Espagne et Portugal en vélo : 1 400 km de reliefs 'physiques' et de chaleur. Calera y Chozas-Almaraz.
Publié le 14 Juillet 2014
Espagne et Portugal en vélo : 1 400 km de reliefs 'physiques' et de chaleur.
21 juin 2014. Calera y Chozas - Almaraz. 84 km.
7h30 : on remballe les sacoches et on descend prendre le petit déjeuner au bar parmi des clients qui sont déjà entrain de s'envoyer autre chose que du 'cafe con leche'.. Un expresso et deux petits pains sous cellophane offerts gracieusement par le patron et on est partis.
Vue de Calera y Chozas le matin
Mise en route direction El Puente del Arzobispo. Longue ligne droite sans intérêt particulier si ce n'est une installation de panneaux solaires montés sur des pivots permettant de suivre la marche de l'astre.
'Tuile' décorant une maison d'Alcolea de Tajo
Saint Pancrace, protecteur de la caisse du Dia d'El Puente
Quelques courses à El Puente et visite de la ville qui semble être un haut lieu de l'azulejo tant ces magnifiques carreaux de céramique colorée sont partout, décorant murs, bancs, fontaines et édifices publics. Nombreuses fabriques en ville.
La place de l'Eglise d'El puente
Azulejos sur la place, l'imaginaire va bon train !
A l'autre extrémité du spectre de la beauté, des jeunes, avinés et hagards, déambulent la canette à la main, finissant leur nuit à la bière.. C'est la fête au village !
A la sortie du bourg
Le pont à une voie, à la sortie de la ville, est construit en gros blocs de pierre. Les arches enjambant le Tage sont très hautes et leurs voûtes tapissés de nids d'hirondelles qui vont et viennent dans un ballet bruyant mais gracieux. Les fils électriques en surplomb servent de salle d'attente évitant ainsi les collisions en plein vol.
Les hirondelles attendent leur tour..
En amont du pont des pêcheurs tentent leur chance dans les eaux vertes et peu profondes du très paisible fleuve.
On quitte le bourg pour Valdelacasa de Tajo, sur une route de qualité polonaise. Bref arrêt sous l'arbre qui projette l'ombre la plus longue sur la route pour jeter un dernier coup d'oeil à la ville et boire un coup : le soleil chauffe déjà !
L'ombre est rare..
Le paysage est magnifique, malheureusement le relief l'est aussi ! Succession de montées et de descentes plus physiques les unes que les autres, notre route coupant perpendiculairement plusieurs rivières alimentant le Tajo.
A Peraleda de San Roman on se trouve un banc en marbre à l'ombre, dans la rue principale du village et on déballe tout not' fourbi pour le pique-nique. Histoire de ne pas passer pour des gueux, Rémi sort la nappe de sa sacoche, un sac en plastique blanc soigneusement conservé pour les agapes quotidiennes. Ce midi, pour changer, ce sera chorizo et fromage quelque peu liquéfiés par la chaleur, yaourts, pain rassi...ainsi que la canette de bière que l'on traînait depuis avant Tolède. Des gamins du village passent et repassent devant les curieux cyclistes..
Remise en route après avoir pas mal discuté avec les locaux. Pour commencer, ce sera une belle côte, merde !
On s'était dit que ce serait sympa de conclure la journée à Valdecañas de Tajo. La pancarte touristique à l'entrée du village n'augurait rien de bon. Il y avait tout sauf le sigle d'un éventue hostal ou camping.
Le village, perché en haut d'une côte, est totalement vide. Il dort. Rien. Les portes des maisons sont grandes ouvertes, les rideaux de lamelles en plastique ondulent au vent, mais il n'y a personne, pas un chat ! Les gourdes sont pratiquement à sec... La fontaine sur la place nous crachotte de l'eau marron. La totale !
Pas d'autre solution que de continuer vers Almaraz dans l'espoir d'y trouver un peu plus d'activité.
Au seuil du pont traversant le Tage, en aval de l'immense barrage de Valdecanãs, j'entends des voix et des rires sur une terrasse surplombant la route : un café ! Miracle, car cette fois-ci les gourdes sont bien vides.
Le barrage de Valdecañas
Photo souvenir avec le patron (à gauche) et les clients du bar.
Un coca et le patron nous raconte qu'un autre Français était passé chez lui jeudi...
Temps de remettre en route. Le tenancier refuse que l'on paye et nous remplit les gourdes d'eau fraîche en prime. Le sourire en coin il nous prévient que la côte en face est raide et longue.. plusieurs kilomètres de montée suivis d'une belle descente vers Almaraz. Il nous recommande l'hôtel 'Portugal 1'.
Quand faut y aller, faut y aller ! Photo souvenir, remerciements chaleureux et on repart.
Les premiers deux cents mètres, jusqu'à l'autre côté du pont, se font sans problèmes... C'est après que ça se corse.
Pas la peine de se fatiguer inutilement : je pousse Rock'n'Roll sur un bon kilomètre et finis les deux autres sur la monture. Comme d'hab. Rémi est en haut de la côte à m'attendre.
La route de descente vers Almaraz nous offre des vues splendides. On file à plus de 50 km/h !
Pour une fois on termine l'étape en descente !
A l'hôtel 'Portugal' les vélos sont remisés dans la réserve. Selon le patron, un autre Français est passé quelques jours avant nous. Il semblerait que le coureur de tête creuse l'écart ! Dans quel but ? On reste perplexe. Une chose est sûre, la performance n'est pas notre but. Pour nous c'est l'intensité du vécu qui compte, pas les kms quotidiens !
Mains lavées, pieds déchaussés, douche... il ne faut pas grand chose pour être heureux.
21h00. une salade de riz au thon, deux côtes de porc à la plancha avec frites et salade, une glace et une bière : €12,5... avec, en prime, Ghana-Allemagne à la télé.
Journée de pédalage difficile mais quels paysages magnifiques sur le trajet : 'savanes' de fines herbes jaunes, semblables à un lit de duvet soufflé par le vent, oliviers, petits chênes, biches, poissons dans la rivière au barrage, immense retenue d'eau de "l'Embalse de Valdecañas", cañons, pitons rocheux, broussailles... sans oublier les bergers et leurs 'moutons à clochettes', les chevaux en liberté et les aigles...
Savane d'herbes jaunes soyeuses..
Le barbelé était-il réellement nécessaire ?
La cerise sur le gâteau sera la centrale nucléaire d'Almaraz... Avec un peu de chance elle nous insufflera l'énergie nécessaire pour les côtes de demain, car à la lecture de la carte, ça promet encore...