinistre. Une station service et un hôtel, "usine à touristes". Des cars y déversent leurs cargaisons pour un 'Irish stew' vite expédié car le Tour du Connemara dans la journée ne permet pas de s'attarder..
Le vent est d'une telle force et le ciel si menaçant qu'il n'est pas question de 'déjeuner' dans la nature comme nous avions fait hier.
La réceptionniste de l'hôtel nous refuse les tables de pique nique de l'établissement, prétextant que seules les personnes ayant acheté leur repas à l'hôtel y avaient accès... C'est la première et la seule personne désagréable que nous avons rencontrée durant nos deux semaines de périple.. Il en fallait une pour confirmer la règle.
Résultat : on se trouve un coin empierré, à côté du lac, partiellement abrité, et on se livre à une gymnastique digne d'un ballet moderne pour préparer les sandwiches, debout, sans table, combattant les bourrasques pour éviter que les fines tranches de jambon et de fromage ne s'envolent avant de rejoindre les tartines... Bel exercice d'équilibriste ! Fallait avoir faim.
L'arrivée à Oughterard est bénie tant on en avait assez de cette route impossible.
Le vent nous avait expédié deux fois au fossé avec les vélos !! Heureusement que la bruyère amortit les chocs !
La B&B est à la sortie du bourg au bout d'une petite route où tout redevient subitement calme.
Les vélos sont déchargés et remisés dans le garage de la maison. Notre hôtesse, n'ayant pas le coeur de nous dire que tous les restos sont en ville, se propose généreusement de nous confectionner un repas 'à la bonne franquette' avec ce qu'elle avait dans son frigo !
Après l'expérience de ce midi et la misérable journée sur la N59, les cyclistes retrouvèrent soudain la bonne humeur (qu'ils n'avaient pas perdue malgré tout).
A 21h00, contents et satisfaits, le père et la fille ronflent d'un sommeil profond !
Lundi 12 septembre.
Grisaille et pluie pour commencer. On quitte le calme de la maison de Mr et Mme Costelloe à Portacarron, après avoir modifié nos plans relatifs aux Falaises de Moher et Kinvarra. Cela nous donne plus de liberté et ne nous ôte la pression d'avoir à remonter à Galway à temps pour le train de vendredi.
Mise en route, via une série de petites routes de campagne passant par des villages aux noms cocasses, qui nous évitent une bonne partie de la N59.
Premier arrêt à Knockkillaree au château d'Aughnanure, une splendide 'Irish Tower House' du Moyen-Âge, construit par le clan O'Flaherty. Le bâtiment (restauré) est entouré d'une pelouse d'un vert 'granny', spongieuse à souhait. Un mur d'enceinte entoure l'ensemble.A l'intérieur de la tour des panneaux expliquent l'époque et la 'vie de château' d'alors. Avec le temps, l'expression a pris une autre signification...
La petite route bordée de haies et d'arbres nous mène à travers les villages de Ardnasillagh, Oakfield, Srue -où une famille de nains de jardin et autre objets divers et variés décoraient le pied d'un gros arbre- Corranellstrum, où un cultivateur avait affiché un panneau au portail d'un champ prévenant le passant que la terre était empoisonnée...., Carrowmoreknock, Knockferry/Burnt House et enfin, Tullokyne et son General Store.
La route est très calme, les 'villages' n'étant en fait que quelques maisons éparpillées ici et là autour d'un carrefour ou une ferme au champs. Les murs de pierre sont encore très présents.
On s'arrête àTullokyne pour acheter les provisions du pique nique. Le magasin vend un peu de tout. Les oeufs sont stockés dehors dans une grande boite fermée par un panneau de plastique ondulé..
Le commerçant très sympathique nous indique comment gagner encore quelques kilomètres de calme en longeant le lac Bhaite Ui Choire où on se trouve un coin sympa pour 'déjeuner' (cette fois assis).
La météo, qui avait été très belle une partie de la matinée s'est de nouveau assombrie et ne permet malheureusement pas de quitter la veste pendant le casse-croûte. C'est vrai qu'un marin du Pont-Aven nous avait dit qu'on ne va pas en Irlande pour chercher le soleil... mais quand il est là il chauffe autant qu'ailleurs en cette saison.
Peu à peu le bruit de la N59 se rapproche. Dans un dernier village, un champ de céréales attend encore la moisson ! Sont pas en avance..
Finalement la N59 est moins pénible qu'hier car, approchant Galway, elle est munie de larges BAU de chaque côté, nous évitant ainsi de devoir rouler sur la chaussée principale. L'entrée en ville est pénible pour nos yeux et nos oreilles. Bruit, voitures, gros carrefours, feux rouges, zones commerciales... On en perd vite l'habitude !
L'hôtel est trouvé sans problèmes. Pour à peine plus cher qu'un B & B, on nous donne une petite suite, avec cuisine équipée..d'un lave-linge !
Tout y passe, surtout mon cuissard d'hiver qui commençait à refouler les midges..
Le coucher du soleil est magique. Pourvu qu'il indique une belle journée demain !
On file en ville et sur la recommendation du volubile marchand de cartes postales, on dîne au "Cellar", un pub-restaurant excellent.
Balade digestive à pieds dans le "Quartier Latin" de Galway, succession de restaurants en terrasse, de pubs, de magasins de souvenirs, de lainages, de petites boutiques etc... et par bonheur, aucune des enseignes mondialisées qui stérilisent tant de centres-villes à travers la planète..
La musique est présente partout, dans les pubs et sur le trottoir. Bière et alcool desinhibent des jeunes qui déambulent bruyamment dans les rues étroites, commentant les musiques ou tentant leur chance auprès de la gent féminine toute aussi délurée.
Une "contribution à la culture" orne la place Eyre. On verra ça vendredi.
Demain, c'est direction Kinvarra !
Mardi 13 septembre.
Super beau temps au réveil...et ça le restera tout au long de la journée.
Après quelques courses en ville on met en route pour l'Office du Tourisme en bas de la côte.
Le local est vaste.. Deux employées officient derrière un long comptoir. J'obtiens un coup de tampon pour le carnet. Ce sera Salthill, la fameuse plage au plongeoir années '50 que nous avions vue au debut de notre périple.
Quand je leur demande des détails sur la route à prendre pour nous rendre à Kinvarra elles sortent le parapluie en me disant que c'est de la folie d'y aller en vélo, que la N18 est très dangereuse, que nous devrions envisager une autre destination ou charger les vélos dans le bus etc... "Too dangerous...Lots of lorries and cars... take the bus... load the bikes..." Ben voyons !
Je les remercie pour leurs conseils et nous mettons le cap vers la N18, histoire de voir par nous-mêmes, nous disant que ça ne pouvait pas être pire que la N59 dimanche..
Après avoir quitté Galway on peut emprunter un bout de R338 pendant quelques kilomètres, jusqu'à Oranmore. La route est calme. Elle longe la baie.
On rattrape la N18 à Oranmore. Il y a une dizaine de kilomètres jusqu'à Kilcolgan où on bifurque sur la R67 jusqu'à Kinvarra.
En fin de compte, la N18 est bien moins "effrayante" que ce que l'on nous avait dit et certainement plus sûre que la N59 car elle est bordée de part et d'autre de larges bandes d'arrêt d'urgence que de nombreux cyclistes empruntent, comme nous.
La seule 'difficulté' se situe au niveau de Clarinbridge, petit bourg à mi-chemin de Kilcolgan. Là la 'nationale' perd ses BAU en traversée du village.
On s'arrête cinq minutes sur la place histoire de passer à la poste.
Rencontre insolite à Clarinbridge... il manquait la baguette sous l'autre bras et le litron de rouge dans la poche de veste..
Le soleil fait du bien. Les quelques kilomètres restants se parcourent sans problèmes.
L'entrée à Kinvarra est sympathique. Chaumières, un très beau château, un petit 'port', une rue commerçante pleine de boutiques multicolores...et beaucoup de fûts vides devant les bars..
Les vélos sont rapidement déchargés au B & B et après un pique-nique 'en chambre' on se met en route pour explorer le village... porte du Burren (le Pays Pierreux).
On finit cette excellente journée au Pier House, le très bon restaurant de poisson situé au bout du quai.
Demain, mise en route de bonne heure, direction The Burren et Doolin, via la route côtière et Black Head.
Mercredi 14 septembre.
Ciel couvert mais sol sec...pour le moment.
On met en route par la route côtière. Vues magnifiques sur la baie de Galway. Dégradés de gris, de bleus et même de violets. Pas mal de circulation à 100km/h sur des routes qui chez nous seraient des petites routes de campagne.. De temps à autre des traversées de vaches changeant de pré ralentissent tout ce monde pressé.
Quelques belles descentes, un peu gâchées par la pensée qu'il va falloir les remonter demain...
Peu à peu le paysage change. On entre dans le Burren avec ses côteaux pierreux et ses murs de pierres. La végétation se fait très rare. Bien souvent rien d'autre qu'un peu d'herbe et quelques buissons rabougris par les éléments.
A Bishops Quarters on s'arrête pour visiter une vieux cimetière et une église en ruines recouverte de lierre. C'est un site étonnant car des tombes ont été creusées dans ce qui fut autrefois le sol de l'église.
A Ballyvaghan, la majeure partie de la circulation coupe à travers le Burren, en direction des Falaises de Moher. Nous, on retrouve le calme de la petite route qui mène à Black Head. Le paysage de part et d'autre de la route devient de plus en plus sauvage. La roche est partout.
Plus on avançait vers la pointe, plus la météo devenait menaçante. D'abord on a droit à un crachin fin et pénétrant, puis c'est une pluie franche, froide et drue. Bien sûr, juste au moment où le paysage devient ahurissant, juste au moment où l'on aurait souhaité sortir l'appareil photo pour partager ce qui s'étalait devant nos yeux à Murrooghtoohy : un paysage indescriptible, une carapace de pierre fissurée, chamboulée, recouvrant le sol jusque dans les flots, en contrebas.
Heureusement que Jenny a pu capter l'esprit du lieu sur son téléphone, moins vulnérable que mon appareil photo.
La route file plein sud à partir de Black Head et comme la pluie ne faiblit pas, on décide de s'arrêter à Craggah, chez O'Donohue, l'unique pub sur la route, pour manger chaud et tâcher de sécher un peu.
Sans exagération aucune, j'affirme que le Fish 'n Chips de l'établissement doit être un des meilleurs du pays !
Les deux cyclistes qui avaient voulu nous vendre des ânes à Ballvaughan étaient attablés à côté de nous, terrassés eux aussi par la pluie.
Le plafond du pub est tapissé de billets d'un dollar américain. Il y règne la bonne atmosphère typique des pubs qui se sont patinés à la 'vapeur' de bière et de whiskey, aux histoires et aux rires des clients et aux sons du violon qu'on y joue le soir.
Pas entièrement séchés malgré plusieurs passages sous la soufflante d'air chaud des toilettes, on remet en route sur la R477. La pluie ayant cessé, on s'arrête de nombreuses fois pour photographier cette région magnifique.
Un 'nouveau Murrooghtoohy' nous attend après Black Head. Juste après un virage le peu de verdure laisse la place à une deuxième étendue de dalles de calcaire fissurées qui dévalent elles aussi, jusqu'à la mer. C'est très impressionnant, et le ciel, redevenu clair et sec, même un brin ensoleillé, nous permet cette fois une 'visite'.
Quelques plantes ont trouvé le moyen de se développer dans les anfractuosités de la roche, qui malheureusement servent aussi de poubelle aux visiteurs peu respectueux de ces lieux exceptionnels. On y verra canettes, gobelets, sacs en plastique etc.. et même une table à repasser !
On passe un bon moment à admirer ce paysage incroyable avec les îles d'Aran en toile de fond.
Après avoir passé un long moment à parcourir ce lieu unique, soufflés par le vent, assourdis par la mer en contrebas, on repart en direction de Doolin dans une descente interminable qui sera, comme on s'en doutait, suivie par une côte très pentue, serpentant à travers des haies de verdure pendant un kilomètre ou deux, jusqu'au château de Ballinalacken d'où part le chemin menant au village.
La Guest House n'est qu'à quelques coups de pédale de l'intersection, heureusement d'ailleurs car on avait eu notre 'dose' des éléments et du relief.
Ceci dit, une fois la douche prise et des habits secs sur le dos on a vite oublié les 'peines' de la journée tant les paysages traversés, les rencontres faites et l'accueil de notre hôtesse à la B &B avaient été exceptionnelles !
Jeudi 15 septembre.
Vu le coucher du soleil d'hier soir, la journée devrait être belle, bien que ce soit encore un peu couvert pour l'instant !
Mise en route vers Doolin 'centre'.. C'est une enfilade de pubs, d'hôtels et de maisons diverses. Quelques magasins et beaucoup de B & B. L'Office du Tourisme n'est pas meilleur que celui de Galway. Au bout de la rue l'embarcadère pour les îles d'Aran. Pour nous ce sera la route qui monte vers les falaises. Départ altitude + 5m. Arrivée altitude plus ou moins 190m. Très physique mise en jambes. Va falloir mouliner.
Après une montée de 13 km et pas mal de circulation, on arrive au parking où un employé nous informe que les ceusse qui arrivent à vélo se garent gratuitement, tout près du Visitor Center. Ici, ils mettent en pratique leurs recommandations et nous on économise plus de € 10.
Le ciel est encore bien gris quand on arrive aux falaises de Moher mais c'est sec. Le Visitor Center a été judicieusement creusé dans la colline. Ainsi on ne voit que la porte d'entrée et quelques vitres éclairant une partie de l'intérieur. Tout est recouvert d'herbe. C'est une énorme caverne à souvenirs et à nourriture avec tout de même une section 'expo' décrivant la formation des falaises ainsi que la faune et la flore de ce lieu étonnant. Un cinéma Imax projette un film tournant quasiment en boucle. Pendant dix minutes le spectateur est un Fou de Bassan vivant toutes les acrobaties aériennes et sous-marines de l'oiseau. Les prises de vues, le montage et les effets sont splendides. Faut simplement avoir pris son petit déjeuner bien avant de voir le film...
On file vers les belvédères pour découvrir enfin ce que l'on était venus voir. La vue sur les falaises est époustouflante. C'est si énorme que l'on a du mal à réaliser les hauteurs qui oscillent entre 170 et 214m. C'est seulement lorsqu'on voit un touriste sur le chemin de crête que l'on prend la mesure des lieux.
Le début du retour est un vrai régal... Pas un coup de pédale pendant plusieurs kilomètres !
Malgré tout, quelques côtes bien cassantes s'insèrent dans le parcours. On s'arrête à Lisdoonvarna. La Poste nous met plusieurs coups de tampon dans les carnets. La route jusqu'à Ballyvaughan passe dans le centre du Burren. On nous avait que Corkscrew Hill serait sympa et que c'était une descente continue jusqu'à la côte... Mais on s'était bien gardé de nous dire qu'avant la descente il y aurait une montée d'enfer de plusieurs kilomètres, du même tonneau que ce que l'on avait vécu le matin !
Ayant finalement atteint le point culminant de la route, on se préparait à savourer les 8km de descente quand soudain un grain nous rattrape, nous obligeant à enfiler rapidement les vêtements de pluie.
Dommage, car Corkscrew Hill vaut le détour, mais seulement dans le sens Lisdoonvarna - Ballyvaughan... Envisager le trajet inverse n'est pas concevable pour le cyclo bien chargé, à moins d'avoir rempli ses gourdes dans le seau d'eau bénite de l'église de Ballyvaughan.
Le reste du parcours de retour sur Kinvarra est le même que celui emprunté hier, en sens inverse. Les montées et les descentes se succèdent. On rencontre un jeune Australien en VTT, tirant une remorque avec planche de surf.. Il venait d'Ecosse et se rendait en France.. Sourire, bonne humeur, optimisme ! Bonne route Josh !
Quelques très belles lumières sur le Burren.
Les plus-de-60 km de la journée, 'up' plus souvent que 'down', avaient eu raison des forces et de la patience de Jenny. Il était temps que l'on arrive car elle avait eu son compte. A 18h30 on passe finalement la porte du B & B, contents de ranger les vélos, enlever les chaussures et de prendre une douche 'réparatrice'.
Soirée dans le même restaurant qu'hier. Un verre de l'excellent whiskey 'Connemara' nous fait vite oublier les 'galères' de la journée.
On en avait bavé, mais ce que nous avions découvert et vu vallait bien les efforts subis tout au long de cette magnifique journée.
Vendredi 16 septembre.
Un dernier regard sur Kinvarra avant de mettre en route. La place en bas s'active. C'est le marché 'fermier'. Les stands se mettent en place tout doucement d'autant plus que le ciel de traîne a apporté de la fraîcheur.
On avale les 28 km jusqu'à Galway sans peine. Dans les faubourgs, beau graffitti, certainement pas du goût par la SPA... Le coq va perdre des plumes.
Avant midi on est sur la Place Eyre, au centre ville. Un jeune cycliste bien chargé lui aussi nous aborde. Il avait repéré mon petit Gwenn ha Du de 'Breton d'adoption'. Brin de causette. Surprise ! Sa grand-mère habite Saint Nolff pas très loin de chez nous...
Lui et son amie parcourent l'Irlande depuis trois semaines et rentrent comme nous par le Ferry de demain. Je lui promets de passer dire un petit bonjour à son aïeule.
Galway a aussi sa "Contribution à la Culture".. Tout est permis quand c'est le contribuable que paye..
13h15 : direction la gare. On charge les vélos dans les deux places prévues à cet effet et en route pour Limerick Junction, via Limerick. Grâce à un retard de dix minutes, on n'a pas à changer de train à Limerick pour les 10 minutes de trajet jusqu'à Limerick Junction. Ouf !
Une heure d'attente sur un quai désert bien aéré par un vent très frais en espérant que le train venant de Dublin ne serait pas en retard. Minuscule salle d'attente. Guichets fermés. La seule activité vient du distributeur de coca et de chips. L'unique employé rencontré dans la gare nous rassure. "Prenez votre temps" qu'il nous dit. "Le train restera à quai tant que vous n'aurez pas tout chargé". Sympa !
Cork, terminus donc pas de pression pour tout débarquer. Les sens uniques autour de la gare compliquent un peu l'accès à la 'Scenic route' que l'on devait emprunter pour rejoindre Carrigaline. Entre temps, l'établissement que Jenny nous avait réservé nous avait informé qu'ils étaient en surbooking et qu'ils ne pourraient nous recevoir. La bonne nouvelle c'est qu'ils nous avaient réservé une chambre dans un bel hôtel 4* à côté. On ne paierait que le prix de la B&B, eux se chargeant de régler le reste.
Il est plus de 20h00 quand enfin on arrive à destination. Il fait nuit et on a hâte d'arriver. Check-in sans problèmes, vélos débâtés et rangés dans la salle du coffre... Chambre immense. Repas vite avalé au bar car le match de foot Chelsea - Liverpool chauffait les esprits des clients, devenus très bruyants.
Pour comble, notre chambre était située juste au-dessus le la salle des banquets où se déroulait une réception de marriage de blings-blings friqués (et en surpoids).
On a le droit à la bande musicale 'live' et aux babillages des invités dans le parking sous notre fenêtre..
Heureusement, la fatigue de la journée nous sauve et Morphée fait le reste !
Samedi 17 septembre.
Réveillés de bonne heure. La noce bling-bling n'avait pas eu de conséquences sur le sommeil. Ciel clair, même quelques rayons de soleil et un peu de ciel bleu en prime..
Petit déj tardif car ce matin il n'y avait pas le feu. Le check-out était à midi et l'embarquement vers 14h00...et nous n'avions que 8km à parcourir pour nous rendre à Ringaskiddy où le bateau nous attendait.
Vers 11h00 on quitte les lieux, non sans avoir pris la photo souvenir des vélos dans le hall de l'hôtel.. Ils n'avaient jamais roulé sur de la moquette. C'avait dû leur faire drôle !
Pas grand monde au parking du Ferry. On était parmi les premiers arrivés et nos vélos étaient en tête de file dans la rangée des deux roues. Une fois encore, les petits fanions ont entrainé pas mal de causettes : un couple de Surzur, une dame de Brest, un monsieur de Locminé..
Mais pas de signe des jeunes Français rencontrés la veille à Galway. On se demandait si leur choix de prendre le bus de Galway à Cork, avec armes et bagages, n'avait pas tourné au vinaigre..
On nous permet d'embarquer parmi les premiers. Sympa ! Dommage que lors du départ de Roscoff il y a 15 jours cela n'ait pas été le cas, car aujourd'hui il fait 'beau' alors que ce jour-là il pleuvait.
Les vélos sont attachés au même endroit qu'à l'aller.
Notre cabine donne sur la mer. Cette fois elle est calme mais le ciel s'est couvert et tout est dans les tons de gris..
Je passe un bon moment sur les différents ponts à regarder l'Irlande s'éloigner doucement derrière le navire et à rêver à ce que nous venions de vivre pendant les 650 km parcourus à travers ce magnifique pays. Heureusement, les maisons colorées du rivage rendaient un peu moins triste cette fin de périple
Un vieux couple d'Irlande du nord, rencontré au dîner, nous vante la beauté de l'Ulster. Pas de doute, comme 'jamais deux sans trois', il faudra revenir.
Dimanche 18 septembre.
Levés à 04h45, heure irlandaise...car le Ferry arrive à Roscoff à 06h00.
Petit déjeuner vite avalé, cabine libérée et descente au pont numéro 3 donnant accès aux ânes de métal qui n'avaient pas bougé. Débarquement sans problèmes, douane idem. Il fait nuit !
On revoit Erwin et son amie à la sortie de la douane. Finalement ils étaient arrivés juste avant le départ du navire. Quelques mots d'encouragement et on met en route pour Morlaix via Saint Pol de Léon.
Notre café de la dernière fois est fermé ! Y'a plus qu'à continuer vers Morlaix que l'on atteint sans problèmes, si ce n'est un formidable coup de blues de ma fille, dur retour à la réalité de la vie après la quinzaine extraordinaire à pédaler à travers l'Irlande...
Un double expresso au Café du Commerce de Morlaix, sous le viaduc qui nous surplombe nous remet d'aplomb. On passe quelques instants à admirer une expo de voitures américaines garées sur la place.
La montée à la gare, située tout là-haut, au niveau du viaduc, se fait d'une traîte.
Après ce que l'on avait vécu au retour des falaises de Moher, ce n'est pas une côte comme ça qui nous aurait fait peur !
Le chef de gare sympa nous permet de traverser les voies afin de ne pas avoir à tout démonter si on était passés par l'escalier.
Comme d'hab, on est en voiture N° 1, celle des vélos... C'est plein et ça sent le fauve..
Tout ayant été préparé d'avance, le chargement se fait sans peine.
Retour interminable vers la capitale avec une seule idée en tête : recommencer le plus vite possible !